Gulcher : Cocktails


Le 30 juin dernier sortait le nouvel album de Gulcher, soit le premier de la nouvelle formation, et le second de l’ancienne. Vous me suivez ? En tout cas, ce jour-là, à la fin juin, au début de l’été, dans l’insouciance – ou plutôt l’inconscience – la plus totale, alors qu’on préparait bien gentiment notre valise pour partir en vacances chez mémé à Granville, les nouvelles recrues du label Without My Hat Records sortaient Cocktails, un album de 10 titres enregistrés…en Normandie, tiens !

Alors oui, nous avons quelques mois de retard, mais comme je confonds toujours la fête du débarquement avec l’armistice, finalement je trouve qu’on est plutôt dans les temps ! D’ailleurs, je n’envie pas ceux qui l’auraient déjà écouté 100 fois, je préfère en être à ma toute première, en ce jour d’octobre où j’ai goûté aux Cocktails de Gulcher…

Dés les premières gorgées, la machine est lancée. L’effet d’une toupie que l’on impulse, une onde vibrante non identifiée se dirige vers moi, tournant très vite et m’emportant dans un tournis qui me grise déjà. « Bird Nine » me fait l’effet d’un perroquet. La fraîcheur d’une nouvelle voix (Johan D en lead), la surprise d’un mélange des genres (d)étonnant. Une inventivité qui ne s’épuise pas depuis qu’Alexander, Alexandre et Ronan – membres du groupe depuis sa formation – jouent ensemble.

Je continue sereine et bois à leur synthé ! Après trois cocktails, la raison me semble déjà loin et j’attaque avec une exaltation non contenue « The Upper Hand », chronique sociale d’un jeune homme qui ne se sent pas pris au sérieux. Côté instru, un kitsch assumé tempère le discours et me décide enfin à dodeliner de la tête comme un chien à l’arrière d’une voiture.

Les mecs de Gulcher prennent leur pied et nous le rendent bien. Je ne suis que JOIE ; résultat certains des effluves enivrants qui émanent de ces guitares fringantes et de ces chœurs devenus si rares dans la musique actuelle. Mixture fluide de pop anglaise des sixties et de générique de série eighties. À ce stade là, je ne sais plus si la musique provient d’un mange-disque ou du jukebox de mes parents. Peu importe, l’heure de la sixième tournée a sonné : « Alarm-Clock Lovers » retentit.

J’écoute d’une oreille amusée la rencontre des influences pop, rock, post-punk et new wave et je surveille un coup de foudre imminent. Il arrive avec « Johnny’square », exquise explosion de molotov.

Je vois trouble mais reçois bien les sons. Tant mieux, je n’aurais pas voulu rater « The Wittiest Games ». Décidément, la réverb des guitares me séduira toujours, d’autant plus ici que je ne m’y attendais pas. Il y a un côté ludique, chez Gulcher, qui ne peut pas laisser indifférent. Les morceaux sont d’une grande maîtrise sans être plan-plan. Il y a une vraie intelligence dans la composition qui oblige à ne jamais s’habituer à telle ou telle rythmique et nous empêche de ne calquer qu’un seul registre sur chaque morceau.

La basse fait maintenant trembler le contenu de mon verre qui se vide peu à peu. Pour ma part, je suis saisie par l’insaisissable « Julia ». Et dans l’espoir de devenir aussi énigmatique qu’elle, je décide de faire vœux de silence jusqu’au 1er novembre*…

*Pour les Parisiens, Gulcher jouera le 1er novembre 2014 au Chinois (Montreuil, 93).

Par Caro « Astro » Berge

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