chronique



NICK DRAKE / PINK MOON (1972)


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Ce qui est important pour moi dans la musique, ce n’est pas la technicité, c’est juste que le mec arrive à te faire passer un message même avec des paroles pourries, au-delà des mots. Nick Drake arrivait à faire passer beaucoup d’émotions. Cet album a été fait en très peu de temps, un peu à l’arrache. Du coup, il y a des grosses erreurs sur quasiment toutes les chansons. Pourtant, c’est hyper beau, c’est l’étincellement de son âme. Tu as envie de pleurer tellement c’est joli. Les mecs qui arrivent à faire des chansons simples mais touchantes, c’est très rare.

 

par Aurélien Bortoluzzi

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MAGMA / ATTAHK (1972)


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C’est un groupe qui fait un peu peur à cause de l’intitulé « Rock progressif ». Mais je pense que c’est une fausse piste de le nommer ainsi. C’est juste un groupe qui a quarante ans d’existence, qui continue de jouer, un des premiers groupes indépendants de France, qui continue de jouer exactement ce qu’il veut. Il a monté son propre label, et n’a jamais fait autre chose que sa zik. C’est aussi et surtout la liberté de cette musique là qui m’a toujours attiré. Je sais que ça peut irriter les oreilles, parfois, sur certains trucs… Je pense que s’il fallait citer un album, je prendrais Attahk, parce que ça arrive au milieu des années 70. L’enregistrement s’est fait dans un espèce de château mythique, avec un son particulier.

par Michel Villar 

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JAMES PANTS / JAMES PANTS (2011 – Stone Throw Records)


james pants

Je marchais trop vite, trop excitée d’être en vie. J’étais amoureuse et James Pants résonnait en boucle dans mon casque, comme la musique du film de ma vie. Une bande sonore brumeuse, enveloppante, comme ce vieux tee-shirt préféré en coton élimé dans lequel on se sent à l’aise. Une deuxième peau. Sommes-nous en 1984, en 2013 ? Peu importe. Ce troisième album du jeune touche-à-tout surdoué paru sur le label californien Stone Throw Records est un bouillon génial qui nous éloigne de ces questions bassement terriennes.

Ici, tout avance, tout le temps. Une chevauchée intense qu’on souhaiterait éternelle. On y rencontre des sirènes chamanes voguant sur des flots synthétiques, des guitares surf qui tracent des routes sombres, une basse qui nous soutient qu’on ne trébuchera jamais. Après avoir absorbé ce qu’on appelle la musique, James Pants ouvre le champ des possibles avec une facilité désarmante, une nonchalance fascinante : « Strange Girl » pourrait être une chanson de Suicide, « Kathleen » un standard FM des années 80, « Body On Elevator » une partie de la B.O de Lost Highway.

Ce gamin élevé près de Twin Peaks, fils de pasteur presbytérien, rêvait de devenir producteur de Hip-Hop. Pour mon plus grand plaisir,  il est devenu James Pants : un agent trouble du rock qui se sent libre et l’exprime avec puissance.

Par Charlotte Leclerc
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EXTREME


Extreme par revival kensuke

Extreme, c’est LE groupe qui m’a marqué.

Pourtant je ne suis pas un fan. J’ai écouté pas mal de choses avant et beaucoup après ! Je ne pense même pas que ce soit eux qui m’aient le plus influencé musicalement. Mais voilà, tout simplement j’adore. Je ne connais pas trop mal ce qu’ils font, et je ne m’en lasse pas depuis que j’ai 12 ans. Et puis vlà les looks qu’ils envoient les gars…
Pour faire une généalogie très grossière (d’après ma piètre culture musicale old school), ces 4 bonhommes ricains jusqu’à la moëlle et plutôt revendicatifs sont en quelque sorte une des suites logiques de Hendrix, des Beattles, de Van Halen et de Queen. On ajoute à ça : un groove gigantesque, qui s’affine au fur et à mesure des albums et une excellente complémentarité entre les différents membres du groupe (ils ont chacun un grain, un son et un touché particulièrement typés).
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FACTORY FLOOR / Fall Back (2013)


factory floor fall back  chronique night riders

C’était très important pour moi de chroniquer un groupe dans son temps… j’aurais aimé chroniquer un Virgin Prunes, un vieux Bowie ou un Public Image Limited mais cette idée de nostalgie me déprimait un peu pour être franc, pourtant les amours de jeunesse et le réconfort qu’apporte un disque entendu dès le plus jeune âge provoque chez chacun une sensation de béatitude.

Factory Floor est un grand groupe, parfaitement adapté à son époque, pourtant je trouve chez eux certaines similitudes avec la démarche des pionniers du genre : lo-fi, shoegaze, post-punk, new wave et musique industrielle, serait-ce l’énergie propre aux anglais ? Le plus flagrant étant la liberté avec laquelle a été pensé et réalisé ce premier album. Leur façon de faire revivre, à leur manière, un certain avant-gardisme propre à une époque révolue, tout en proposant une vision futuriste et dansante d‘un style souvent trop stéréotypé.

Ce qui est incontestable à l’écoute de ce premier album, c’est la singularité de sa démarche : le fond renforce la forme et la forme sublime le fond, l’esthétique y étant pour beaucoup. Une des explications de cette réussite pourrait résider dans le fait que nous nous retrouvons face à un artiste maitrisant parfaitement son art, son image et cultivant un « Do It Yourself » 4.0, la traduction ne se faisant pas par la surenchère de superposition excessive de pistes d’instruments ou d’une production massive faisant office de cache misère… Non, ici cela se traduit par une musique minimaliste, moderne, froide, analogique sans concession, un traitement singulier et un parti pris fort.

Alors certes, l’album est marqueté, et les stratégies commerciales sont adaptées et bien pensées, mais dans un monde où James Murphy pourrait devenir gourou d’une secte très rentable (nous n’en sommes pas très loin),le talent et l’intention de Factory Floor  sont indéniables.

Factory Floor est un grand groupe.

Par Anthony Gauchy

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LIARS / « Scissor » (clip, 2010)


LiarsScissor

Je voudrais mettre en avant le clip de « Scissor » du groupe new-yorkais Liars. Le morceau est sur leur dernier album, Sisterworld. Très beau clip d’Andy Bruntel, qui met en scène un univers marin étouffant digne d’un petit film d’épouvante où les protagonistes se font lapider par de mystèrieuses pierres tombées du ciel. L’ambiance musicale colle parfaitement à l’ensemble graphique : des cordes et des choeurs qui s’étirent, une voix grave de crooner malade à la Nick Cave et soudainement le déluge d’une rythmique post-punk poussée à l’outrance. D’ailleurs, on remarquera que la trame narrative de ce clip est en adéquation avec les variations rythmiques opérées par le groupe. Je n’arrive toujours pas à donner une explication à ce clip. Est-ce une relecture du mythe de Sisyphe ? Une critique de notre monde moderne égoïste et violent ? Un simple délire sans réelle profondeur ? Je ne sais pas, je cherche encore…

par Alexander Faem

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DEERHOOF / OFFEND MAGGIE (2008)


DeerhoofOffendMaggie

En matière de galvaudages qui font rien qu’à m’énerver, l’utilisation des termes « expérimental » et « indépendant » pour qualifier tel artiste ou telle zizique sont exemplaires. Un son et des cheveux cracra suffisent bien souvent à qualifier tel groupe d’« indie ». Ajoutez à cela trois ukulélés, un chanteur à pantalon stretch fluo et une intro de plus de 5 minutes et le même groupe se verra immédiatement apposer l’étiquette d’expérimental. Alors certes, il y a une limite au discours sur la musique. Comment parler de ce qui tend vers le transcendant, vers l’indicible ? Pour autant, il n’en reste pas moins que la moitié du plaisir en musique, c’est d’en faire, la deuxième moitié, c’est d’en écouter… et la troisième, c’est d’en parler. Et qu’en plus là on me demande de le faire, et pas tout seul devant le miroir de la salle de bain comme quand je joue à être interviewé par Nagui, mais en vue d’une publication sur Internet. Alors je m’y colle, et dans le but de redonner un sens aux termes suscités en plus, en me faisant fort de démontrer en quoi ils collent à merveille à mon album préféré (Offend Maggie) de mon groupe préféré (Deerhoof).

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