THESE NEW PURITANS / Hidden (2010)


These New Puritans Hidden

J’ai découvert ce groupe avec l’album Hidden, sorti en janvier 2010, avec le titre « Orion » et une chronique assassine de l’album par Magic. Je me suis tout de suite dit qu’un album inintéressant ne pouvait attirer tant de haine, ai acquis les titres et les ai patiemment écoutés. Parce que oui, il faut de la patience pour écouter un disque, l’apprivoiser. Quand adolescente j’ai écouté The Queen Is Dead des Smiths pour la première fois, je n’ai rien compris, je trouvais ça mauvais, mais comme c’était un disque, et pas un petit mp3 inoffensif jetable qui ne faisait que passer, je me suis résignée à réécouter et j’ai compris : c’est resté un de mes albums préférés.

Ce qui m’a retenue dès la première écoute de Hidden, ce sont ces textures sonores très axées sur les cuivres et les percussions : il y a quelque chose de wagnérien chez These New Puritans. Peut-être est-ce là la prétention qu’on leur reproche ? C’est pourtant plutôt ambitieux il me semble et risqué surtout de faire le choix d’une esthétique à la fois austère (en partie héritée de la new wave de Wire ou de Magazine), pour réveiller le potentiel provocateur de la pop justement. Ce paradoxe me plaît, et cette musique me touche (oui, le cerveau). J’aime cette remarque du et compositeur du groupe Jack Barnett, dans une interview du 31 mai 2010, par Sylvain Fesson, dans la revue Gonzaï, qui fait comprendre combien cet aspect « cérébral » qu’on leur reproche n’est rien d’autre qu’une intelligence vraiment profonde (à 22 ans) de ce que c’est que la pop, et de la part d’avant-garde qu’elle peut recéler. Le bambin qu’on accuse d’élitisme est un admirateur du dernier album de Britney Spears dont il préfère la « folie sincère » à « l’excentricité calculée de Lady Gaga ».

Jack Barnett pour Gonzaï :

« La folie de Britney c’est aussi ça qui fait que Blackout est un disque si étrange, parce qu’il y a là-dedans quelque chose de presque nihiliste… Ce qui est bien c’est que plus tu es populaire plus tu peux te permettre de faire des disques osés. C’est ce que j’aime dans le fait d’être un groupe pop : tu peux être audacieux car tu avances masqué par une forme accessible. Je suis donc content qu’un disque comme Blackout puisse marcher. Car c’est aussi ça l’idée de These New Puritains : faire de la pop, mais tordue. »

Indeed. En attendant le masque pop de Hidden cache mal l’aspect profondément tordu de l’ensemble. C’est là sa sincérité profonde, à cet enfant de curés pop défroqués par l’audace.

 

Par Agnès Gayraud


La Féline sera en concert ce vendredi 10 février à 19h au Batofar.

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