MileStone


Quels sont vos parcours musicaux ?

Philippe (chant, guitare) : J’ai commencé petit. Je jouais sur le piano de mon père. Je me faisais engueuler parce que je faisais de la merde toute la journée ! À 12 ans j’ai commencé à faire de la guitare et à chanter faux, pour draguer les filles. Maintenant je chante un peu moins faux, et je drague toujours les filles (rires).

À 12 ans, je jouais avec des groupes au collège. J’écrivais des chansons pour des potes. On les jouait à la fête de fin d’année, dans des gymnases pourris, avec des jeans mal coupés et des tronches de boutonneux. On avait un joueur de clavier qui ne connaissait pas les notes, donc il fallait lui mettre des pastilles et des gommettes ! On lui mettait des gros sons de synthés… Il lui suffisait d’appuyer sur une touche pour que ça fasse un son énorme ! Et puis j’ai eu des groupes de reggae, aussi…

Après, c’est la clique versaillaise. On jouait avec des potes, qui sont encore tous plus ou moins dans la musique. Le mec qui a mixé notre premier EP, c’est un bassiste avec qui je jouais quand j’avais 17 ans. J’ai eu plusieurs formations comme ça. Et à chaque fois, c’était des groupes qui voulaient devenir sérieuxmais qui n’en avaient pas encore les moyens. On était jeunes, on déconnait pas mal.

Le premier groupe que j’ai écouté c’est Dire Straits. Mon grand frère écoutait ça. C’est vraimentle premier truc qui m’a attiré dans la musique. Après ça, à l’adolescence, j’ai écouté toutes les années 60-70. C’est vraiment ce qui m’a fait plonger dans la musique, Beatles, Led Zep, Hendrix, Doors, Pink Floyd, tous ces trucs…

Aujourd’hui, j’aime toujours ces groupes là. Et d’autres choses plus récentes, comme Björk, Radiohead, Sigur Ros, Jeff Buckley. De la musique électronique : Aphex Twin, Ninja Tunes, tout ce qui est Warp Records, et d’autres. Grizzly Bear, je trouve ça très bien aussi.

Pierre (guitare) : J’ai commencé la musique assez tôt. J’ai fait de la guitare classique. Je suis tombé sur un prof qui m’a beaucoup apporté, un « père spirituel » qui m’a donné vachement envie de faire ça, très tôt. Vers 12 ans, j’ai eu envie d’écouter un truc en particulier, et j’ai écouté Bob Marley. Du coup j’ai eu une grosse période reggae. Et j’ai commencé à monter mes groupes. Au collège et au lycée j’ai eu une grosse période Doors, Hendrix…

J’ai aussi commencé à faire pas mal de jazz. J’écoutais Coltrane. J’ai été malade de Coltrane pendant super longtemps. Miles Davis aussi. Et puis après, je n’ai plus fait que du jazz. J’ai même fait une école de jazz. Ca a duré un petit moment, puis ça m’a lassé. Ce monde, c’était pas mon truc. Donc je suis revenu vers ce qui m’intéressait davantage : travailler en groupe, développer un truc avec des gens.

Le niveau technique, c’était pas terrible au début. J’avais la voix qui muait (rires). Et après j’ai eu un autre groupe qui s’appelait Sound Drive, un groupe de noise, instrumental…

Comme Philippe, je suis très influencé par Radiohead, Björk… Et en ce moment j’écoute aussi Grizzly Bear, Matmos, et puis je réécoute également pas mal de vieux trucs. C’est ma période vinyle : j’essaie d’écouter un peu tout ce que j’ai aimé, les Floyd, les Beatles…

MILESTONE10_LD« J’ai été malade de Coltrane pendant super longtemps »

Matthieu (batterie) : Moi aussi, j’ai commencé tôt la musique ! On m’a mis dans une école de musique quand j’avais quatre ans, donc j’ai commencé la battrie à cet âge là. La musique, j’ai toujours baigné dedans, parce ce que mon papa était guitariste amateur et mon grand père, que je n’ai malheureusement pas connu, était multi-instrumentiste. Je pense que c’était un peu dans mes gènes. Et j’ai été bercé par des musiques assez folk, assez acoustiques — françaises ou non.

À l’école de musique, j’étais plutôt dans une discipline jazz, ce genre de formation… Du coup j’ai grandi dans ce milieu, et j’ai surtout appris la batterie avec les big bands. J’ai commencé le piano un peu plus tard, ça m’a permis d’écouter de la musique classique. Sachant qu’à la base, ma musique de prédilection, c’était le rock. Il y avait la musique que j’écoutais et la musique que je travaillais — c’était différent. J’avais pas encore connecté les deux univers. J’ai fait des conservatoires…

Ensuite, je suis complètement rentré dans le jazz. J’ai un peu mis de côté les autres musiques. Parce que le jazz me permettait de travailler à fond la musique : il y a plein de domaines qui se recoupent, plein de choses sur la rythmique, l’harmonie, l’arrangement… J’ai beaucoup bossé là-dessus.

Et puis au bout de 4-5 ans de jazz je me suis rendu compte que mes convictions musicales, c’était pas ça. C’était plus un outil de travail pour moi. Donc ça fait quelques années que je me suis replongé dans la pop. Maintenant, j’écoute pas mal les Beatles, la musique des années 60-70. Aujourd’hui, c’est ce que j’écoute quasiment tout le temps — très peu de jazz, ou alors seulement des trucs qui me passionnent. J’aime beaucoup Björk, je suis fan de Radiohead… Dernièrement je me suis replongé dans les Doors, les Rolling Stones, les Beach Boys. C’est une migration récente, mais complète.

Léonce (basse) : Quand j’étais tout petit, 7-8 ans, on m’a mis au piano. J’en ai fait deux ans. Mais comme ça ne m’a pas beaucoup plus, j’ai arrêté tout ce qui avait rapport à la musique.

Au final, je m’y suis mis tard. Et puis à 13-14 ans j’ai découvert un vieux disque des Beach Boys et ça a été une révélation. C’étaitPet Sounds. Et puis avec l’adolescence, les filles, je me suis dit qu’il fallait que je joue d’un instrument… Je me suis mis à la basse. J’ai aussi commencé le synthé. Je jouais sur un morceau de Police… Sinon, j’écoutais beaucoup de trucs avec des gros sons de basse : Red Hot, James Brown, du funk, du reggae.

Aujourd’hui, j’écoute beaucoup de chanson française. Brel, Tété, Souchon, Jonasz, Ferré, Gainsbourg, Aznavour… C’est dur d’écrire en français… Et en ce moment, je me suis remis aux Beach Boys. Aux Beatles aussi. Enfin, c’est par périodes.

J’ai eu pas mal de groupes. J’accompagnais des mecs, quoi. J’ai toujours eu envie de faire de la musique, mais on m’a poussé pour que je gagne de l’argent. Fallait faire des études… Donc j’ai étudié le graphisme, en me disant que si je rencontrais quelqu’un avec qui monter un groupe, qui avait vraiment une voix qui me touchait, je lâcherais tout pour faire ça. Et donc j’ai fait mes études, et en dernière année j’ai malheureusement rencontré Philippe (rires). Depuis on a monté le groupe.

Comment est-ce que vous vous êtes connus ?

Philippe : On se connaissait déjà via ce groupe de gens de Versailles et de la région. On s’était croisé à quelques soirées… Léonce était en cours avec le batteur avec qui je jouais quand j’avais 12 ans. Ils ont fini par monter une formation funk, je les ai rejoints. Mais comme ça nous gavait un peu et qu’on voulait faire de la pop, on s’est dit : « laissons les groover ensemble ! »

Il y a eu pas mal de gens dans le projet. On a eu un peu de mal à faire de bonnes rencontres. Donc entre ce moment là — il y a trois ans — et aujourd’hui, on a eu trois batteurs et quatre guitaristes.

On a fini par trouver Matthieu, qui nous a rejoints depuis un an, et Pierre, qu’on connaît depuis 6 mois. Donc la formation actuelle est assez récente. Mais on se sent enfin au complet.

Matthieu : Léonce m’a laissé un message sur un site Internet,Copains d’avant. Je venais de m’inscrire, je n’y croyais pas trop, et au bout de deux mois quelqu’un me laisse un message, qui me dit « bonjour c’est Léonce, on cherche un batteur, va écouter notre musique ». Je suis allé écouter, et je suis tombé vraiment amoureux du groupe. J’ai écouté ça en boucle pendant un moment. J’ai eu Léonce au téléphone, je lui ai dit que ça m’intéressait vraiment. On s’est rencontré, j’ai passé une sorte d’audition : on a joué ensemble et ça s’est plutôt bien passé ! Très belle rencontre…

MileStone, c’est aujourd’hui mon principal projet. Il y a plusieurs petits groupes à côté, mais c’est dans MileStone que je me retrouve le plus — aussi bien sur le plan musical que dans l’esthétique, dans la pensée, dans les relations humaines. Tout se passe d’une façon qui me plaît énormément.

Pierre : C’est d’abord Matthieu qui m’a appelé. Ça s’est fait par un ami commun. C’est du bouche à oreille ! Mathieu a rencontré un bassiste, lui a demandé s’il connaissait un guitariste… Pareil, j’ai fait une espèce d’audition et ça a bien collé…

Avec MileStone, c’est la première fois que j’ai vraiment l’impression de faire ce qui me plaît. Avant j’avais toujours l’impression qu’il me manquait quelque chose. Là, je suis assez comblé, je pense qu’on est tous connectés, et qu’on a tous envie d’aller au même endroit.

MILESTONE09_LD« C’est une migration récente, mais complète »

Est-ce que le groupe avait ce style de musique dès le début ?

Philippe : Heureusement, il n’y a pas de vieux trucs qui traînent, enfin j’espère ! (rires) Au tout début on faisait des trucs encore un peu funky avec Léonce. On n’avait pas de batteur donc on faisait des prog de boîtes à rythmes et on des chansons un peu groove. On a vite arrêté !

Bon, au début, il a fallu se faire un peu mal. Esthétiquement, je ne voulais pas aller vers la funk, mais quand tu es pris dans ce style de musique, tu t’en rends même pas compte. Et même quand tu essaies de faire de la pop, tu traînes encore tes vieilles habitudes. Il a fallu faire une campagne de « dégroovisation ». Léonce par exemple avait une Music Man, une bonne basse pour jouer du funk. On s’est dit que ce serait bien qu’il trouve une Fender Precision pour jouer de la pop. Il y a eu plein de réflexions comme ça. Moi aussi j’ai changé de guitare. Ces histoires de matériel symbolisent bien le chemin qui a été fait.

Disons qu’il y a eu un virage un peu dur au début. On a décidé d’arrêtér ces trucs là. Et ensuite, ça s’est fait naturellement. Une fois que tu t’installes dans une nouvelle couleur, ça coule tout seul.

Léonce : Ca s’est fait rapidement.

Est-ce que l’arrivée de nouveaux membres a fait beaucoup évoluer la musique du groupe ?

Philippe : On avait sorti un premier EP, Pounds Of Rats. Pas avec l’équipe de l’époque funk, mais la première équipe pop. On avait un super batteur. Il tirait même le groupe vers le haut. Un guitariste qui était bien mais avec qui on ne s’entendait pas très bien. Il y a eu six mois très bien : on bossait, on mettait en place des morceaux, on allait faire des concerts sur Paris, on jouait dans des endroits sympas. Quand on est parti enregistrer, il y avait une super dynamique.

À l’origine, on avait pris ce guitariste parce qu’il était venu avec le batteur. On n’osait pas dire oui à l’un et non à l’autre. Au bout de six mois, le batteur est parti à New York pour faire de la musique latino, et on s’est retrouvé avec le guitariste qu’on ne voulait pas au départ. Mais c’était une bonne équipe.

Après, c’était le creux de la vague, avec une équipe difficile. On ne s’entendait pas du tout. On n’arrivait pas à travailler, c’était super fatigant. Tu passes des heures en studio pour des trucs qui ne sont pas satisfaisants. Au final, ça fait peu de temps que je retrouve un réel plaisir à enregistrer et à jouer.

Pierre : On a des références communes mais des passés assez différents. Mais finalement on s’accorde. Pour répondre à la question, oui, de nouveaux membres apportent forcément un nouveau son.

Philippe : C’est comme une vinaigrette avec du vinaigre balsamique ou du vinaigre de vin, ça ne fait pas le même son.(silence. rires) Je suis un mec qui fait des métaphores pourries toute la journée ! Ca fait une demi-heure que je me retiens… Elle était vraiment mauvaise celle-là !

MILESTONE08_LD« J’ai découvert un vieux disque des Beach Boys et ça a été une révélation »

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