chronique



WILD BEASTS / Smother (2011)


Wild Beasts Smother

Avec ce troisième album, Wild Beasts enfonce le clou du raffinement et de la sobriété. Deux ans après le classy et quasi lyrique Two Dancers, ce troisième opus peut, par certains aspects, véhiculer une impression de demi-teinte, voire de faiblardise. En effet l’absence de morceaux up tempo, l’usage de certains motifs mélodiques un peu convenus et l’aspect lissé à l’extrême des arrangements pourront en rebuter plus d’un(e). C’est au bout de la troisième, voire quatrième ou cinquième écoute qu’insidieusement se révèle la vraie nature de Smother. L’épure est au service d’un propos radical et d’une atmosphère unique, et délivre peu à peu des strates d’arrangements toujours plus pertinents et sublimes. Les voix toujours plus profondes et maîtrisées de Hayden Thorpe et Tom Fleming sont dans le vrai et la pureté de l’affect. Smother gagne donc en valeur à chaque écoute et se révèle être un album de chevet, de ceux sur lesquels on peut revenir sur de longues années, peut-être même toute une vie.

par Jérémie Lapeyre  » La suite !



NEIL YOUNG / Psychedilic Pill (2012)


neil young

Neil Young est à bien des titres un vestige. Aux abords de sa soixante septième année Neil Young enregistre un généreux album de près d’une heure et demie. Ce n’est pas son meilleur disque, loin s’en faut, mais After The Gold Rush a déjà été chroniqué sur ce site, alors bon… Le premier des huit morceaux originaux constituant ce marathon électrique dure près d’une demi-heure à lui seul. Excusez-moi d’insister sur ces précisions chronométriques un tantinet indigestes, mais manifestement la notion de compromis n’a toujours pas été bien assimilée par Monsieur Young.

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RYUICHI SAKAMOTO / « Rain (I Want A Divorce) » (1987)


artist_ryuichi_sakamoto

J’aime les artistes protéiformes comme Ryuchi Sakamoto, à la fois compositeur, musicien et acteur (dans Furyo de Nagisa Oshima avec David Bowie). J’ai une admiration totale pour ce type dont le talent immense dépasse son Japon natal, talent humble et sans limites, talent qui va jusqu’à éclairer les traits de son visage (à près de soixante ans, il a l’air toujours aussi frais…). Là encore, et dans un autre registre, Sakamoto a su mélanger les sonorités d’Extrême-Orient avec la musique occidentale, la chanson populaire et le jazz, et aussi l’écriture répétitive avec les folklores d’Asie et d’Europe lorsqu’il devait composer pour le cinéma. Érudit et esthète, il a utilisé sa formation de musicien classique pour transcender les genres. Extrait d’un live,  le titre «Rain» résume bien mes propos. Tout simplement splendide !

par Alexander Faem

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BECK / Sea Change (2002)


sea change

Un de mes disques de chevet. J’aime beaucoup le travail de Nigel Godrich sur ce disque, la production est somptueuse, très dense et organique. Beck sort d’une relation forte et il recrache tout là-dedans, il y a quelque chose de très fort dans son interprétation désabusée… Beaucoup réduisent ce disque à « Paper Tiger » qui est un hommage plus que flagrant à Melody Nelson et aux arrangements de Jean-Claude Vannier mais Sea Change n’est en aucun cas un simple exercice de style. J’apprécie beaucoup la versatilité dont a fait preuve Beck au fil du temps, tantôt bricolo et expérimental, tantôt dans l’émotion brute, comme ici. Sea Change est avant tout un recueil de chansons, et « Lost Cause » ou « Guess I’m Doing Fine » sont parmi ses plus belles compositions, on y retrouve parfois la pureté de Nick Drake. Cela étant dit, je trouve dommage qu’il se soit un peu perdu depuis, j’ai l’impression qu’il peine à se réinventer. Son dernier concert à Paris pour Modern Guilt était assez terrifiant, on aurait dit un fantôme avec ses longs cheveux, il semblait complètement vide, comme désincarné. L’album qu’il a donné à Charlotte Gainsbourg peine à me toucher pour la même raison, il a un talent inépuisable et le disque a de vraies qualités mais c’est comme si sa musique était aujourd’hui vidée de toute sa substance.

par Johan D



MIDLAKE / The Trials of Van Occupanther (2006)


Midlake The Trials Of Van Occupanther

Midlake est un groupe américain que j’ai découvert en 2007. Pour moi, au niveau de la scène folk américaine, ils sont au-dessus du lot. Je les ai vus notamment en concert au Trabendo à l’époque. Ce qui m’a impressionné, c’est que la qualité d’interprétation en concert est telle que tu arrives à rentrer complètement dans leur musique, alors que ce n’est pas un groupe « scénique » d’un point de vue visuel. Ils ne font pas les zouaves sur scène ! Mais justement, pour rentrer dans leur musique, tu n’as pas besoin de les voir sauter partout sur scène (d’ailleurs, leur musique ne s’y prête pas tellement). Sur l’album qu’ils ont sorti en 2006, The Trials Of Van Occupanther, j’aime spécialement le morceau « Young Bride » : cette rythmique en décalage qui démarre sur un espèce de violon, cette prod qui sonne un peu chinoise… Ils utilisent vraiment un son très particulier sur ce morceau-là. Les harmonies vocales sont incroyables : je crois qu’ils chantent à cinq… Et les musiciens sont tous très, très forts techniquement.

par Ronan Queffeulou

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JULIAN CASABLANCAS / Phrazes For The Young (2009)


julian casablancas phrazes for the young

Un des meilleurs disques sortis en 2009. La production est vraiment très risquée. Le son est ultra compressé, on peine à distinguer les arrangements qui sont pourtant très riches ; et alors que je devrais être le premier à m’en plaindre j’ai fini par y prendre goût tellement le parti-pris est couillu. J’aime aussi beaucoup l’écriture de Julian Casablancas, il écrit un peu comme un rappeur, c’est bourré de punchlines, c’est hyper graphique. Au niveau des mélodies vocales il est aussi clairement au dessus du lot… Son chant est merveilleux, désinvolte et tendu à la fois. Je pense sincèrement qu’il est l’un des plus grands songwriters de sa génération. Il a tout, même sa timidité sur scène finit par jouer en sa faveur, visuellement c’est parfait. Les Strokes sont fondamentaux en tant que groupe mais je ne me fais aucun souci pour sa carrière solo. Les autres par contre…

par Johan D



CONNIE CONVERSE / How Sad, How Lovely (2009)


connie converse

Ces chansons à l’épure lo-fi où l’on n’entend jamais davantage qu’une seule guitare et une seule voix révèlent en creux une maîtrise et une force dignes des plus grands. « Empty Pocket Waltz » sonne comme du Carter Family réécrit par Gershwin, « The Playboy of the Western World » est une micro symphonie évoquant à la fois Chet Baker et Carson Mac Cullers, « Talking Like You » distille une sorte de désespoir tranquille et guilleret. Derrière la fausse naïveté des mots, une ironie teintée d’amertume fait écho à ce que l’on sait d’elle… Car Connie Converse, fatiguée des échecs et des tentatives avortées pour introduire une industrie musicale qui ne voulait pas d’elle, a décidé, en une journée d’août 1974 de disparaître pour construire une nouvelle vie, laissant derrière elle lettres et messages pour ses proches et une poignée de chansons sublimes pour l’éternité.

Par Claire

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