Gulcher


Quand avez-vous joué votre premier concert ?

Alexandre Rouger : Le tout premier, il n’y avait pas Ronan…

Ronan Queffeulou : Donc je ne peux pas parler du tout premier concert. Je peux parler du premier concert sur lequel j’ai joué et, si je me souviens bien, il n’y avait pas de basse. C’était au Neuf Billards et Alexandre n’avait pas pu venir. C’était une soirée un peu bizarre. Il y avait des créateurs de mode qui présentaient leurs dernières créations et nous avions une petite scène. On a joué super garage.

Alexander Faem : Vraiment, juste guitare, batterie, voix.

Ronan Queffeulou : Ca crachait hyper fort. Il y avait un petit attroupement devant nous avec des gens fous furieux qui dansaient. On avait fait une ou deux reprises de groupes punk.

Alexandre Rouger : Donc le premier, Ronan n’était pas là. Le second, je n’étais pas là. En fait, le premier concert qu’on a joué tous ensemble, on ne s’en souvient plus !

GULCHER09_LD« On a joué super garage »

Parlez moi plutôt d’un concert marquant, alors !

Alexandre Rouger : Personnellement, je me souviens d’un concert à la Laiterie à Strasbourg. C’était juste après la première chronique importante qu’on avait eu sur notre EP dans Les Inrocks. On était surexcité. Le soir même, on va jouer dans de super conditions, sauf que c’était très tôt, à 20h, donc on a joué devant une vingtaine de personnes. C’était un bon concert, mais il n’y avait personne. Il y avait une excitation (grâce à chronique) et une forme d’énervement et de frustration, surtout qu’une heure après, la salle était blindée !

Ronan Queffeulou : On a essayé de vendre des trucs au stand de merchandising et personne ne passait devant nous. Tout le monde allait au groupe d’après.

Mais il n’y a pas un concert qui vous a marqué… en bien ?

Alexandre Rouger : Si, je me souviens d’un concert à Cherbourg, à l’Ultrason ! On a été super bien accueilli, il y avait du champagne après. Il y avait plein de petits jeunes avec qui on a discuté. Ils écoutaient du metal — donc pas vraiment notre style — mais comme ils aimaient bien sortir, ils sont venus. Les gens étaient à fond. Tout le monde sautait partout.

Alexander Faem : Il y avait même des gens qui pogottaient pendant le concert…

Alexandre Rouger : Ah oui, et notre musique n’est pas vraiment super bourrin. Ca changeait beaucoup du spectateur parisien qui est au bar et qui regarde de loin en se disant « ouais, c’est quoi ce truc qui passe ? », en buvant son verre négligemment, l’air un peu blasé… Ce qui peut se comprendre aussi, compte tenu de tous les concerts qu’il y a à Paris.

GULCHER15_LD« Surexcité »

Quelle a été votre première répétition avec la formation actuelle ?

Johan D : Quand je suis arrivé, ils m’ont fait écouter les morceaux, donc je les ai découverts en studio. Après, ils me regardent et me disent d’essayer un truc. C’était la première vraie répét’ que je voyais, donc c’était assez délicat. Ils voulaient vraiment m’entendre chanter, donc on a repris « You Really Got Me » de The Kinks. On avait essayé de trouver un truc qu’Alexander pouvait jouer immédiatement.

Alexandre Rouger : En fait, j’étais le seul à avoir déjà entendu Johan chanter, parce qu’on avait fait des tribute ensemble. Donc il fallait faire un truc pour qu’Alexander et Ronan se fassent une première impression.

Et quand est-ce que vous avez répété des morceaux de Gülcher ?

Johan D : Dès la fois suivante. On était en studio. Ils m’avaient filé un CD avec les maquettes sur lesquelles il y avait les instrumentaux. Le morceau « Bird Nine » est le premier qu’on a travaillé.

Donc quelle a été la première répét’ tous ensemble ?

Johan D : En fait, il y a deux types de répét’. Il y a celles qui se passent chez Alexander. Il y a un ampli, Alexandre est parfois là. On fait des essais. C’est le tout début des choses. Après, quand on est au studio à Bondy, ce n’est que de la répét’ pour le live.

Ronan Queffeulou : Oui, c’est un studio pour travailler la prestation scénique et le son. On s’entend comme dans des conditions de concert.

Johan D : En appart, en fait, ce sera toujours plus de travail. On va écrire, mais on ne va jamais jouer à fond avec batterie et amplis.

GULCHER13_LD« En appart, en fait, ce sera toujours plus de travail »

Et pour l’enregistrement des morceaux, où allez-vous ?

Alexandre Rouger : C’est un autre endroit en Normandie. On y a déjà enregistré After Nature, avec le même ingénieur du son.

Johan D : C’est dans un coin paumé dans une grande maison reconvertie en studio.

Ronan Queffeulou : On dort sur place. On peut passer un week-end. Tout est fait pour.

Vous y avez déjà fait quelques séjours ?

Ronan Queffeulou : Pour le moment, on y a enregistré « Bird Nine ». Pour la suite, ce sera peut-être là-bas, peut-être ailleurs, on verra.

Ca s’est bien passé, cette première expérience studio à quatre ?

Alexandre Rouger : Oui, très bien, et on a été très surpris par l’aisance de Johan. C’était le premier enregistrement de sa vie.

Alexander Faem : Il a très bien chanté et dès la première piste, il était dedans. Pourtant, c’est vachement difficile, parce que toute l’acoustique est dans les oreilles.

Johan D : Il y a toute une atmosphère en studio. On est tous avec une canette de Heineken dans la main et une cigarette dans la bouche.

Alexandre Rouger : En plus, on n’a aucune contrainte de temps. On ne doit pas finir à 19h. Si on a envie d’enregistrer un truc à 1h du matin, il n’y a pas de problème. Il y a une plus grande liberté et on commence à être des habitués. On bosse avec l’ingé son, il y a un vrai truc qui se passe.

Parlons de ce morceau, « Bird Nine »…

Alexander Faem : Il y a un petit secret de guitariste. La corde de sol est accordée en fa dièse. C’est parti un peu là-dessus.

Ronan Queffeulou : La batterie est minimaliste. Le pattern se fait à une main. Il est très proche de la basse, ce qui est normal, puisque c’est la ligne de basse qui m’a influencée.

Alexandre Rouger : La ligne de basse m’a été inspirée par la guitare. La ligne de batterie a été inspirée par la basse. Et le pattern de batterie a vachement inspiré le chant. Ca ne se passe pas toujours comme ça !

Johan D : Ca a évolué naturellement. Au niveau de la voix et du texte, c’est un des seuls morceaux que j’ai écrits en une seule fois. En vingt minutes. J’avais l’impression de chanter comme Alex Kapranos de Franz Ferdinand, alors que je n’aime pas ce groupe. Je ne pense pas que cela s’entende trop ! Peut-être qu’à la production, on pourra prendre des décisions conscientes, mais à l’écriture, tout se fait au feeling, selon ce qu’on veut faire. Niveau prod, on avait décidé de mettre du synthé sur notre musique ; c’est joué par Alexander. On a essayé plein d’arrangements…

Alexander Faem : Quand on rentre en studio, il y a des éléments qui n’existent pas sur la version démo 4 pistes. Et comme on a du temps en studio, on peut essayer des choses…

Alexandre Rouger : En fait, dès qu’on a une nouvelle idée, on tente et on voit ce que ça donne. C’est vrai que ça bouge tout le temps.

Lorsque vous avez répété « Bird Nine » en studio à Bondy, y a-t-il des éléments dont vous vous êtes dits qu’ils passeraient mieux en live de telle ou telle manière ?

Alexandre Rouger : Justement, il y a une intro plus longue en live.

Ronan Queffeulou : On pourrait la jouer comme on l’a enregistrée et ça fonctionnerait. Par contre, si on l’avait enregistrée comme on la joue en live, ça aurait moins bien rendu.

Gulcher aujourd’hui, à quoi faut-il s’attendre ?

Alexandre Rouger : C’est vraiment notre comeback. Nouvelle formation, nouveau répertoire, retour sur scène, nouveaux morceaux et album en préparation. On n’a pas encore fixé la date d’enregistrement, mais on a une grosse dizaine de morceaux qu’on va sélectionner.

Johan D : On va enregistrer dans l’année. Fin de l’année, début de l’année prochaine.

Ronan Queffeulou : Idéalement, ce serait parfait si on pouvait se trouver un label français pour le sortir sous licence. On est aussi ouvert à toute proposition de labels étrangers.

GULCHER14_LD« C’est vraiment notre comeback »

 Justement, où en êtes-vous sur ce plan ?

Ronan Queffeulou : On n’est plus sur un label.

Alexandre Rouger : On a fait quelques démarches. Si on ne trouve pas, on ne va pas passer trois plombes à chercher et on va se focaliser sur l’enregistrement.

Ronan Queffeulou : L’aspect financier est ici important, parce que si on arrive à négocier une licence, on utilisera peut-être l’argent pour avoir une bonne production. Autrement, on le fera avec nos moyens.

Johan D : Les labels prennent assez peu de risques. Ils préféreront un groupe qui a déjà une image, qui a déjà pas mal tourné… Autrement dit, il y a pas mal de chance pour qu’on fasse notre album en autoproduction.

Alexander Faem : Malgré tout, on ne fera jamais une vraie autoproduction. L’idéal reste quand même d’avoir une distribution avec nous. Qu’on le produise nous-mêmes, qu’on ait une licence, pourquoi pas, mais l’important c’est qu’on ait une distribution et qu’on soit en magasins.

Alexandre Rouger : Et la promo également. C’est ce qu’on attend d’un label aujourd’hui et c’est un domaine qu’on ne connaît pas du tout. Avoir du financement pour un album, aujourd’hui, c’est du domaine du rêve.

Johan D : Dans tous les cas de figure, on le fera cet album. Si avec la chance, on trouve, ce sera très bien. Autrement, on fera avec les moyens qu’on a.

Et vous pensez sortir un single ou un EP avant l’album ?

Johan D : On va donner « Bird Nine » pour avoir de premiers retours et ce sera une manière de dire qu’on est de retour. C’est un premier teaser. Après, on enchaînera directement avec l’album. On changera peut-être d’avis, mais pour le moment, c’est ce sur quoi on s’est accordé.

Pourquoi avoir choisi de finaliser « Bird Nine » en premier ?

Johan D : Déjà, c’était le premier dont le texte était complètement terminé…

Ronan Queffeulou : En plus, au moment d’enregistrer, on avait quatre ou cinq morceaux qu’on pouvait faire, mais on a choisi celui-là notamment pour son originalité. Il tranche beaucoup avec ce qu’on faisait avant. On l’aime bien.

Alexandre Rouger : Et il a un son quelque peu étonnant. On ne voulait pas enregistrer un single évident. On voulait intriguer.

Alexander Faem : On a volontairement choisi un morceau pas très commercial. Les morceaux plus accrocheurs et plus pop, on les garde pour la suite.

GULCHER22_LD« On a volontairement choisi un morceau pas très commercial »

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