TEXTES



WOLVES & MOONS


Le folk lunaire ça tente quelqu’un ?
Avec ses mélodies ciselées, Wolves & Moons nous embarque pour un voyage poétique et enivrant. Je ne sais pas pour vous, mais quand je me balade en forêt, j’aimerais bien que des mecs me suivent avec leur guitare et me chantent des mélodies planantes. ça m’éviterait de devoir me les chanter moi-même et je pourrais me concentrer sur le reste. Bien sûr, en bon urbain que je suis, les virées en pleine nature ça n’arrive pas souvent. En revanche, pour ce qui est de me chanter des trucs, ça n’arrête pas. En ce moment, y a en qui me trottent, de ces mélodies qu’on chantonne quatre heure après les avoir entendues sans trop savoir d’où elles viennent.
Avoir l’impression de passer la nuit dans le forêt, accompagné des loups sous la lumière réfléchie de la nuit, comme ça c’est sûr, ça n’a pas l’air très rassurant, pourtant on se sent étonnement réconforté à l’écoute de Wolves & Moons. D’abord, la voix nous emporte, c’est elle qui impose en toute simplicité et légèreté ces superbes chansons. Les arrangements sont subtils, des arpèges aériens accompagnent la guitare acoustique rythmique, la batterie est légère et les harmonies vocales envoûtantes. « In The Bleak Midwinter » m’a réchauffé, j’ai eu l’impression d’être sous ma couette à regarder la pluie qui tombe dehors. Avec « Wilder Lands » ou « Nothing Ever Shone In The Sun », je me suis senti enfant. Cette musique est très rassurante : c’est ma mère qui me borde, mon père qui me joue « The Letter » des Box Tops, mon grand frère qui me fout des coups de latte pour pas que je vienne le gonfler la nuit quand j’ai fait un cauchemar… « Time Is All » fait partie de ces chansons que j’aurais voulu écrire, trop tard… Et « At That Time », extrait du prochain EP, ne laisse augurer que du bon.

Que reste-il lorsque la musique est dépouillée de la plupart de ses apparats parfois envahissants ? La pure mélodie ! L’essentiel en gros. Ce qui nous fait quitter le fond de notre canapé comme ça. C’est que Wolves & Moons est branché directement sur les tripes, une machine à sensation !

Par Antonin Ollivier



Pilöt Kidz / Walking In rÖws


Étrange paradoxe, Pilöt sont devenus des Kidz, en dépit de l’influence du temps. Nouvelle mouture, nouvel album, Pilöt Kidz a pris en maturité. Toujours cet amour des chants lancinants comme des plaintes de chimère, des rythmes gras comme un orage d’été. Ce sens aigÜ de la fusion des genres, poussant au delà des frontières communément entendues. Au plaisir de notre ouÏe, dopée par ce sens voltaÏque de la musique qui leur est propre.

par Nicolas Fez

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MOTION OF HIPS


2013, le futur.
Nous somme le 5 avril et la température extérieure ne dépasse pas le 0° celsius. Sur l’étroit trottoir parisien que vous empruntez au retour du boulot, des glaces tardives rendent chaque pas incertain. Vos jambes sont tendues, comme prêtes à rompre, dans l’anticipation d’une perte d’équilibre et d’une chute forcément douloureuse. Dans un effort pour offrir une prise minimale au vent glacial, vous plaquez vos bras engourdis contre votre cage thoracique. Tout votre corps vous fait l’effet d’un vieux morceau de bois sec, qui accueillerait avec reconnaissance la brûlure d’une bonne flambée. Sans y penser vraiment, vous descendez dans une cave obscure. Peut-être est-ce la tiédeur qui s’élève de son entrée béant sur la rue qui vous as conduit à ce détour, ou peut-être est-ce la musique. Une chose est sûre, la décision d’y entrer n’a pas été prise consciemment. Votre cerveau analysera plus tard ce qui semble bien être une initiative autonome de votre corps. Les muscles ont-ils l’instinct de survie ? Les jambes et les bras une raison de vivre ? Certainement, votre corps a su reconnaître ce qui était bon pour lui.
Dans la cave, il se réchauffe, se dégourdie et s’anime. Il palpite et commence à transpirer. « C’est cette musique ! », comprenez-vous trop tard. « Elle agit sur mon corps, le fait se mouvoir ». Vous vous tournez vers la scène pour tenter d’en découvrir la source. Quatre jeunes hommes s’échinent gentiment sur leurs instruments tandis qu’un projecteur vidéo raconte une autre histoire sur leurs visages. Tout semble pourtant calme et rassurant. La voix est douce, presque juvénile. L’instrumentalisation est légère et harmonieuse. Au fond de la scène, le nom du groupe est inscrit en lettres amicales.
Insidieusement, sans violence, les arpèges aériens sont venus se coller sur le revers de votre inconscient, imprimant leur cadence dans votre mémoire avant même que vous en ayez eu conscience. La contamination est effective. Plus jamais cette musique ne vous quittera. Alors que votre regard balaye la fosse, vous appréhendez l’ampleur du phénomène. Des hanches se balancent, de femmes, d’hommes, en gestes saccadés et langoureux. L’envie de les rejoindre vous submerge, et déjà votre bassin imprime au reste de votre corps un mouvement rythmé et suggestif.
On susurre à votre oreille :
– Tu aimes ce groupe ?
– Quoi ?
– Motion of Hips, j’adore !
Vous cherchez à en apprendre davantage, mais une clameur noie vos questions. Le set est terminé et les « encore » crépitent. Le groupe se fait prier, feint la lassitude. Mais déjà ils ont ramassé les instruments et enchaînent avec un nouveau track. A nouveau, la musique inspire aux hanches un mouvement hypnotique, fait se fondre les corps en un unique organisme dont la grosse caisse est le cœur et les cordes de guitare, les tendons.
Demain, les seuls souvenirs de cette soirée seront des crampes. Vos muscles douloureux, mais définitivement heureux. Demain, vos muscles vous traîneront à nouveau dans cette cave, à votre corps défendant, réclamant leur dose de dopamine.

par Thomas Darras



Cette semaine : 2 soirées, 4 concerts, 14 musiciens, 400 spectacteurs


Dernière semaine de Carême pour Subjective, que nous allons célébrer dans une orgie de cocktails sucrés et de pop songs sensuelles.

Mercredi soir : Subjective Merry Melodies au Motel avec MOTION OF HIPS (notre prochain groupe du mois)

Subjective Merry Melodies Motion Of Hips au Motel le 27 mars 2013

 

 

Jeudi soir : Subjective Live! à l’International avec MARC DESSE, NIGHT RIDERS et PILÖT KIDZ

Facebook : Subjective Live! le 8 mars 2013 à l'International avec Marc Desse + Night Riders + Pilöt Kidz

 



MOTORIFIK


Idrisse Khelifi est de ces hommes qui ne veulent pas vieillir, qui ne peuvent se résoudre à laisser partir les choses sacrées du passé. Hanté par un rêve d’adolescent inassouvi, il quitte Paris pour un Manchester fantasmé et y rencontre Phil Kay, officiant dans Working For A Nuclear Free City. Ce dernier se révèle être pour le Français une Fée Clochette providentielle qui va lui ouvrir les portes du Pays Imaginaire.

A deux, ils s’enferment dans un studio d’enregistrement local et y collent des posters de leurs groupes préférés, puis se mettent à bosser. Le fruit de leur collaboration, l’album Secret Things, s’apparente à la mix-tape idéale, de celles qu’on écoutait seul le soir, sous la couette tiède, dans un walkman-cassette aux tournant des années 80-90.

10 titres, ni plus ni moins, qui évoquent tour à tour un amour impossible dilué dans la pluie anglaise, une matinée de surf idéal sur une mer irlandaise pourvoyeuse de mythe, une vieille amitié toujours vivace.

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À Manchester, perdu dans les rues identiques des vieux quartiers ouvriers, au milieu des ruines des filatures monstres, la trame est plus que jamais emmêlée. La piste s’efface au fur et à mesure qu’on la parcourt. L’autoreverse alimente sans fin la rêverie tandis-que le sommeil prend le dessus, ajoutant une couche de réverb’ supplémentaire.

Tout cela a-t-il jamais existé ? Est-ce du shoegaze ? de la cold-wave ?

Est-ce vraiment important ? Motorifik revendique ses influences et produit une musique actuelle, nostalgique et pourtant joyeuse, bienvenue en ce début de XXIe siècle gris.

par Thomas Darras



Han Han


Han han Comment évoquer l’érotisme sans se prendre les pieds dans les tentacules du Porn ? Comment dire «han han» sans provoquer le rire des enfants ?

C’est en cherchant les réponses à ces questions que des jeunes gens biens sous tous rapports se sont lancés dans la création d’un magazine en ligne, un «webzine» comme on disait au temps du 56k, justement baptisé Han Han.

Dans le lit où fut conçu cet enfant du désir, on retrouve en position univoque Charly Lazer, de feu S.E.I.K. (obsession mensuelle de Subjective en juillet 2009), de Bison Bisou et de Ô Superman ainsi que Carlo Amen, photographe graphiste polymorphe.

Parce que Charly est une vieille connaissance et parce que chez Subjective on revendique notre nature d’obsédés, on ne pouvait pas ne pas parler de cette petite gâterie qu’est Han Han. Une entorse à notre ligne éditoriale musicale ? A peine une torsion de téton dans un trip SM ! Car dans Han Han, la musique est souvent la voie royale vers l’extase.

Bimestriel (il faut savoir prendre son temps), Han Han propose dans chaque numéro interviews, chroniques, photos et vidéos, poèmes et playlists ; une sélection de tout ce qui a émoustillé les rédacteurs pendant deux mois. La volonté affirmée du magazine est de proposer un érotisme instinctif loin du porno de masse, propre à éveiller les bas instinct du lecteur sans tomber dans le crade.

La mise en page de chaque numéro, des petites fenêtres juxtaposées renvoyant chacune à un article, évoque une boîte de chocolats dans laquelle on pioche avec gourmandise.

Outre le fait que beaucoup d’articles sont consacrés à des musiciens, les soirées Apérotisme recentrent le projet protéiforme sur la musique. Organisées tous les mois au Rouge, un bar du Vieux-Lille, elles sont pensées comme un prolongement du magazine, mélangeant image et son en projetant photos et vidéos évocatrices sur les musiciens en transe.

Tapez «porn» dans le champ de recherche et Google vous trouvera 1 milliard 350 millions de pages en 0.15 secondes. Autant dire que Han han, par ses évocations légères et raffinées, est un plaisir rare et inattendu dans le culture CUL actuelle, rare, inattendu et jouissif comme un rêve érotique un mardi soir.

par Thomas Darras

hanhan.fr
Le prochain Apérotisme
aura lieu vendredi 8 février au Rouge (Vieux-Lille)



HELLO KURT / Spectres


 

 

– Hello Kurt. Comment ça va ?

– Hum. Et toi ?

– Content que tu demandes. Fantastique.

– Ah. Pourquoi ça ?

– Je pense que j’ai joui dans un spectre la nuit dernière. J’en transpire à l’évoquer.

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