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Retour de soirée : Wolves & Moons + Isaac Delusion + L’Objet (International, 01.03.2012)


Jeudi soir, on reprenait les soirées Subjective Live! avec un très, très beau plateau, pour une soirée d’Hiver comme une longue montée d’ivresse, dans l’International plein à craquer.

L'International 1er mars 2012

On a commencé enveloppés dans les douces mélodies de Wolves & Moons, avec l’impression d’être au coin du feu avec des vieux copains, un verre de bon whisky à la main. Des crépitements dans les yeux, le goût du bois sur la langue, et l’envie de sortir dans la neige, hurler à la lune. Juste l’envie, parce qu’on aimerait rester longtemps là, emmitouflés. Quand ça s’arrête, on a déjà un peu la tête qui tourne.

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L’Objet


L’Objet est mal identifié, sans visage, presque sans voix. Les pièces à conviction sont rares : un album digital (mais sans empreintes) dont la pochette au graphisme abstrait ne résout pas l’énigme : certains verront des milliers de pages blanches tordues par le vent dans un ciel de nuit, d’autres des paillettes d’or en lévitation, ou une nuée d’oiseaux capturés par l’oeil lent d’un Argentique hors d’âge. La réponse reste en suspens.

L'Objet Plank

Le nom de l’album donne peut être un indice : Plank. Plank ? Mais oui, bien sûr ! Le physicien allemand, inventeur de la constante de Plank, qui joue un rôle décisif dans la mécanique quantique en reliant l’énergie d’un photon à sa fréquence… Sauf qu’après vérification, le nom du physicien ne s’épelle pas de cette manière : il faut rajouter un « c » à ce Max Karl Ernst Ludwig Planck, dont il est dit qu’il jouait du violon avec Einstein. Le suspect est relâché.

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La Féline @ Batofar (Indie Lady Party #1, 10.02.2012)


D’une embarcation à l’autre. Vendredi soir, la Féline faisait son grand retour au Batofar à Paris. La dernière fois qu’on les avait vus en concert, c’était pour une soirée que nous organisions à La Péniche de Lille. Il semble donc que l’on soit destinés à toujours les voir jouer sur l’eau, de la Deule à la Seine. À quand la prochaine rencontre et où ? Sur le Tigre ou la Loire ? Sur un radeau, une chaloupe, une caïque, une baleinière ?

Avant que La Féline entre en scène, on a eu la joie de découvrir Robi, un groupe à la présence inquiétante, sensuelle, dont les textes parcellaires ressemblent aux déchirures d’un quotidien ressassé. Pendant le morceau final « On N’en Meurt Plus », le temps a pris une pause, retenant son souffle. Quand les lumières se sont rallumées, tout le monde s’est regardé un peu étourdi par ce rêve en apnée. Regardez donc la version acoustique de ce tube, de ce hit… appelez le comme vous voulez.

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Lolito @ International (soirée Noomiz 19.01.2012)


Apollo, venu de l’espace, avait bien chauffé la salle. Puis Lolito l’a charmée… et je ne parle pas seulement du mini short en jean d’Annette (collants noirs, talons vernis) et de la robe verte de Florence.

Aller à un concert de Lolito, c’est toujours un petit évènement, on sait qu’il va se passer quelque chose. Dès les premières notes, on sent la salle qui frémit, il y a une excitation, des soubresauts, comme une sorte de rite dans le rythme et dans la mélodie ; et puis surtout cette énergie follement libératrice que nous envoient Anne, Florence, Mathias et Michel, pendant l’heure qu’ils consacrent à la santé de nos corps.

Lolito international 19 janvier 2012 par Aliosha Alvarez

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Fiodor Dream Dog


Il y a quelques mois, lors d’une errance nocturne, on avait assisté à un concert fiévreux. Le public se calmait tout juste des secousses géniales du groupe OK (qui sortent dans quelques semaines leur deuxième EP, mais on vous en reparlera), quand on avait vu arriver Fiodor Dream Dog et son armée de Skips. Calmes, concentrés, ils conquirent la salle (c’était tellement beau qu’on utilise carrément le passé simple), ils conquirent la salle, disai-je, avec une classe et une aisance franchement impressionnantes. À peu près un an plus tard, Fiodor Dream Dog sort son deuxième album, et nous on est tout contents de vous faire partager ce petit trésor musical.

Voilà, c’est notre première obsession de l’année et on va vous en parler BEAUCOUP. Que celui qui n’invente pas des chorés à la troisième écoute de « Sorry For The Lashes », nous jette la première bière. Que celui qui ne chavire pas dès les premières notes de « Crossing Over » file acheter des cotons tiges. (Que celui qui n’a jamais pris de la drogue avant d’écrire un édito change de blog.)

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Pourquoi donc te jeter sur cet opus comme un loup affamé sur la chair laiteuse d’un jeune enfant perdu ?

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A.P. Witomski


Il paraît que nous sommes en retard. Très. Passe encore, peut-être, qu’on publie notre numéro de septembre le 27 du mois. Mais qu’on ait attendu l’automne 2011 pour évoquer l’excellent Witomski, c’est odieux ! Subjective, le magazine qui voulait prendre son temps, à la mode slow movement — slow food, slow sex, slow travel, slow tout… Eh bien Subjective finit quand même, comme vous et moi, angoissée, compressée, terrassée par le temps qui passe.

L’obsession temporelle, vous voyez ? Moi je la vois partout. Tout me tombe dessus et, pendant ce temps, le sol glisse. Je chavire et les pieds des autres trébuchent idem.

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Je ne suis pas vieux, pourtant je me souviens d’une époque où la présence d’électronique dans la musique pop était facultative. Désormais, le défi est de trouver comment faire sonner une guitare, d’imaginer comment rendre pertinent, ici et maintenant, cet instrument du siècle dernier. A.P. Witomski nous le confesse : il veut que sa musique reste organique. Qu’on y sente l’odeur du carbone.

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Loki Starfish


Le plus souvent, si les bons groupes sont difficiles à cerner c’est parce qu’ils entretiennent des rapports ambigus avec les frontières. Inlassables arpenteurs des zones grises, ils aiment les jonctions et les marges, les carrefours et les confins, les no man’s land et les Zabriskie point. Loin du mainstream, ils embarquent pour un voyage où l’étrangeté de l’étranger sera, par principe, toujours préférée à la ressemblance du semblable : ils colonisent le territoire du flou artistique.

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 Loki Starfish appartient à cette catégorie de groupes qui, de tissages en métissages, a fini par trouver sa place à cheval sur plusieurs univers créatifs, plusieurs styles musicaux, plusieurs formes d’art. Quand on les fait parler de leur nom, on réalise que l’ambivalence est bien au cœur du projet : Loki est une divinité scandinave dont la spécialité est justement la tromperie, la ruse, le changement d’apparence. Et que font-ils d’autre que nous dérouter tout au long des 15 titres qui composent leur premier album, où d’une partition à l’autre ils manient l’art de la métamorphose comme les étoiles de mer l’art de se régénérer ? Leurs morceaux sont bien, au sens physique du terme, des « morceaux », des parties séparées d’un « tout » que l’écoutant patient et passionné doit reconstituer pour retrouver le sens caché des choses.

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