Studio Paradise


Tu t’es plaint tout Juillet : pas assez beau, pas assez chaud. Ben tiens, clique sur le petit lecteur à ta gauche et enfile tes chaussettes à paillettes. La vague de chaleur, bébé, c’est pour maintenant.

Mais Achtung, darling, faut que je te dise à quoi tu t’exposes. Tu vas te mettre dans des crazy situations. Voir le paradis depuis ton studio. Dès que quelqu’un dira le mot « Cool », tu répliqueras par un « AAAAAaaah » de serial lover. Tu ne vas pas danser jusqu’à l’aube, tu danseras seulement à l’aube. Fou, survitaminé. Une lumière floue, la fatigue, les meilleures heures de la fête.

SP26_QC

Et vingt quatre sur vingt quatre, les yeux écarquillés à force de ne pas vouloir dormir, la démarche trahissant une envie désespérée de dancefloor, résonnera dans ta tête l’étrange musique de ces Travolta rêveurs.

Du matin au soir, donc, six creatures te filent ta drogue musicale, directement installées dans ton cerveau, jouant des machines le long de tes neurones, prenant la pose contre tes synapses, chantant allongées telles des rock stars dans une piscine de moëlle cervellaire.

On les a rencontrés sur des rails où l’herbe pousse depuis longtemps, à l’Est de Paris. On les écoute, on est bien. Ils sont rigolos, là, tous, la tête dans les nuages et les pieds battant la mesure. Entre les prises, Laurent et Thomas font des percus sur les rails et le tunnel, Greg balance discrètement de sacrés riffs, David parle aux escargots et Francé vérifie derrière ses lunettes de soleil que la voie est vraiment désaffectée. Manquait Seb, celui qui, à l’origine de Studio Paradise, a passé des nuits blanches avec Francè, à créer compo sur compo. Quelques mois plus tard, il passent du vieux mini-disc au vrai enregistrement studio. Francè monte à Paris, décide de trouver des musiciens. On imagine la gueule de l’annonce : « Duo nocturne, dont un manquant, cherche musiciens tarés, muets et surdoués en vue musique de rêve survitaminé. Appeler au studio qui transmettra par voie karmique ». Pardon, je délire, j’ai quitté mes rails. Simplement, à les écouter, tu as les pieds qui s’envolent.

Toi aussi, maintenant, il te faut ta dose de paradis.

Tu sais ce qui te rend accroc. C’est cette impression de distance brumeuse, presque de manque, comme si tu étais à la fois en plein coeur de la fête et complètement en train de la survoler. L’impression que quelque chose de puissant t’appelle, que tu ne pourras jamais atteindre. La fièvre monte, le Paradis résonne aux portes de ton studio, un mélange de souvenirs et de couleurs brûlantes, et tu es soudain là, dans ton lit, le sang qui cogne dans tes oreilles au rythme des hurlements de ton réveil. Il est sept heures du matin, tu as des fourmis dans les jambes et des paillettes dans les yeux.

On t’avait prévenu. Obsession hautement contagieuse. Fièvre subjective.

par Camille Hardouin


Voir la page de Studio Paradise

</