subjective présente



GRINDI MANBERG


Lumberton est une petite ville de Robeson County en Caroline du Nord, semblable à des milliers de petites villes américaines. Downtown, les distractions sont rares : les connaisseurs pourront éventuellement visiter la maison natale de l’actrice pornographique Carmen Hart, et les inconditionnels de l’American Football pousser jusqu’au domicile des parents de Vonta Leach, le fameux fullback des Baltimore Ravens. Aux alentours, les rapides de la Lumber River séduiront les adeptes du canoë, tandis que les passionnés d’ethnographie amérindienne se délecteront d’une promenade en territoire Lumbee dans les forêts avoisinantes. Mais pour le touriste standard, rien ne justifie un détour ou un séjour prolongé : la Lumberton réelle est une communauté résidentielle sans surprise, dont les attraits ordinaires sont vite épuisés.

La Lumberton rêvée par David Lynch est autrement plus mystérieuse. « She wore blue… ue… velvet, bluer than velvet was the night, softer than satin was the light… ». Rose rouge contre barrière blanche, sur fond de ciel bleu.  Un pompier sorti des playmobil agite la main en souriant, perché sur le marchepied de son camion. Des petits enfants traversent la rue en sautillant pendant qu’un retraité arrose son parterre de tulipes jaunes. Images radieuses de l’Amérique éternelle. Cartes postales d’insouciance. Soudain, le tuyau d’arrosage se coince dans un arbuste et la mécanique de l’autosuggestion se dérègle. Le retraité se tord de douleur. Il s’effondre en se tenant le côté de la tête. La caméra s’enfonce dans les herbes, dans la terre : entourée par la masse grouillante des décomposeurs, git une oreille déchiquetée. Dans les petites villes américaines comme Lumberton, le trompe-l’œil est un cache névrose ; il suffit de déplacer le miroir dans lequel la classe moyenne arrange son maquillage pour révéler les foyers de perversions, de violences et d’inquiétudes qui l’ont depuis longtemps infectée. Dorothy Vallens est le symbole de toutes les victimes cachées de l’American psycho. Le rôle est joué par Isabella Rossellini, la fille d’Ingrid Bergman. Ingrid Bergman… Grindi Manberg.

Fantasized Lumberton est le premier EP de Grindi Manberg. Un EP qu’apprécierait sûrement d’écouter Lynch et qui ne dénoterait pas dans la bande originale de son prochain film, à côté des mélodies Badalamentiennes de rigueur. Pour la description objective de son style « electro-new wave », consultez la presse spécialisée. On n’évoquera ici ni les « synthés entêtants » ni les « guitares saturées aux accents psychédéliques ». Ces resucées d’adjectifs qui lassent les lecteurs et les artistes ont fini par ne plus plaire qu’aux chroniqueurs eux-mêmes qui s’écoutent parler de la musique.

Tout commence par des coups frappés contre une porte. Deux coups brefs suivis d’une sorte de claquement plus long qui continueront pendant tout le morceau d’ouverture, « Nitrogenous Wind ». Quoi de plus inquiétant qu’un homme s’obstinant à frapper contre une porte qui ne s’ouvre pas ? Peut-être qu’il y a là une métaphore de la place occupée par la musique dans la vie de Romain Thominot : une cure, comme il dit. Qu’on soit clair, jamais la porte ne s’ouvrira. Mais l’instrumentation comme une trainée d’azote aux propriétés lévitantes permet à l’homme coincé derrière de se dédoubler, et d’échapper partiellement à l’attraction gravitationnelle de la norme. La voix fait le reste : en s’élevant, elle dévoile un décor ; et tous ceux qui s’agitent à l’intérieur sans avoir conscience d’être dans un théâtre ressemblent à des pantins étranges et absurdes.

Un autre morceau que j’aime bien : « Marine has the key ». Le dernier morceau de l’EP. Comme une réponse à l’énigme de la porte au début : on a retrouvé la clef mais elle est possédée par quelqu’un d’autre, qui ne la rendra pas. C’est la plainte d’un homme accablé par le sentiment de l’irrémédiable. Il faudrait l’écouter en lisant par exemple La chute de la Maison Usher, de Poe : « Pendant toute une journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourds et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et, enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher ». On retrouve les mêmes paysages hantés par les souvenirs fêlés, la fatalité pour seule compagnie fiable du héros solitaire.

L’étrange texture musicale de Grindi Manberg, à double fond, à double face, donne envie d’y déposer des histoires. Un matin, la danseuse érotique Carmen Hart serait retrouvée noyée dans les eaux de la Lumber River. Les soupçons se porteraient sur son petit ami, le footballeur Vonta Leach, mais le détective en charge de l’enquête, connu pour ses méthodes peu orthodoxes, l’innocenterait après avoir pratiqué un vieux rituel des Indiens Lumbee. Un nommé Robeson lui apparaitrait en rêve… Robeson comme le County ? Ou plutôt Robertson… Bob ? Attendez, cette histoire existe : c’est Twin Peaks !

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RADIO ELVIS


Il est arrivé, avec sa marinière, sa guitare, ses lunettes, il a pris possession de la scène devant un public encore clairsemé, s’est présenté : «Bonjour, je suis Radio Elvis, bienvenue, j’espère que ce sera bien». Cette entrée en matière augurait une mise à mort par l’audience tant l’homme semble humble et hésitant. Il n’en fut rien.

Radio Elvis, c’est avant tout rêche, sec, énervé.  Il n’avait pas besoin de se défendre, pourtant il semblait avoir un «putain de truc à nous dire», parce sous ses (faux) airs du gars s’excusant presque d’être là, Radio Elvis est venu calmement pour en découdre.

Peut-être est-ce certaines de ses sources d’inspirations, la mer, la rudesse de ses paysages, les marins qui la labourent, qui le poussent à remuer son public. On se laisse un peu aller mais on imaginerait celui qui dans le brouhaha d’un bar à marins de la rade, aurait sa place à gagner, ses chansons à faire valoir, devant un public plus préoccupé de noyer la dureté et le romantisme du travail de la mer dans la dernière expérience alcoolisée de la place.

Attention, restons focus, ne partez pas chercher le dernier gueulard de banalités sur la rigueur des flots et la bonne grosse camaraderie du bord. Radio Elvis est inspiré, proche d’une réalité faite de questions nettement plus contemplatives et hautes que la complainte facile et sale. Il pourrait être le héraut de ces gens simples et embarqués, prisonniers d’une image d’Épinal qui leur colle cradement à la peau.

Les images sont belles, le voyage présent. Radio Elvis ne vous quitte pas des yeux lorsqu’il nous fait part de l’arrivée d’un peuple entier et hanté sur le continent, et vous emmène avec les variations et reprises de ses compositions dans sa traversée. On sent l’homme habité, celui qui est venu là pour proposer une expérience.

S’il y en a qui n’assument pas, qui se cachent derrière une production vocale éthérée et numérique, Radio Elvis a une voix qu’il met au premier plan, lui. La voix franche et rugueuse vous cherche et nous fait part de son message, de ses impressions marines, de sa quête d’une terre inconnue, de manière haute et claire. Sans emphase ni envolée, elle s’immisce et larde la première impression et l’attente primaire suscitée par son patronyme. 

Radio Elvis à l’instar de ses glorieux ainés porte haut les couleurs d’un rock en français, anguleux et inspiré.

Par Fabien Hellier

Crédit photo : Marguerite de Vdn




Thomas Subiranin


Presque 6 millions d’années ont été consacrées à World of Warcraft entre 2004 et 2011. Et je vous avoue que je n’ai pas cherché à me renseigner sur le temps que l’humanité a pu perdre grâce à Angry Birds ou cette merveille de Candy Crush. La saillie de Patrick Le Lay sur le temps de cerveau disponible est presque innocente aujourd’hui. Nous et notre cerveau sommes disponibles tout le temps et sommes toujours joignables, pliant comme les herbes folles au grès du vent, frissonnant des rumeurs et des signaux divers qui s’empilent sur nos murs. Petits poissons dont les goûts et l’intimité, les envies et les loisirs ne font que s’ajuster avec les plans des annonceurs et de notre réseau.

Il paraît que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer au repos, dans une chambre. Est-ce que Brian Wilson avait cette pensée en tête en écrivant « In My Room » ? Il a sûrement dû passer plus de temps seul dans sa chambre qu’à faire la fête sur la plage. Je préfère la musique lorsqu’elle ne sort pas des chambres, quand elle semble avoir été conçue pour directement passer de celle de celui qui l’a écrite à celle de celui qui l’écoute. Pour le reste il existe de la musique fonctionnelle : pour le fitness, l’aquagym et pour s’amuser aussi, pour profiter de la vie… En soirée, musique de soirée. Dans les stades, la musique de stade. En festival, de la musique de médiathèque. Et les jours où on a envie d’écouter de la musique sans avoir à se coltiner tous ceux qui en sont fan, on file dans sa chambre. Souvent pour réécouter les mêmes vieilles choses. Et pour être tranquille avec ce que l’on aime réellement.

Thomas Subiranin écrit des chansons qui s’écoutent très bien dans une chambre. Ce que l’on peut trouver chez elles en plus c’est l’envie d’y revenir, de prendre le temps de se les approprier. Parce que lui aussi a pris le temps. Il tente des choses audacieuses en soignant ses chansons, en soignant l’auditeur, en restant pop. Oser la concision et la clarté tout en proposant une musique aventureuse n’est pas une chose aisée.  Il est vain de jouer au jeu des ressemblances c’est pourtant à quelques moments de grâce fondateurs que sa musique nous renvoie. A la fin des années soixante, la musique nous proposait de traîner pour toujours dans les champs de fraises, l’overdrive était interstellaire et les villes d’Arménie flottaient dans le ciel. Un âge d’or auquel il est difficile de ne pas penser quand on écoute Thomas Subiranin. Celui-ci fait toute sa musique tout seul, semble voir la pop à travers un kaléidoscope, remplace les fenêtres de sa chambre par des verres de couleur, des vitres de paradis. Trouver des vitres qui font voir la vie en beau, dérouler sa musique selon des méandres fantaisistes, y aménager des coins secrets, la pimenter de reflets acidulés et irréels, ce fut l’ambition de beaucoup de musiciens sur lesquels on a parfois mis hâtivement l’étiquette de “psychédélique”. Il serait peut être plus juste ici de parler d’émerveillements, de petits instants magiques. L’univers que nous propose Thomas Subiranin n’a pas grand chose à voir avec le pavot mais plutôt avec les petits plaisirs que l’on a envie de garder pour soi.

Pourtant nous ne serons plus jamais seul. Il n’y a plus de chambre où se réfugier, loin des réseaux, loin du monde… Le monde est dans notre chambre. Un monde infini… mais en moins bien. Autrefois tous les récits et toutes les prières n’auraient pas suffi à épuiser les merveilles de la création. Aujourd’hui quelques gifs animés sont suffisants. Nous aurons toute la musique, tous les amis, tout ce que nous voudrons mais en fade, en rétréci.

En 1984, la liberté sous les traits d’une lanceuse de marteau venait libérer “les masses populaires” grâce à l’Apple II. Trente ans plus tard la figure de big brother a été remplacée par celle d’un gentil nerd de la Silicon Valley évoluant dans un décor écolo et acidulé. Grâce à lui, nous sommes toujours disponibles et nous n’avons plus de temps, nous restons dans nos chambres sans ne plus jamais être seuls, en repos. Nous sommes les utilisateurs et les contributeurs actifs d’une réalité que nous aurons je pense, de plus en plus besoin de voir à travers un kaléidoscope. Le 5 janvier 2014 Thomas Subiranin a chargé quelques chansons sur son soundcloud. Quelqu’un a-t-il le temps de les écouter?

Atlas Ibiza

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NIGHT RIDERS


Une excursion sur Soundcloud suffit à se convaincre que Night Ridders n’appartient pas à la confrérie des adorateurs du soleil.

Non, nous n’avons pas affaire aux Incas de la scène indé française, aux évangélistes des promenades à cheval dans les vertes plaines du Wyoming sous un ciel bleu délesté de ses nuages, aux extatiques des déjeuners sur l’herbe, aux inconditionnels des goûters au bord de l’eau. Chez Night Ridders, il est question d’oiseaux de nuit, de danses dans des bois sombres, de bains de minuit vertigineux où plongent ceux qui pensent avec René Char que la poésie vit d’insomnie perpétuelle.

La monture est une machine, le cavalier une cavalière, sa voix posée sur des synthés entêtants. Quel est le terrain de prédilection de cette créature hybride ? Chaque musique a son moment et son lieu. J’en connais qui n’écouteront Bob Dylan qu’à 16h dans une voiture et les Beatles de bon matin en sortant de la douche… Très contestable tout ça, très « subjective »…

Night Ridders a aussi son espace-temps. Il est à peine 4h du matin. Deux grammes de spiritueux variés randonnent le long des GR veineux du quidam trentenaire de retour de soirée. Dans les rues, le vent fait l’effet d’un contre-courant. Chercher ses clefs. Pit-stop au canap’. Ramper jusqu’à la chaîne, mettre les enceintes à fond. Une sombre danse résonne dans l’appartement qu’enveloppe le silence des meilleures heures de la nuit. On dormira sur le tapis, comme un gros chien.

Par JDL

Photos : Marguerite de Verdun

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In The Canopy


Rappelez-vous du temps où vous vous faisiez offrir les CD de vos artistes préférés. Souvenez-vous des meilleures sorties du mois regardées en vitesse chez le libraire dans Rock&Folk ou Les Inrocks. Parfois des bribes de concert pouvaient être entrevues sur Arte ou MCM, pour les plus chanceux. Et tout ce trafic assez sympathique : les cassettes vidéo de concerts, le commerce de CDs gravés, puis des listes d’albums en Mp3, SoulSeek ou Emule, pour les plus chanceux. Télécharger un album complet pouvait alors prendre presque deux jours.  Au tournant du siècle, l’utilisation des synthés et de ce qu’on appelait alors la MAO chez tous ces groupes de rock qui cherchaient à se renouveler avait fini par infléchir la pop vers la création de paysages électroniques froids et grandioses, de chansons douces mais inquiètes… Puis tout est allé très vite, le 11 septembre,  la mort du CD, les réseaux sociaux, l’internet à haut débit, et l’accès illimité à trop de musique et de contenus, la tentation de ne plus rien écouter, de jouer au bowling.

De jolies raretés et de belles surprises Subjective s’est efforcé de vous en faire découvrir pendant cinq ans. Découvrir, s’arrêter prendre le temps d’écouter malgré le maelström technologique, le tourbillon des sollicitations d’écoutes et de concerts. In The Canopy est un de ces groupes qui propose encore quelque chose neuf. La diffusion des outils informatiques permet aujourd’hui aux passionnés de faire ressortir de plus en plus sensiblement leurs obsessions et leurs mondes intérieurs. In The Canopy, groupe de folk technologique, groupe de son temps maîtrisant le studio comme on maîtriserait un instrument, est la belle surprise que Subjective vous propose de découvrir ce mois-ci.

Quand ils écoutent la radio, perchés dans les arbres, les scientifiques qui étudient les écosystèmes de l’Amazonie en déployant leurs grands filets orange sur les cimes, se demandent-ils qui pourrait être le groupe qui leur parlerait le mieux? Et les écolos un peu radicaux qui vont s’enchaîner en haut des séquoias géants ? Et les ermites qui décident de tout quitter pour partir dans la forêt, ces gens qui veulent disparaître complètement ? Ils ont sûrement mieux à faire.

Prendre de la hauteur, s’élever un peu au dessus du tumulte et pourquoi ne pas monter à la cime des arbres, dans la canopée… C’est une tentation ou un rêve que le groupe semble caresser. Et on les imagine assez bien, loin de l’agitation, perchés là-haut à prendre le soleil… Le groupe se laisse aussi porter par le bon vent du changement. On ne peut pas dire qu’il y ait de tentation rétro chez eux, plutôt une volonté de proposer une musique personnelle et exigeante mais aussi lointaine et puissante. Ils ont pour cela élargi la formation de départ afin qu’à cinq sur scène leur musique puisse se déployer tout à fait.

La canopée est un espace dont la vie dépend directement du rayonnement solaire, elle développe un écosystème particulier. Sûrement des insectes aux couleurs vives, des oiseaux aux chants étranges et à la vie éphémère. Des choses petites et délicates. Les Canopéens sont aussi des laborantins de studio qui depuis leur repaire de Pantin distillent soigneusement les sonorités microscopiques, des textures hybrides qui font se télescoper les sons de la guitare folk et les programmations numériques. Même dans les morceaux les plus puissants comme « No Room » reste le souci de la petite mélodie et du son insidieux et précis. Le groupe propose une musique lumineuse et humaine mais aussi violente et technologique. Pourtant l’ensemble reste d’une cohérence étonnante malgré les chemins parfois opposés dans lesquels le groupe souhaite nous emmener.

Dans l’émission La nuit nous attendra, ils ont livré une reprise étonnante de « Teardrop » de Massive Attack. Le groupe s’approprie ici un classique avec une facilité remarquable. La canopée semble vouloir monter encore bien plus haut, et paisiblement explorer de nouveaux espaces. Nous attendons leur prochain EP avec impatience.

Par Atlas Ibiza

Photo : Marguerite de Verdun

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MOTORIFIK


Idrisse Khelifi est de ces hommes qui ne veulent pas vieillir, qui ne peuvent se résoudre à laisser partir les choses sacrées du passé. Hanté par un rêve d’adolescent inassouvi, il quitte Paris pour un Manchester fantasmé et y rencontre Phil Kay, officiant dans Working For A Nuclear Free City. Ce dernier se révèle être pour le Français une Fée Clochette providentielle qui va lui ouvrir les portes du Pays Imaginaire.

A deux, ils s’enferment dans un studio d’enregistrement local et y collent des posters de leurs groupes préférés, puis se mettent à bosser. Le fruit de leur collaboration, l’album Secret Things, s’apparente à la mix-tape idéale, de celles qu’on écoutait seul le soir, sous la couette tiède, dans un walkman-cassette aux tournant des années 80-90.

10 titres, ni plus ni moins, qui évoquent tour à tour un amour impossible dilué dans la pluie anglaise, une matinée de surf idéal sur une mer irlandaise pourvoyeuse de mythe, une vieille amitié toujours vivace.

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À Manchester, perdu dans les rues identiques des vieux quartiers ouvriers, au milieu des ruines des filatures monstres, la trame est plus que jamais emmêlée. La piste s’efface au fur et à mesure qu’on la parcourt. L’autoreverse alimente sans fin la rêverie tandis-que le sommeil prend le dessus, ajoutant une couche de réverb’ supplémentaire.

Tout cela a-t-il jamais existé ? Est-ce du shoegaze ? de la cold-wave ?

Est-ce vraiment important ? Motorifik revendique ses influences et produit une musique actuelle, nostalgique et pourtant joyeuse, bienvenue en ce début de XXIe siècle gris.

par Thomas Darras



Fiodor Dream Dog


Il y a quelques mois, lors d’une errance nocturne, on avait assisté à un concert fiévreux. Le public se calmait tout juste des secousses géniales du groupe OK (qui sortent dans quelques semaines leur deuxième EP, mais on vous en reparlera), quand on avait vu arriver Fiodor Dream Dog et son armée de Skips. Calmes, concentrés, ils conquirent la salle (c’était tellement beau qu’on utilise carrément le passé simple), ils conquirent la salle, disai-je, avec une classe et une aisance franchement impressionnantes. À peu près un an plus tard, Fiodor Dream Dog sort son deuxième album, et nous on est tout contents de vous faire partager ce petit trésor musical.

Voilà, c’est notre première obsession de l’année et on va vous en parler BEAUCOUP. Que celui qui n’invente pas des chorés à la troisième écoute de « Sorry For The Lashes », nous jette la première bière. Que celui qui ne chavire pas dès les premières notes de « Crossing Over » file acheter des cotons tiges. (Que celui qui n’a jamais pris de la drogue avant d’écrire un édito change de blog.)

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Pourquoi donc te jeter sur cet opus comme un loup affamé sur la chair laiteuse d’un jeune enfant perdu ?

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