CHRONIQUES : MIDGET! PRESENTE



CONNIE CONVERSE / How Sad, How Lovely (2009)


connie converse

Ces chansons à l’épure lo-fi où l’on n’entend jamais davantage qu’une seule guitare et une seule voix révèlent en creux une maîtrise et une force dignes des plus grands. « Empty Pocket Waltz » sonne comme du Carter Family réécrit par Gershwin, « The Playboy of the Western World » est une micro symphonie évoquant à la fois Chet Baker et Carson Mac Cullers, « Talking Like You » distille une sorte de désespoir tranquille et guilleret. Derrière la fausse naïveté des mots, une ironie teintée d’amertume fait écho à ce que l’on sait d’elle… Car Connie Converse, fatiguée des échecs et des tentatives avortées pour introduire une industrie musicale qui ne voulait pas d’elle, a décidé, en une journée d’août 1974 de disparaître pour construire une nouvelle vie, laissant derrière elle lettres et messages pour ses proches et une poignée de chansons sublimes pour l’éternité.

Par Claire

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CLUBE DA ESQUINA / Clube Da Esquina (1972)


Clube da Esquina

L’album Clube Da Esquina est paru en 1972 sous la double égide de Lô Borges et Milton Nascimento mais il est l’œuvre d’une sorte de collectif réunissant quelques valeurs montantes de la musique Brésilienne de l’époque…  S’y côtoient notamment le pianiste Wagner Tiso, le grand guitariste Nelson Angelo,  le parolier Fernando Brant… On a affaire ici à une sorte de monument  pop œcuménique,  brassant folk, rock anglo-saxon,  rythmes et chaloupes chipés au choro et à la samba, guitares psychédéliques héritées du tropicalisme, arrangements d’une musicalité irréprochable et mélodies éblouissantes.

Le plus étonnant étant que, bien loin de s’apparenter à une construction post-moderne qui fatigue les nerfs et le goût, Clube Da Esquina se trouve être un miracle d’équilibre et de souplesse, un radeau à la légèreté toute brésilienne, c’est-à-dire teintée d’une bonne couche de mélancolie buissonnière. Se déploient à nos oreilles ébahies une succession d’humeurs, de désirs, d’attentes, d’exaltations – trouées de lumière sur une mer particulièrement limpide et belle – , le tout révélant un filon inépuisable de couleurs tirées d’une palette jamais retrouvée depuis.

Par Mocke

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JIMMY GIUFFRE / Western Suite (1958)


jimmy giuffre western suite

Jimmy Giuffre était un clarinettiste texan issu d’un mouvement, le West Coast qui ne m’intéresse pas plus que cela mais vers la fin des années 50, il monte ce trio sans batterie avec  Bob Brookmeyer (trombone) et Jim Hall(guitare), expérimentant une sorte de Jazz de Chambre, concept à peu près inédit à l’époque si l’on exclut les tentatives d’Ahmad Jamal et d’Edmund Hall. Ce qui me fascine dans Western Suite est qu’il parvient avec très peu de moyens à recréer une sorte de Texas imaginaire et fantasmatique évoquant à la fois Aaron Copeland ou la musique Old Time sans jamais s’en approcher autrement que par suggestions, non–dits, échos, sifflements lointains. Comparable si l’on veut à l’orient esquissé par Duke Ellington dans Far East Suite. Dans les deux cas, on a affaire à une matière impalpable, moins réalité géographique qu’étoffe des rêves. Les arabesques et entrelacs tracés par les trois comparses sont autant de collines mélancoliques, de prairies à l’étoile, d’horizons déclinant et de chants d’oiseaux à la nuit tombante.

Par Mocke

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