Nous vous emmenons dans ce qui restera la toute première visite guidée de notre Canopée. N’essuyez pas vos pieds en rentrant… Attention à la marche en descendant du train… Pas de crainte pour vos têtes, il n’y a pas de plafond.

En premier lieu, la Canopée est le nom donné à l’étage supérieur des forêts notamment tropicales. C’est au sein de cet espace transitoire entre ciel et terre que se développe un écosystème spécifique, directement exposé au rayonnement solaire. Cette région protégée des prédateurs terrestres notamment humains, est un avant-poste de choix pour étudier le monde du contre bas. C’est aussi en feignant de laisser derrière soi les lois de la gravité et de la pesanteur que l’on peut y grimper, embrasser le ciel et prendre l’air. Lorsque la lumière décline, les grands primates y montent se choisir une alcôve pour établir leur nid, leur cache, leur refuge. Les plus hautes branches trouvent leur force de projection dans les sèves issues des plus lointains sous-sols. Dans notre Canopée, la frondaison est perpétuelle.

Canopée. C’est donc ainsi que nous nommons notre démarche, notre espace de création, l’espace que nous créons. Nous la pensons aérienne et profondément libertaire. Elle nous délie les muscles et nous étire les vertébrales. L’air s’y espère d’autant plus libre que nous cultivons l’enracinement de nos pieds dans l’insatiable insatisfaction de nos contingences terrestres. Nous travaillons pour qu’à son contact les visages se dessinent, les bras s’élancent et les doigts se tordent. Que chacun puisse y découvrir son étrangeté et la raffiner. La Canopée est notre partition. Ses notes et ses rythmes aspirent à y résonner comme autant de mondes. La Canopée est notre lieu de vie. Nous l’avons décidé intrinsèquement poreux. Les frontières y sont pour le moment seulement conservées pour identifier ceux qui en tiennent encore compte. Vous verrez, l’entrée se fait le plus souvent par le dessous et la sortie par le dessus… Nous y sommes donc, heureusement, lovés pour encore bien longtemps, condamnés à apprendre à voler. Ah oui, nous y revendiquons aussi la grandiloquence et les projets d’ambition car nous entretenons avec vigueur et vigilance la gravité dans le bas de nos corps. L’intégrité de cette démarche nous est précieuse… Chacun en prendra grand soin.

Depuis notre Canopée, nous souhaitons réussir à vivre, un jour, apaisés d’avoir enfin à l’esprit notre finitude et notre vanité. Le crâne y est donc un symbole fondateur. Il nous impose sa distanciation existentielle autant qu’il s’illustre comme la Canopée de nos corps. C’est au travers de ses orifices que nous parviennent les informations nous permettant de nous représenter le réel. C’est depuis ces hautes sphères que naît notre musique canopienne… C’est depuis cette boîte à musique qu’émerge notre conscience… Cette sensation de l’être-soi… Ce 6^ème sens des singes bavards.

La Canopée est une utopie qui se modèlera à mesure… Mais elle a déjà court au creux de chacune de nos tête… Juste là… Derrière de la crédulité de nos yeux.

Nous sommes In The Canopy

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