Robbing Millions : « Lonely Carnivore » (2014)


Les extended plays, que l’on appelle communément EP – à mi-chemin entre single et album – sont des objets bien singuliers. Et ils ont le vent en poupe : quel amateur de musiques indés n’a pas pas sa collection d’EP ? Ils sont souvent anecdotiques et n’intéressent alors qu’une maigre poignée d’ultra-fans prêts à tout pour acquérir la totalité des œuvres de leur groupe chéri, sous tous les formats existants. Mais ils sont parfois aussi géniaux que les albums qui suivront. On pourrait faire un parallèle avec les courts métrages : il y a pléthore de courts métrages oubliables et il y a The Big Shave de Scorcese, Bottle Rocket de Wes Anderson ou Cash Back de Sean Ellis. Pour revenir à nos moutons et conclure sur ce bref exposé, il y a des EP qui en soi, ont valeurs d’œuvre, et pour ne pas tourner autour du pot, c’est le cas de Lonely Carnivore des Robbing Millions, qui nous avaient déjà livré un EP d’une rare qualité avec Ages ans Sun.

« Dinosaur », single qui ouvre l’EP, est dans la veine des productions précédentes des Robbing Millions, tout comme « Waverly Hills ». Déjantés et d’une maîtrise hallucinante, ils incarnent une pop exigeante explosive. Alors que « Warder », single conclusif de l’EP, ouvre des perspectives nouvelles en tendant vers une musique plus épurée, plus inquiétante, où la voix de gaspard Ryelandt prend une place centrale, où les nappes de claviers s’expriment désormais autant que la guitare. Entre ces deux pôles, « Bigfoot » et « Hand In Hand » font la liaison et l’écoute de l’EP dans son entièreté donne le sentiment d’une expérience complète et cohérente.

Les Robbing Millions proposent du nouveau sans se fourvoyer, sans décevoir. Les styles qu’ils explorent se diversifient et rien ne se perd, tout se transforme.

Par Nicolas Fait

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