xavier thiry



La Féline: le bleu de l’enfance


la féline adieu l'enfance ep

La Féline, que nous chérissons depuis presque toujours, a récemment sorti un trois-titres qui continue de séduire le plus grand nombre.

Adieu l’Enfance préfigure un album éponyme à venir pour le début de l’automne 2014, et d’ici là, deux titres orignaux à se mettre sous la dent pour patienter (et un « rework » du titre phare). Retour sur cette collation au travers de quelques questions.

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Ton album sortira début octobre chez Kwaïdan Records. Depuis quand collabores-tu avec ce label ? Qu’en retires-tu ?

J’ai rencontré Marc Collin, il y a maintenant plus d’un an. Nous avions écouté mes démos, échangé, parlé de musique en général et en étions restés là. Plusieurs mois plus tard, il m’a invitée à jouer dans une soirée dont il était programmateur, le show lui a plu et il m’a proposé ensuite d’accompagner la Féline sur la sortie de l’album. Marc est le DA idéal, c’est-à-dire qu’il ne joue pas au DA justement, il me laisse faire ce que je veux. Il sait que j’ai mûri ce disque depuis très longtemps, il me fait confiance. Du coup, c’est un peu comme avant puisque je continue à faire face à mes intentions artistiques toute seule, mais Kwaidan m’apporte un soutien matériel, une équipe, une confiance aussi qui fait que je me sens épaulée. C’était déjà bien sûr le cas avec les Balades Sonores, Thomas Changeur en particulier qui s’est énormément investi pour la Féline depuis 2011, mais Kwaidan m’apporte maintenant la structure de label plus classique dont j’avais besoin.

Les deux titres de l’EP figureront-ils tous deux sur l’album ? Comment s’intitulera cet opus ?

Il y a trois titres sur l’EP : « Adieu l’enfance », « Dans le doute » et un rework solo d’Adieu l’enfance : ce dernier titre figure exclusivement sur l’EP. Une version vidéo live en sera bientôt publiée. Quant au titre de l’album, ce sera Adieu l’enfance LP. J’assume ce côté totalement obsessionnel.

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APPARAT / « Live @ Fad, Barcelona » (2003)


apparat_liveatfadbarcelona

En bon synthé-man de La Féline, je voue une passion aux nappes synthétiques. Première époque, enfance, les cités d’or présentent une OST synthétique superbe, immersive, et toute en textures synthés old school planantes. Déjà amoureux de Zia, je suis d’autant plus captivé par ces sons magiques. Deuxième époque, la voiture d’un copain, Houlgate by night, et “Wish you Were Here” de Pink Floyd dans l’autoradio. Là encore, des nappes synthétiques irréelles, splendides, l’immersion est totale. La rencontre était évidente.

A cette époque je me demandais régulièrement pourquoi aucun groupe moderne ne reproduisait les sons de Pink FLoyd ? Aujourd’hui je sais que c’était un désir stupide, et par exemple je fuis toute chronique de Magic qui va encore encenser le dernier popeux venu aux Beach Boys.

Troisième époque, Internet, les forums de musique, j’ai découvert Apparat, dont les textures de nappes, encore elles, m’ont immédiatement touchées. Apparat n’atteint pas toujours des sommets, mais quand il les atteint, ce sont des Everests. Ce live en est un. ll n’est pas totalement exempt des tics de production de son époque, mais qu’est-ce que j’aurais aimé y être ! J’aime spécialement Apparat car sa production est toujours tournée vers le futur, les sons sont technologiques, futuristes, sa musique ne paie pas de tribut particulier au passé, point de tentation vintage. Alors, dans mon panthéon 2000 il trône aux côté de Timbaland, Animal Collective et quelques autres qui ont amené une couleur inexistante jusque-là, loin — au-dessus, en fait — des revivalists.

Si les cités d’or doivent revivre un jour, c’est à lui qu’il faut confier la bande-son.

Télécharger ici.
Apparat a donné ce mp3 en téléchargement libre sur son site durant plusieurs années, alors je suppose que je peux faire de même.

par Xavier Thiry

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Metal Memoria / par Xavier Thiry (La Féline)


fist

Xavier tient les claviers dans La Féline, et va publier en 2012 un EP sous le nom Hello Kurt.

[1/6] IRON MAIDEN

Iron Maiden au sommet de sa formule « cavalcade mi-do-ré ». Le groupe de metal le plus sympathique du monde, avec une superbe énergie live. On admirera ici le pont en 6/8 et son cri qui tue à 1:41

[2/6] SEPULTURA

« Arise », excellent morceau thrash ultra-orthodoxe de Sepultura. Grosse caisse clic clic, guitares hélicoptères, riffs hyperchromatiques, tout y est. Point faible : le texte est un peu ballot. Point fort : le décor de carrière abandonnée, théâtre idéal de la sous-culture mondialisée. Bioman-Sepultura, Japon-Brésil, un seul monde.

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PAUL McCARTNEY / « Waterfalls » (1980)


paul mccartney waterfalls

Je suis fasciné par les vêtements de Paul dans cette vidéo. Je les trouve sublimes, il lui vont parfaitement. Je donnerais cher pour ce veston. Assez étrangement, la plupart des gens ne semble pas partager mon enthousiasme pour ses habits. Je reste pourtant persuadé que si quelqu’un débarquait dans une assemblée ainsi vêtu, il buterait tout le monde. Oh, et la chanson est bien aussi.

par Xavier Thiry

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STEVE REICH / Music For 18 Musicians (1976)


steve reich music for 18 musicians

La découverte de cette pièce a été un choc pour moi. Music For 18 Musicians m’engloutit dès les premières mesures. En ouverture, les timbres des marimbas, clarinettes, violons et voix s’assemblent en grappes de notes aux textures inédites, en croches rigoureuses. Flux et reflux. Un faisceau de lignes de fuites musicales se construit. La sensation de mouvement est immédiate et intégrale.

La pièce joue ensuite avec des motifs de quelques notes, travaillant la complémentarité des motifs entre les différents instruments et évoluant de l’un à l’autre en pure inconscience de l’auditeur. En écoutant ce morceau, je me représente des formes géométriques lumineuses qui se succèdent par morphing. L’harmonie est complètement ouverte, parfaitement neutre dans ses intentions émotionnelles. Impossible de déterminer une humeur particulière imposée par l’auteur (*), je suis alors totalement libre de mes projections mentales.

Il y a un fil qui relie le travail de Reich aux orchestres de gamelan balinais, dont il s’est inspiré, à des artistes comme Neu !, Tortoise, Brian Eno, Sonic Youth, The Field, etc. Ce sont des propositions musicales en forme de trajectoires pures, avec la boucle pour seul horizon, des harmonies en suspension perpétuelle (gamme pentatonique rules), des basses continues, des rythmes hypnotiques. C’est la musique dans ce qu’elle a de plus abstrait, ondes qui se propagent cycliquement dans l’air. Ramenée à la transe, voici la musique au plus près d’elle-même.

(*) contrairement à une chanson de Zaz par exemple

par Xavier Thiry
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La Féline


Agnès, tu me disais récemment que certaines personnes ne savaient pas placer La Féline dans une catégorie — musique indé ou variété. Pour toi, le fait qu’il puisse y avoir hésitation sur la nature de votre musique, c’est plutôt insultant, ou au contraire plutôt flatteur ?

Agnès Gayraud : C’est un faux diagnostic. C’est comme si ce genre de découpage était encore pertinent aujourd’hui, alors qu’on voit bien qu’il y a plein de groupes influencés par une esthétique indé qui sont devenus « mainstream ». Comme dans le folk en ce moment ou dans le rock des années 80. Quand on nous dit ça, je trouve que ce sont des gens qui ne voient pas que l’époque se prête aussi à ça, c’est-à-dire qu’on peut faire quelque chose qui soit à la fois grand public et exigeant. De plus en plus exigeant, d’ailleurs, parce que le public connaît plus de musique, notamment grâce aux téléchargements sur Internet : on peut écouter à volonté des morceaux vieux de quarante ans ! C’est cet affinement des goûts « populaires » qui fait qu’on peut prétendre faire de la musique grand public sans que ce soit insultant. Quand on fait de la pop, on recherche bien sûr quelque chose d’immédiat. Mais en effet, on est aussi un groupe intransigeant. Il y a en nous ces deux côtés, qui entrent parfois en contradiction, mais je pense que ça appartient à l’époque. On est fier de la représenter.

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