NEIL YOUNG / Psychedilic Pill (2012)


neil young

Neil Young est à bien des titres un vestige. Aux abords de sa soixante septième année Neil Young enregistre un généreux album de près d’une heure et demie. Ce n’est pas son meilleur disque, loin s’en faut, mais After The Gold Rush a déjà été chroniqué sur ce site, alors bon… Le premier des huit morceaux originaux constituant ce marathon électrique dure près d’une demi-heure à lui seul. Excusez-moi d’insister sur ces précisions chronométriques un tantinet indigestes, mais manifestement la notion de compromis n’a toujours pas été bien assimilée par Monsieur Young.

Il y a trente cinq ans, peu avant l’avènement de l’ère numérique, il chantait avec fougue « Rock’n’roll Can Never Die ». On pouvait déjà déceler dans cette assertion péremptoire un manque certain de lucidité. La laborieuse décennie synthétique des années quatre-vingt aurait d’ailleurs dû se charger de lui rabattre son caquet. Mais bon… Il y a près de vingt cinq ans, au faîte des années pop-synthé, il scandait encore « Keep On Rockin’ In A Free World » avec sa guitare. La résurgence électrique des 90’s le sauve de peu du ridicule criard d’un tel anachronisme. Temporairement, cela va de soi, on n’arrête pas le progrès. Les années post-2001 auraient quand-même dû faire entendre raison à ce quinquagénaire intempestif une bonne fois pour toutes. Mais bon…

Quoi qu’on en pense, Neil Young s’en fiche bien. Il joue de la guitare électrique avec ses potes d’il y a plus de quarante ans. Ceux qui sont encore en vie, bien sûr (pas plus tard que cet été, le cœur de J.J.Cale a flanché…). Il écrit de nouvelles chansons, sur le même tempo imperturbable, avec la même poignée d’accords, sur les mêmes thèmes à peine assaisonnés de quelques allusions contemporaines. Quelques unes sont splendides. Toutes sont prétextes à une immersion dans le son, sans doute la passion la plus viscérale et intacte du vieux Young.

Si on appelle « intelligence » la capacité à s’adapter, Neil Young est un abruti. Aujourd’hui Neil Young est l’incarnation d’un géant

Par Erwan Karren

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