Metal Memoria / par Xavier Thiry (La Féline)


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Xavier tient les claviers dans La Féline, et va publier en 2012 un EP sous le nom Hello Kurt.

[1/6] IRON MAIDEN

Iron Maiden au sommet de sa formule « cavalcade mi-do-ré ». Le groupe de metal le plus sympathique du monde, avec une superbe énergie live. On admirera ici le pont en 6/8 et son cri qui tue à 1:41

[2/6] SEPULTURA

« Arise », excellent morceau thrash ultra-orthodoxe de Sepultura. Grosse caisse clic clic, guitares hélicoptères, riffs hyperchromatiques, tout y est. Point faible : le texte est un peu ballot. Point fort : le décor de carrière abandonnée, théâtre idéal de la sous-culture mondialisée. Bioman-Sepultura, Japon-Brésil, un seul monde.

[3/6] ALICE IN CHAINS

Cousins du Nirvana d’avant l’explosion, enfants de Black Sabbath, Alice In Chains est le plus beau projet de metal « impur ». Les mélodies de Layne Staley, souvent doublées de l’harmonie la plus sinistre qu’il aura trouvée, donnent aux morceaux une dimension déchirée terriblement juste. Alice in Chains échappe ainsi au bidon/guignol, cette grande menace qui plane au-dessus de chaque groupe metal. Le corps sans vie de Layne Staley sera découvert à son domicile deux semaines après son OD. Ce mec mérite lui aussi son « Last Days », Gus.

[4/6] PANTERA

Il y a un je-ne-sais-quoi de fake chez Pantera. L’allure de mignon hardcore de Phil Anselmo d’un côté, le son clinique des musiciens de l’autre… Les contours trop nets d’une musique qui se voudrait pourtant viscérale. Dans les années 90, rap et metal sont les deux revers de la même médaille, juste un peu aux marges du mainstream, à partir de 21h sur MTV. En bons entertainers, Pantera joue le jeu, et l’énorme refrain de « This Love » ressemble à la réponse percutée des chevelus au hiphop.

[5/6] SLAYER

Slayer, c’était un peu le groupe de droite autoproclamé, la fascination pour les nazis, le goût des armes et de l’auto-défense. C’était là qu’ils plaçaient leur guignolade. Pour le reste, leur musique est parfaitement sentie et juste. Le groupe dispose notamment du fantastique batteur Dave Lombardo, dont les futs ont une profondeur live habituellement interdite aux thrashers. « Skeletons Of Society », un groove solide, un traitement de voix sans concession, les interventions psychédélico-apocalyptiques des guitares et des chœurs, édifient un climat de guerre civile spécialement réussi. Louis Ferdinand Slayer.

[6/6] MEGADETH

Sans doute plus qu’ailleurs, le metal est affaire de formes. AC/DC, Iron Maiden, Metallica… sont de grands bâtisseurs de formules. C’est leur force, mais aussi leur limite : dans le fond, un morceau de Metallica ne nous renvoie à rien d’autre qu’à Metallica. Alors, à la fin, ce sont toujours un peu les « impurs » qui l’emportent, pourvus de choix qui échappent à la logique et gardent leur éternel mystère. Issu du premier Metallica qui lui doit sans doute beaucoup, Dave Mustaine, grand génie caractériel, parvient à maintenir la formule speed tout en la pliant à sa personnalité de paranoïaque colérique. Pour cela, il sera distingué. Pour sa rage, sa force épique, ses structures aussi expressives que créatives, l’album Rust In Peace s’impose comme le chef-d’oeuvre du metal fin de siècle. « Holy Wars », combien de riffs ?


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