Loki Starfish


Le plus souvent, si les bons groupes sont difficiles à cerner c’est parce qu’ils entretiennent des rapports ambigus avec les frontières. Inlassables arpenteurs des zones grises, ils aiment les jonctions et les marges, les carrefours et les confins, les no man’s land et les Zabriskie point. Loin du mainstream, ils embarquent pour un voyage où l’étrangeté de l’étranger sera, par principe, toujours préférée à la ressemblance du semblable : ils colonisent le territoire du flou artistique.

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 Loki Starfish appartient à cette catégorie de groupes qui, de tissages en métissages, a fini par trouver sa place à cheval sur plusieurs univers créatifs, plusieurs styles musicaux, plusieurs formes d’art. Quand on les fait parler de leur nom, on réalise que l’ambivalence est bien au cœur du projet : Loki est une divinité scandinave dont la spécialité est justement la tromperie, la ruse, le changement d’apparence. Et que font-ils d’autre que nous dérouter tout au long des 15 titres qui composent leur premier album, où d’une partition à l’autre ils manient l’art de la métamorphose comme les étoiles de mer l’art de se régénérer ? Leurs morceaux sont bien, au sens physique du terme, des « morceaux », des parties séparées d’un « tout » que l’écoutant patient et passionné doit reconstituer pour retrouver le sens caché des choses.

Mais les membres de Loki Starfish ne sont pas seulement musiciens, ils sont aussi comédiens. À chacun des titres de l’album, correspondra bientôt un clip, fruit de la rencontre très subjective d’un réalisateur avec leur musique. Inutile de le cacher, leurs petites histoires mises en image collent bien dans le paysage. À tel point qu’on verrait bien les Loki faire la BO d’un film un de ces quatre… Last but not least, sur scène ils jouent du theremin, le dinosaure de la musique électro. Alors, pour ça et pour le reste, il faut venir les voir jouer en concert.

Résumons. Vous l’avez compris, c’est l’été sur Subjective ; et pour célébrer dignement, nous vous invitons en ce mois de juillet qui promet d’être caniculaire, à fuir les côtes en béton bondées de la Méditerranée pour assister au discret accouplement d’un Dieu scandinave et d’une étoile de mer, sur une plage de Norvège. Si par hasard vous croisez là bas une jeune fille à l’air un peu perdu, tenant contre elle une marionnette, dites lui « drifting sun » et prenez la dans vos bras.

par Jérôme de Larosière


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