Sandwich Mostla Jojo Tape, c’est bel et bien le nom du premier album de Mocke, orfèvre-guitariste de notre obsession Midget !, mais aussi d’Arlt et Holden. Un nom d’album qui n’a peur de rien, vous me direz. Et je vous répondrai que vous n’avez encore rien vu, rien entendu. Cet album fait partie de ceux qui racontent une histoire. La pochette le suggère : Jojo est un individu, qui quelque part – je me plais à imaginer la frontière nord du Mexique –, concocte des sandwichs et trimballe sa carriole sous les palmiers.

Jojo démarre sa journée. « Le Légume Mésopotamien » lance l’action, comme un générique d’émission. Rythme binaire, caisse claire. Petit roulement. Stop, un interlude. Et on revient à la caisse claire. La machine est lancée. « Causse de misère », paysage aride et balade. Jojo arrive à bon port. Il sert des sandwichs au « Brigadier Jean », à l’ « Ouvrier Flan ». On se ballade le long des arpèges sinueux, au rythme de percussions à peine battues.

Un peu de clavier, en nappe sur « Una », en cascade sur « Ramos ». Le rythme s’accélère, se fait plus présent. La guitare soyeuse se fait inquiétante. Il se passe quelque chose d’étrange. Jojo viendrait-il de crever un pneu de sa carriole sur un tesson de bouteille ? Plus de sandwich ? Aucune idée. Un peu de marimbas nous remettent en pompe sur « Uno ».

Soudainement, « Hank Williams s’adresse à la nation américaine ». Au premier accord dégainé, c’est évident. Le roi du Honky Tonk sort de sa tombe et vient hanter la guitare de Mocke pour quelques minutes. Après cette mystérieuse allocution, vous raccompagnerez Jojo jusqu’à chez lui, dans la douceur d’une belle fin de journée. « Bol », drone envahissant, vous gonfle les poumons ; « Les Natifs », retour orchestré en flûtes et en cordes.

Vous trouverez cette pépite en forme de cactus chez la Mostla et Planet Claire, pour la modique somme de 1 euros. Et vous pourrez vous raconter votre propre histoire, avec ou sans Jojo, sa carriole, ses sandwichs et le Mexique.

Par Nicolas Fez

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