Le meilleur du son Soft Rock volume 2


Après une première compile qui faisait la synthèse entre les marottes des rédacteurs et les propositions diverses, variées, pointues et contrepointues de l’artiste au cours de ses interviews et chroniques, après une deuxième compile rassemblant dix chansons indispensables de Karl Blau sur les centaines que ce roi du lo-fi a pu écrire, Kidsaredead nous fait découvrir ses titres de soft rock favoris dans une troisième compile. Concoctée avec amour par un érudit, vous avez ici encore l’occasion de découvrir de petites merveilles, avec « le meilleur du son soft rock volume 2 ».

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Certes vous connaissez les Eagles, 10 cc et Toto. Et moi aussi je les connais car je me suis déjà servi d’un autoradio. Malheureusement, il y a peu de chance que vous entendiez un jour les chansons que Kidsaredead vous a choisies sur Nostalgie ou RTL2. « Hold the Line », « Hotel California » ou « I’m not in love », nous les entendrons probablement jusqu’à la fin des temps. Mais imaginez un monde parallèle au notre où ce serait encore et toujours le même single de Television ou du Velvet que vous auriez entendu toute votre vie dans les embouteillages ou au supermarché, un monde ou Toto et les autres n’auraient jamais rempli de stade, ni fait de carrière internationale. Dans un monde où les groupes les plus cultes et les plus obscurs et les plus injustement méconnus des années soixante-dix s’appelleraient Genesis ou Supertramp, vous, amateurs de pop un peu indie, gavés de pop « non commerciale » depuis votre adolescence, connaîtriez par cœur la discographie de Hall and Oates, Todd Rundgren, Rupert Holmes.

Jusqu’à hier, ces noms m’évoquaient des gens avec des looks improbables, ou des titres d’album dont j’avais vaguement entendu parler au détour de livres du genre « les indispensables du rock », « les 100 disques essentiels du rock », toute cette littérature qui envahit les fnacs à l’approche des fêtes de fin d’année. J’apprends aujourd’hui que ces gens écrivaient de superbes morceaux (« The Ballad of Denny and Jean ») et des chansons enlevées plutôt bien léchées (« Girl Goodbye » ou « All Smiles », impeccable pastiche des Beatles). Sur cette compilation on retrouve les fameux « Énarbiquiou » avec un titre qui se rapproche plus du générique de Snoopy que d’un standard de Led Zep. On y découvre aussi des artistes plus actuels et tout aussi excellents comme Jonathan Wilson,  ou Sloan. (Écoutez « Desert Raven », qui semble avoir été écrite pour évoquer une longue route où défileraient tous les clichés de l’Americana.)

Kidsaredead nous a réservé d’autres perles, plus cachées, plus étranges, comme « Chimacum Rain » de Linda Perhacs, par exemple, petit bijou d’une autre planète dont les chœurs semblent chantés par des fantômes, ou « Waterfalls » d’un McCartney inhabituel, touchant et presque expérimental. Écoutez aussi « Toquinho », petite fantaisie tropicale de beatniks brésiliens À la fin de la compile, on trouve la belle et étrange Judie Tzuke qui nous envoûte avec « Heaven Can Wait »,  disco complexe tout en contretemps, ou Arthur Russel avec « Make 1 », titre funky et bizarre pour un artiste qui semble être le chaînon manquant entre Prince et les Résidents.

Quelles sont les limites de la définition de soft rock ? Et quels sont les liens entre le soft rock et le 8 bit ? La soluce serait peut-être à trouver dans les paroles de « Video Game Over ».

En écoutant « You Make My Dreams », je me suis dit que les chœurs qui font « hou hou » me rappelaient quand même la bande à Picsou (« ducktale » dans la playlist en indice ?). Malheureusement quelques moments perdus sur internet m’ont assuré que je n’était pas le seul à m’être posé cette question. Et ce sont sûrement les mêmes cinglés qui doivent être fascinés par les similarités entre les musiques de Sonic 3 et les chansons de Michael Jackson (enfin là, c’est du 16 bit). Le monde est plein de mystères, et la compile de Kidsaredead recèle peut-être d’autres messages cachés.

Qu’est-ce que le soft rock ? Peut-être une affaire vite pliée, un univers de groupe FM trop moqués ou négligés par des critiques un peu snobs, des critiques qu’on a peut-être, à l’instar de ces excellents groupes, un peu trop entendu.

Par Atlas Ibiza

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