A.P. Witomski


Il paraît que nous sommes en retard. Très. Passe encore, peut-être, qu’on publie notre numéro de septembre le 27 du mois. Mais qu’on ait attendu l’automne 2011 pour évoquer l’excellent Witomski, c’est odieux ! Subjective, le magazine qui voulait prendre son temps, à la mode slow movement — slow food, slow sex, slow travel, slow tout… Eh bien Subjective finit quand même, comme vous et moi, angoissée, compressée, terrassée par le temps qui passe.

L’obsession temporelle, vous voyez ? Moi je la vois partout. Tout me tombe dessus et, pendant ce temps, le sol glisse. Je chavire et les pieds des autres trébuchent idem.

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Je ne suis pas vieux, pourtant je me souviens d’une époque où la présence d’électronique dans la musique pop était facultative. Désormais, le défi est de trouver comment faire sonner une guitare, d’imaginer comment rendre pertinent, ici et maintenant, cet instrument du siècle dernier. A.P. Witomski nous le confesse : il veut que sa musique reste organique. Qu’on y sente l’odeur du carbone.

Et en effet, cette musique pue le carbone. Ce qui — entendons nous bien — est une formidable chose, la marque d’une intelligence folle, ou d’un instinct maîtrisé. Avez-vous remarqué comme ces jours-ci le climat est pâle ? Et comme il fait bon, parfois, retrouver chez nous la chaleur de l’objet vivant ? C’est ainsi que Witomski place la guitare dans ses chansons, en écoulement staccato, timbre et distorsion ajustés pile pour ici, pile pour maintenant. Pertinente, ô combien ! Autour, l’électronique a pris l’odeur des forêts la nuit. Elle réchauffe le monde. Parfois même, on se croirait en Italie, à la discoteca.

Le 5 octobre, nous vous retrouverons à l’International, Paris, pour notre soirée trimestrielle. D’une façon ou d’une autre, ce sera l’occasion pour Subjective d’achever sa première vie, au bout de trente numéros que nous avons voulus beaux, pour trente groupes ou artistes qui nous rendent bizarrement fiers. La nouvelle page, nous avons grand-hâte de l’ouvrir. Witomski, lui, est impatient de revenir sur scène. Il bouillonne de visions claires et de mélodies inaltérables.

Obsédés temporels, décidément, l’attente n’est pas pour nous.

par Nico Calibre


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