chronique



AOKI TAKAMASA


aoki takamasa

Très peu de gens connaissent, alors que c’est pour moi un artiste incontournable. J’ai découvert Aoki Takamasa avec son deuxième album, qui s’appelait Silicom Two (2002). La première écoute n’a pas été transcendante pour moi, mais je me suis quand même dit : « tiens, j’attends de voir son prochain album ». J’ai vraiment pris ma claque en écoutant cet Indigo Rose (2002). Voilà de la musique que l’on n’arrive pas à dater. Et pour de la musique électronique, peut-être pas élitiste, mais véritablement expérimentale, c’est très rare. Souvent, la musique expérimentale sonne très vite « datée ». Mais cet album, huit ans après sa sortie, a toujours sa place parmi la musique électronique de notre culture. Aoki Takamasa est une espèce d’Aphex Twin plus léger, plus sensible. Avec dans cette musique, en plus, tout ce que peut évoquer le Japon dans l’esprit des gens. En tout cas, ça décrit le Japon tel que je le vois. Le temps est passé, et l’album Parabolica est sorti en 2006. Cette fois, on sent qu’Aoki a eu un gosse et que tout va mieux dans sa vie. Par rapport à ses premiers albums, c’est beaucoup plus dancefloor, avec une basse très binaire et un groove incomparable. Moi qui n’aime pas ce style, j’ai vraiment été séduit. C’est un artiste trop méconnu, à écouter — y compris pour ceux qui n’aiment pas la musique électronique : je pense qu’il y a quelque chose à en retirer.

par Pol Desmurs

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PAN AMERICAN / Quiet City (2004)


Pan American Quiet City

J’ai retrouvé le CD en déménageant la semaine dernière, je l’avais complètement oublié… Quiet City est le seul album que je connaisse de ce groupe. Il comporte un CD et un DVD. Sur le DVD, vous avez tout l’album agrémenté de vidéos superbes, qui ont un très beau grain (un peu ambiance Polaroïd, ou Super8) : on voit des scènes de vie, de longues évolutions… C’est à la fois abstrait et très imagé. Et c’est une musique pleine de couleurs. Absolument tous les titres de l’album sont sublimes. Là encore, il faut prendre le temps d’écouter. Tout est très calme, très lent dans l’évolution… mais d’une puissance incroyable. Le traitement sonore est très simple, minimaliste — un peu comme les vidéos qui accompagnent la musique, ce même côté « bande magnétique ». Une pseudo-musique électronique… en réalité, confectionnée avec des instruments, et peut-être quelques synthés, mais tu ne saurais pas trop définir, tu ne saurais pas trop dater. C’est ce que j’aime aussi dans un album : le pari du musicien est réussi quand tu n’arrives même pas à dater son oeuvre.

par Pol Desmurs


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FELA KUTI


fela kuti

Il n’y a pas un morceau, pas même une mesure de Fela Kuti que je n’aime pas. Pour moi, Fela, c’est un peu le Neu! de l’Afrique. Le morceau peut durer 22 minutes, quand il s’arrête, je peux le remettre. Il y a là-dedans quelque chose de perpétuel. Tu pourrais ne jamais t’arrêter de jouer le morceau. C’est quand même fantastique, parce que pour certains morceaux qui durent trois minutes, tu les écoutes quatre fois et ensuite, c’est terminé, tu ne peux plus. En plus avec Fela, j’adore la prod, son côté brut. C’est quasi live tout le temps.

par David Krutten

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Back in Brazil (compilation de Gilles Peterson, 2006)


Gilles Peterson Back In Brazil

Gilles Peterson est un type qui te fait tellement découvrir de bons sons que tu n’auras jamais assez de gigas disponibles pour tout stocker. Avec une centaine de compilations à son actif, c’est sûrement l’un des DJs les plus importants de ces dernières années. L’émission « Worldwide » sur Radio Nova, BBC 1, J-Wave au Japon et quatorze autres stations dans le monde entier, c’est lui. Son site Searching for the Perfect Beat résume bien sa démarche : explorateur, parfois archéologue de la musique, il est toujours à la recherche de sons nouveaux pour diffuser la bonne parole musicale.

Avec l’album Back in Brazil, il nous présente ce qui se fait de mieux depuis des années au pays de la samba. Vous ne serez pas déçus du voyage. De l’ancienne à la nouvelle école, il ne se contente pas de nous faire écouter des bijoux des années 60-70 (« Nana » de Wilson Simonal ou « Todas Aque Las Coisas » de Luisito), mais également des découvertes qu’il a fait sur place dans un style plus électro, hip-hop, reggae dub, funk voir drum&bass. On sent bien que la musique brésilienne ne se cantonne plus à un seul genre (surtout avec la nouvelle scène reggae funk de Rio), elle s’ouvre à toutes sortes d’influences tout en gardant son originalité et sa fraîcheur caractéristique.

Après avoir écouté cet album on se sent plus érudit…

par Thomas Pégorier

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LABI SIFFRE / « I got the… » (1975)


Labi Siffre

Ce titre mythique, je l’ai fait découvrir à Francè en arrivant à Marseille et depuis, j’ose le dire, ça a changé sa vie à jamais ! Labbi Siffre, ce type est un génie pour placer dans un morceau de pure soul une seconde partie sortie de nulle part proposant un beat qui deviendra culte pour toute une génération. Lequel ? Tout simplement celui qu’Eminem a recopié pour pondre son « My Name Is ».

Depuis je me suis lancé à la recherche de ces sons soul/funk qui se sont fait piller, notamment par la scène hip-hop américaine. Et on ne peut que constater l’étendue des dégâts et citer, à titre d’exemples, parmi les gros cartons de ces dernières années :
2Pac avec « Do For Love » et surtout « California Love » copiés respectivement sur « What You Won’t Do For Love » de Bobby Caldwell et « Woman To Woman » de Joe Cocker 
Dr. Dre avec « The Next Episode » copié sur « The Edge » de David McCallum 
Beyoncé avec « Crazy In love » copié sur “Are You My Woman” des Chi-Lites


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THE MARS VOLTA / De-Loused in the Comatorium (2003)


The Mars Volta De-Loused in the Comatorium

En 2003 le son de The Mars Volta explose au grand jour avec ce premier album. Pour moi c’est une grosse claque, je n’avais jamais rien entendu de pareil auparavant. Dès les premières notes de l’introduction « Son Et Lumiere » on sait qu’on a affaire à un petit bijou, et on se laisse emporter par l’enchaînement de ces dix incroyables chansons.

Mené par les virtuoses Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez, dont les limites de l’inspiration ne semblent jamais atteintes, The Mars Volta sortira par la suite presque un album par an. Cependant De-Loused In The Comatorium reste pour moi le meilleur du groupe. Plus explosif, peut-être plus accessible que les suivants, il nous plonge dans un univers si particulier, un tourbillon musical parfaitement maîtrisé, loin des formats de radio standard et de l’alternance facile des couplets/refrains. La rythmique est effrénée et déroutante, alternant des passages rock d’une puissance incroyable et des moments complètement planants. La guitare d’Omar est hypnotisante, en jouant des mélodies à la limite de la dissonance, et donne à l’ensemble un aspect assez psyché. Quant à la voix de Cedric, elle est puissamment mélodique et envoûtante.

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TOM WAITS / Orphans : Brawlers, Bawlers & Bastards (2006)


Tom Waits Orphans

Cet album fait partie de ceux qu’on découvre comme on découvre un vieux trésor dans le grenier de la maison et qu’on écoute à la limite en cachette, tellement on ne veut pas en perdre une miette. Un disque à soi. Tom Waits fait partie des plus grands, sa discographie est extraordinaire mais il nous sert ici ce qu’il a de mieux à donner : un univers différent à chaque chanson, alors qu’il n’a rien à prouver. Pourtant, il y arrive.

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