la féline



La Féline : « Adieu l’Enfance » (2014)


« Si tu associes des images à la musique, ça donne une nécessité à tes notes, ça projette une atmosphère », nous confiait Agnès Gayraud – chanteuse du groupe La Féline – dans une interview.

À l’origine du titre « Adieu l’Enfance », une photographie d’Agnès lorsqu’elle était enfant. Souriante, cheveux courts, elle porte en elle les secrets de l’enfance et sur elle un manteau bleu pastel. Dans ce tableau en contre plongée, l’enfant « debout sur [son] rocher » surplombe sans le savoir un public déjà conquis, le regard timide et rieur tourné vers un hors champ qui l’anime. Et c’est comme si Agnès Gayraud avait durant toutes ces années emmené avec elle ce mystérieux hors champ, comme un monde rien qu’à elle, devenu depuis espace musical qu’elle explore sans cesse sans trop en dévoiler le secret. Faute de pouvoir le voir, on peut l’écouter, le deviner. Depuis le premier morceau du premier EP. Il est sensible cet endroit, il est sensuel et suave, sombre parfois, lumineux souvent. Et puis depuis peu, il y a cette phrase taguée sur les murs. « Adieu l’enfance ». A-t-on affaire à un règlement de compte ? Une revendication ? Ça ne peut pas être ça, personne n’aime les adieux.

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La Féline: le bleu de l’enfance


la féline adieu l'enfance ep

La Féline, que nous chérissons depuis presque toujours, a récemment sorti un trois-titres qui continue de séduire le plus grand nombre.

Adieu l’Enfance préfigure un album éponyme à venir pour le début de l’automne 2014, et d’ici là, deux titres orignaux à se mettre sous la dent pour patienter (et un « rework » du titre phare). Retour sur cette collation au travers de quelques questions.

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Ton album sortira début octobre chez Kwaïdan Records. Depuis quand collabores-tu avec ce label ? Qu’en retires-tu ?

J’ai rencontré Marc Collin, il y a maintenant plus d’un an. Nous avions écouté mes démos, échangé, parlé de musique en général et en étions restés là. Plusieurs mois plus tard, il m’a invitée à jouer dans une soirée dont il était programmateur, le show lui a plu et il m’a proposé ensuite d’accompagner la Féline sur la sortie de l’album. Marc est le DA idéal, c’est-à-dire qu’il ne joue pas au DA justement, il me laisse faire ce que je veux. Il sait que j’ai mûri ce disque depuis très longtemps, il me fait confiance. Du coup, c’est un peu comme avant puisque je continue à faire face à mes intentions artistiques toute seule, mais Kwaidan m’apporte un soutien matériel, une équipe, une confiance aussi qui fait que je me sens épaulée. C’était déjà bien sûr le cas avec les Balades Sonores, Thomas Changeur en particulier qui s’est énormément investi pour la Féline depuis 2011, mais Kwaidan m’apporte maintenant la structure de label plus classique dont j’avais besoin.

Les deux titres de l’EP figureront-ils tous deux sur l’album ? Comment s’intitulera cet opus ?

Il y a trois titres sur l’EP : « Adieu l’enfance », « Dans le doute » et un rework solo d’Adieu l’enfance : ce dernier titre figure exclusivement sur l’EP. Une version vidéo live en sera bientôt publiée. Quant au titre de l’album, ce sera Adieu l’enfance LP. J’assume ce côté totalement obsessionnel.

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Subjective / La compil !


sub5ANS

Subjective fêtait récemment ses 5 ans d’existence. 5 ans, 42 obsessions pop, plus de 80 concerts dans le cadre des soirées SUBJECTIVE LIVE !

Pendant ces 5 ans une vingtaine de personnes se sont activées pour faire tourner la machine ; vidéastes, photographes, rédacteurs, régisseurs, programmateurs, graphistes, chargés de com….

Mais surtout, Subjective a réussi a fidéliser ses lecteurs en nageant à contre courant de la mode du zapping. Lorsque Subjective présente un focus, elle s’y attarde, ne survole pas et s’attache à proposer un contenu éditorial original et fouillé.

Pour ses 5 ans, Subjective voulait – comme on dit – marquer le coup. L’équipe s’est creusé les méninges, a concentré son souffle vital et son énergie la plus pure. Le résultat, une compilation – SUBJECTIVE 5 ANS ! – qui rassemble 19 de nos obsessions pour plus d’une heure de bonheur incommensurable et de douces jouissances auditives.

Fière comme jamais, Subjective ajoutera le 23 décembre un cadeau de plus aux pieds du sapin de ses lecteurs. Quelques heures avant le passage de l’illustre personnage à barbe blanche, Subjective proposera en téléchargement libre cette compilation qui rassemble le meilleur de 5 années d’obsessions musicales, réalisée grâce au soutien de groupes et musiciens à nos yeux emblématiques de la « touche » Subjective.

Au menu : Isaac Delusion, Night Riders, Hard Working Boss, Loki Strafish, Fiodor dream Dog, In The Canopy, La Féline, Wolves & Moons, et gardons les autres noms pour la surprise !

Bonnes fêtes à tous, et longue vie à Subjective !



HELLO KURT / Spectres


 

 

– Hello Kurt. Comment ça va ?

– Hum. Et toi ?

– Content que tu demandes. Fantastique.

– Ah. Pourquoi ça ?

– Je pense que j’ai joui dans un spectre la nuit dernière. J’en transpire à l’évoquer.

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LOU REED / « Kicks » (1975)


Lou Reed Coney Island Baby

La pose et la voix qui tremble

Longtemps je n’ai pas trop aimé Lou Reed. Je ne parle pas de la silhouette flétrie qu’il est devenu, à mi-chemin entre la momie et l’insecte. Je parle du Lou Reed de toujours, celui du Velvet et de l’album Berlin, de ces photos noir et blanc contrastées à bloc, devenues des modèles d’élégance arty ; du Lou Reed à qui Lester Bangs était prêt à faire des tas de cochonneries en échange d’une toute petite interview. C’est cette image de légende, si parfaite et codifiée, qui m’a longtemps retenue de l’écouter vraiment : lunettes noires vissées sur un visage de statue romaine, l’absence de sourire gravée dans le marbre, l’air supérieur et blasé, le tough & skinny guy fascinait trop pour me toucher. Alors même que Lou Reed est un des types les plus lettrés de l’histoire du rock, qui a écrit des textes d’une profondeur inouïe, alors même que son répertoire fourmille de chansons déchirantes, que son histoire est déchirante – la séance d’électrochocs à treize ans – c’est toujours à lui que je pense quand je me rappelle ce fait qui n’a rien d’un scoop : dans le rock, l’attitude est plus importante que les chansons. Son attitude était tellement forte, tellement arrogante, qu’elle a été cent fois reprise, jusqu’à confiner à la pose. Une façon d’être qui s’est figée et qui ne dit plus vraiment qu’on est un rebelle, mais que c’est sexy d’être rebelle ; loin de toute fragilité, de tout faux pas, on y puise une façon de se fringuer et de toiser le photographe, qui confère à n’importe qui une panoplie de mec « cool » aisément identifiable. Je reconnais que l’image est belle, fascinante, et elle fut sans doute parfaitement juste pour incarner ce que Reed avait à incarner. Mais pour tout un tas de raisons confuses, je lui préfère celle de Cale, moins maîtrisée, plus incertaine.

Ce que j’aime en revanche chez Lou Reed, c’est sa voix. Nasillarde, hautaine, un brin monocorde, elle ressemble bien à l’image évoquée plus haut. Seulement voilà, quand il chante, Lou a la voix qui tremble. Séquelle d’électrochocs et de speed, ou regain de pathos incontrôlé ? Elle me bouleverse sur « Perfect Day », « Lady Day » ou « Sword Of Damoclès », cette chanson tardive (sur l’album Magic and Loss, 1991), composée pour son ami Doc Pomus, alors en phase terminale. Mais c’est dans le morceau « Kicks » (Coney Island Baby, 1975) que je l’ai entendu me livrer sa leçon la plus nihiliste, précisément à propos de la pose. « Hey man what’s your style ? », répète la voix qui circule de long en large dans une pièce enfumée, remplie de gens qui se la donnent en buvant du whisky et en revenant des toilettes le nez irrité. On les entend qui gueulent un peu, mais déjà loin, très loin, sur le lit d’un riff de guitare bluesy moite, répété en boucle comme sur un disque rayé que les gars sont trop défoncés pour aller changer de face. Un jeu de cymbales omniprésent fait chorus avec les fréquences de voix dans un nuage sonore gris électrique. Dans cette fumée qui pique la peau, la voix de Reed redemande : « Hey man what’s your style ?How you get your kicks for living? ». Le ton est blasé, c’est l’ennui. Mais un événement a émoustillé la faune avachie qui se tient là dans le vague espoir de trouver un motif d’excitation. On en parle dans les journaux : un mec en a tué un autre, apparemment, d’un coup de couteau, on a vu couler du sang. « When the blood comma’ down his neck…/ Don’t you know it was better than sex, now, now, now / It was way better than getting mean / ’cause it was, the final thing to do, now / Get somebody to come on to you […] And then you kill ’em, yeah / You kill ’em, now, now, cause I need kicks » Kicks: le pied ! Mieux que tout ce que promet le rock’n’roll, en somme : quelque chose de vraiment excitant, de vraiment réel. Mieux que la plus radicale, la plus méchante des attitudes. « Hey man what’s your style ? » : la question reste sans réponse, c’est le monologue d’un esthète déguisé en voyou, l’ode au meurtrier d’un snob en manque de vérité, de vrai chair, d’adrénaline et de sang. Et la voix monocorde se met à bégayer de plus belle, comme pour dominer son habituel tremblement : « I need, need, need, need, need, need, need some kicks / Yeah, need, need, need, need, need, need, need some kicks / Oh, give it now, kicks / Yeah, need some kicks / Yeah, need some k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k, kicks.  » Et en trois phrases, j’entends tout : l’ennui, la morgue et l’impuissance. La sacro-sainte attitude qui se retourne en incantation enragée et en désespoir. Cette fois, Lou, je te crois. 

par Agnès Gayraud

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APPARAT / « Live @ Fad, Barcelona » (2003)


apparat_liveatfadbarcelona

En bon synthé-man de La Féline, je voue une passion aux nappes synthétiques. Première époque, enfance, les cités d’or présentent une OST synthétique superbe, immersive, et toute en textures synthés old school planantes. Déjà amoureux de Zia, je suis d’autant plus captivé par ces sons magiques. Deuxième époque, la voiture d’un copain, Houlgate by night, et “Wish you Were Here” de Pink Floyd dans l’autoradio. Là encore, des nappes synthétiques irréelles, splendides, l’immersion est totale. La rencontre était évidente.

A cette époque je me demandais régulièrement pourquoi aucun groupe moderne ne reproduisait les sons de Pink FLoyd ? Aujourd’hui je sais que c’était un désir stupide, et par exemple je fuis toute chronique de Magic qui va encore encenser le dernier popeux venu aux Beach Boys.

Troisième époque, Internet, les forums de musique, j’ai découvert Apparat, dont les textures de nappes, encore elles, m’ont immédiatement touchées. Apparat n’atteint pas toujours des sommets, mais quand il les atteint, ce sont des Everests. Ce live en est un. ll n’est pas totalement exempt des tics de production de son époque, mais qu’est-ce que j’aurais aimé y être ! J’aime spécialement Apparat car sa production est toujours tournée vers le futur, les sons sont technologiques, futuristes, sa musique ne paie pas de tribut particulier au passé, point de tentation vintage. Alors, dans mon panthéon 2000 il trône aux côté de Timbaland, Animal Collective et quelques autres qui ont amené une couleur inexistante jusque-là, loin — au-dessus, en fait — des revivalists.

Si les cités d’or doivent revivre un jour, c’est à lui qu’il faut confier la bande-son.

Télécharger ici.
Apparat a donné ce mp3 en téléchargement libre sur son site durant plusieurs années, alors je suppose que je peux faire de même.

par Xavier Thiry

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La Féline @ Monk’s Café, Lille (16.06.2012)


La Féline au Monk's Café de Lille le 16 juin 2012

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