EXTREME


Extreme par revival kensuke

Extreme, c’est LE groupe qui m’a marqué.

Pourtant je ne suis pas un fan. J’ai écouté pas mal de choses avant et beaucoup après ! Je ne pense même pas que ce soit eux qui m’aient le plus influencé musicalement. Mais voilà, tout simplement j’adore. Je ne connais pas trop mal ce qu’ils font, et je ne m’en lasse pas depuis que j’ai 12 ans. Et puis vlà les looks qu’ils envoient les gars…
Pour faire une généalogie très grossière (d’après ma piètre culture musicale old school), ces 4 bonhommes ricains jusqu’à la moëlle et plutôt revendicatifs sont en quelque sorte une des suites logiques de Hendrix, des Beattles, de Van Halen et de Queen. On ajoute à ça : un groove gigantesque, qui s’affine au fur et à mesure des albums et une excellente complémentarité entre les différents membres du groupe (ils ont chacun un grain, un son et un touché particulièrement typés).

Tout ça bien à leur sauce, avec cette nostalgie et cette spontanéité propre à la première partie des 90’s.

Ils ont exploité une musicalité que nous n’avions jamais entendu avant, et que nous n’entendrons jamais plus après. Je ne parle absolument pas ici de révolution musicale, loin de là, mais plutôt de leur capacité à délivrer une musique vraiment fraiche et différente, « simplement » en digérant de façon intelligente une multitude d’influences et en laissant aller leur créativité, tout en se posant les bonnes questions.

Et puis le guitariste, en dehors de sa virtuosité — que possèdent aujourd’hui toute une panoplie de musiciens — a un touché auquel je suis particulièrement réceptif et qui pour moi fait la différence.

Extreme a toujours cultivé la spontanéité et la remise en question : chaque album n’a strictement rien à voir avec l’autre, aussi bien en termes de productions qu’en termes de composition. De plus, au sein d’un même album, ils ne se privent pas de faire figurer quelques surprises… On passe sans problème du gros riff qui tabasse à la bonne vieille ballade dégoulinante. Quelques pêches de cuivres pointent parfois très efficacement le bout de leur nez. Un petit piano/voix ou un morceau folk improbable peuvent également traîner dans un coin. Ils dégainent même un orchestre sur un de leur opus. Mais quelque soit le style du morceau et sa production, ça reste indiscutablement du Extreme. Donc si on accroche, il y a de la matière à se mettre sous la dent.

Ce qui est étonnant, c’est que c’est cette audace et cette insatiable envie d’évoluer qui les a à la fois propulsé et fait retomber. En effet, ils se sont fait mondialement connaître au début des 90’s grâce à une belle ballade acoustique tiré de leur second album Pornograffitti : « More Than Words »

Le deuxième single de l’album fut également un morceau acoustique, mais un peu plus rythmé : « Hole Hearted »

Ce sont des chansons universelles, très easy listenning et fédératrice à l’époque. Les gens se sont rués sur leurs albums (un peu moins en France, hein…) et ils ont cartonné. Sauf que la ménagère et sa fillette qui s’attendaient à trouver 13 titres dans la veine de More Than Words furent pas mal déçus…

Elles sont majoritairement tombées sur des trucs dans le genre de « Get The Funk Out », qu’elles ont beaucoup moins appréciés…

Le groupe a malgré tout décroché un bon budget pour son album suivant, III Sides to Every Story et a eu la chance de pouvoir bénéficier du GROS son 90’s. Une production vraiment costaud qu’ils ont su parfaitement exploiter en aérant leur groove. Ils ont même eu le luxe d’enregistrer des parties d’orchestre au légendaire studio d’Abbey Road. Cet album tranche complètement avec leur côté rebelle/glam, et c’est à cette époque qu’ils prennent une voie plus mûre et plus engagée. Dès lors, ils ont commencé à perdre une partie de leurs fans récemment acquis… Les critiques furent à l’époque très mitigées, et ce à mon avis principalement à cause de leur changement radical de son et de leur précoce maturité. Pourtant, ce second album est celui que je préfère, avec ses qualités et ses défauts qui font son charme.

Déboule ensuite en 1995 leur dernier album de la série, Waiting for the Punchline, qui marqua clairement la fin du groupe. Encore une fois, le nouvel album vient prendre complètement à contrepied l’album qui le précède : une production bien brute, voire presque son de répét’… Les compos sont plus rock et moins arrangées.

Pour les critiques, c’est unanimement de la daube. Pour moi, c’est une leçon de zikos. Les Billy se sont débarrassés de tous les artifices de la grosse production ricaine de l’époque pour tout simplement jouer. Et pour le coup je trouve que ça joue terriblement bien avec pas grand-chose. C’est ça qui est très intéressant : comment quatre musiciens peuvent sonner ensemble quand ils savent jouer et qu’ils se réduisent à l’essentiel, sans esbroufe. Pour n’importe quel groupe, elle est là, la leçon… qu’on aime ou pas.

Et puis je vais me permettre de faire un gros bâclage en mettant dans le même panier cet album et leur suivant qui est sorti près de 13 ans après, fin 2008 : Saudades de Rock. En fait je ne bâcle pas tant que ça car ces deux albums, pourtant séparés par de nombreuses années, sont complètement dans la continuité !

Voici « Run » (extrait de l’album de 2008) :

Voilà donc un groupe qui n’a jamais été pris très au sérieux, mis à part par une poignée d’irréductibles amateurs comme moi. Ils n’ont jamais réussi à décoller l’étiquette qu’on leur a bien plaqué sur la bouille dès leur début : celle de petits gars qui font des ballades pour minettes et du hardrock glam, kitsch au possible, avec le guitariste qui va à fond.

Sauf qu’à mon avis, si à la base on est sensible à la musique d’Extreme et qu’en approfondissant on reste bloqué sur ce genre d’a priori, c’est qu’il y a un souci quelque part, et je ne comprends pas trop… Après, on aime ou pas, car ça reste néanmoins un style qui n’est pas spécialement accessible.

J’ai eu la chance de les voir il y a à peu près 6 mois de cela à l’Elysée Montmartre. Depuis le temps que j’attendais ça (je ne l’espérais même plus !), je n’ai franchement pas été déçu. Les voir en live révèle qu’ils sont indiscutablement excellents dans ce qu’ils font.

Un parallèle avec RevKen ?

Si je devais en faire un, il ne serait absolument pas en rapport avec notre musique elle-même, mais davantage avec nos ambitions créatives : créer ce qui nous plaît et l’assumer jusqu’au bout. Revival étant encore au stade embryonnaire, nous sommes de plus en plus désireux d’emprunter tout un tas de chemin afin d’affiner notre propre personnalité. Cela demande du travail, de la réflexion et de la mesure.

De ce fait, je trouve particulièrement important d’assumer à 100% ses goûts musicaux et de ne pas avoir peur de les exprimer. S’autoriser à créer sans crainte du jugement critique, sans se cantonner à faire du « à la manière de », et surtout sans refouler certaines de ses influences, permet de faire évoluer les choses de manières improbables.

Alors forcément, avec un tel processus de création chaotique, on ne génère pas que du bon. Mais voilà, c’est à mon humble avis un excellent moyen de pondre une matière susceptible de marquer les gens, et peu importe que cette matière relève de l’excellence ou du médiocre. La crainte de tout créatif n’est-elle pas de stagner dans l’indifférence artistique la plus totale ?

Bien entendu, c’est plus évident à dire qu’à entreprendre. Ce genre d’exercice est d’autant plus difficile pour un groupe car il y a cette fameuse barrière de l’Identité. Si effectivement nous nous mettons à jouer tout et n’importe quoi, notre set va vite ressembler à une véritable playlist de karaoké ! Nous prenons donc notre temps afin que nous puissions tous partager, comprendre et enfin s’approprier nos influences respectives.

par Olivier Paschal


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