STEVE REICH / Music For 18 Musicians (1976)


steve reich music for 18 musicians

La découverte de cette pièce a été un choc pour moi. Music For 18 Musicians m’engloutit dès les premières mesures. En ouverture, les timbres des marimbas, clarinettes, violons et voix s’assemblent en grappes de notes aux textures inédites, en croches rigoureuses. Flux et reflux. Un faisceau de lignes de fuites musicales se construit. La sensation de mouvement est immédiate et intégrale.

La pièce joue ensuite avec des motifs de quelques notes, travaillant la complémentarité des motifs entre les différents instruments et évoluant de l’un à l’autre en pure inconscience de l’auditeur. En écoutant ce morceau, je me représente des formes géométriques lumineuses qui se succèdent par morphing. L’harmonie est complètement ouverte, parfaitement neutre dans ses intentions émotionnelles. Impossible de déterminer une humeur particulière imposée par l’auteur (*), je suis alors totalement libre de mes projections mentales.

Il y a un fil qui relie le travail de Reich aux orchestres de gamelan balinais, dont il s’est inspiré, à des artistes comme Neu !, Tortoise, Brian Eno, Sonic Youth, The Field, etc. Ce sont des propositions musicales en forme de trajectoires pures, avec la boucle pour seul horizon, des harmonies en suspension perpétuelle (gamme pentatonique rules), des basses continues, des rythmes hypnotiques. C’est la musique dans ce qu’elle a de plus abstrait, ondes qui se propagent cycliquement dans l’air. Ramenée à la transe, voici la musique au plus près d’elle-même.

(*) contrairement à une chanson de Zaz par exemple

par Xavier Thiry


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