lou reed



THE VELVET UNDERGROUND / Loaded (1970)


The Velvet Underground Loaded

Parce qu’il y a encore six mois j’ignorais l’existence de cet album. C’est grâce à Pierre que je l’ai découvert, quand il me l’a prêté en me disant « je suis sur que tu vas kiffer », effectivement, j’ai kiffé.

Il y a aussi le fait que « Sweet Jane » est un beau classique et qu’en ce moment l’envie d’être au repos (qui plus est au soleil) me titille, mais la bonne découverte de cet album est « Rock’n’Roll » qui groove vraiment pas mal.

Je trouve que la cohérence des morceaux est presque évidente. L’album coule de source. Bref, rien d’autre à ajouter, juste l’écouter pour comprendre !

par Mary Red

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Hommage à Lou Reed & The Velvet Underground @ Aéronef, Lille (18.12.2012)


Hommage à Lou Reed & The Velvet Underground à  l'Aéronef

photos : David Hardillier



« Obsession pop : Lou Reed » ce soir à l’Hybride (Lille)


La deuxième soirée, ce jeudi 20 décembre à L’Hybride, Subjective prolonge le voyage dans la discographie de Lou Reed avec la projection de Lou Reed’s Berlin : l’intégral de l’album de 1975, considéré comme l’un des chefs d’œuvre du chanteur, mis en scène et filmé par Julian Schnabel. En première partie, le premier et unique film réalisé par Lou Reed, Red Shirley, est diffusé pour la toute première fois dans un cinéma français.

A tout à l’heure !

Lou Reed Hybride 20 décembre 2012



LOU REED / Transformer (1972)


Lou Reed Transformer

Lou Reed claque les portes du Velvet Undeground juste avant le mixage de Loaded. Son premier album solo arrive dans la foulée, composé de vieilles chansons écrites à l’époque du Velvet, et à la production vaguement rock pour marquer le coup. Echec. Lou sombre. (Lou ride.)

Et puis Bowie qui, à cette époque, s’évertue à sauver le rock (on le voit aussi avec Iggy Pop) vient frapper à la porte de Reed. Ils tracent de ‘grandes lignes’ vers l’avenir et lui promet de renouer avec le succès.

Et voilà ce bon vieux Lou qui troque son rôle de poète rock maudit contre celui de dandy glam-rock. Et ça marche : sans délaisser ses thèmes favoris (drogues, faubourgs mal famés, sexe déviant et amérique en déclin) il nous propose ici un véritable cabaret rock avec ses personnages tragi-comiques à foison.

Moloko Velocet a choisi pour vous de revisiter quelques titres de cet album intemporel (ce soir à l’Aéronef, ndlr). A la manière de Lou Reed : avec ce qu’il a sous la main, et le son a fond si possible.

par Pierre Batleff



LOU REED / « Kicks » (1975)


Lou Reed Coney Island Baby

La pose et la voix qui tremble

Longtemps je n’ai pas trop aimé Lou Reed. Je ne parle pas de la silhouette flétrie qu’il est devenu, à mi-chemin entre la momie et l’insecte. Je parle du Lou Reed de toujours, celui du Velvet et de l’album Berlin, de ces photos noir et blanc contrastées à bloc, devenues des modèles d’élégance arty ; du Lou Reed à qui Lester Bangs était prêt à faire des tas de cochonneries en échange d’une toute petite interview. C’est cette image de légende, si parfaite et codifiée, qui m’a longtemps retenue de l’écouter vraiment : lunettes noires vissées sur un visage de statue romaine, l’absence de sourire gravée dans le marbre, l’air supérieur et blasé, le tough & skinny guy fascinait trop pour me toucher. Alors même que Lou Reed est un des types les plus lettrés de l’histoire du rock, qui a écrit des textes d’une profondeur inouïe, alors même que son répertoire fourmille de chansons déchirantes, que son histoire est déchirante – la séance d’électrochocs à treize ans – c’est toujours à lui que je pense quand je me rappelle ce fait qui n’a rien d’un scoop : dans le rock, l’attitude est plus importante que les chansons. Son attitude était tellement forte, tellement arrogante, qu’elle a été cent fois reprise, jusqu’à confiner à la pose. Une façon d’être qui s’est figée et qui ne dit plus vraiment qu’on est un rebelle, mais que c’est sexy d’être rebelle ; loin de toute fragilité, de tout faux pas, on y puise une façon de se fringuer et de toiser le photographe, qui confère à n’importe qui une panoplie de mec « cool » aisément identifiable. Je reconnais que l’image est belle, fascinante, et elle fut sans doute parfaitement juste pour incarner ce que Reed avait à incarner. Mais pour tout un tas de raisons confuses, je lui préfère celle de Cale, moins maîtrisée, plus incertaine.

Ce que j’aime en revanche chez Lou Reed, c’est sa voix. Nasillarde, hautaine, un brin monocorde, elle ressemble bien à l’image évoquée plus haut. Seulement voilà, quand il chante, Lou a la voix qui tremble. Séquelle d’électrochocs et de speed, ou regain de pathos incontrôlé ? Elle me bouleverse sur « Perfect Day », « Lady Day » ou « Sword Of Damoclès », cette chanson tardive (sur l’album Magic and Loss, 1991), composée pour son ami Doc Pomus, alors en phase terminale. Mais c’est dans le morceau « Kicks » (Coney Island Baby, 1975) que je l’ai entendu me livrer sa leçon la plus nihiliste, précisément à propos de la pose. « Hey man what’s your style ? », répète la voix qui circule de long en large dans une pièce enfumée, remplie de gens qui se la donnent en buvant du whisky et en revenant des toilettes le nez irrité. On les entend qui gueulent un peu, mais déjà loin, très loin, sur le lit d’un riff de guitare bluesy moite, répété en boucle comme sur un disque rayé que les gars sont trop défoncés pour aller changer de face. Un jeu de cymbales omniprésent fait chorus avec les fréquences de voix dans un nuage sonore gris électrique. Dans cette fumée qui pique la peau, la voix de Reed redemande : « Hey man what’s your style ?How you get your kicks for living? ». Le ton est blasé, c’est l’ennui. Mais un événement a émoustillé la faune avachie qui se tient là dans le vague espoir de trouver un motif d’excitation. On en parle dans les journaux : un mec en a tué un autre, apparemment, d’un coup de couteau, on a vu couler du sang. « When the blood comma’ down his neck…/ Don’t you know it was better than sex, now, now, now / It was way better than getting mean / ’cause it was, the final thing to do, now / Get somebody to come on to you […] And then you kill ’em, yeah / You kill ’em, now, now, cause I need kicks » Kicks: le pied ! Mieux que tout ce que promet le rock’n’roll, en somme : quelque chose de vraiment excitant, de vraiment réel. Mieux que la plus radicale, la plus méchante des attitudes. « Hey man what’s your style ? » : la question reste sans réponse, c’est le monologue d’un esthète déguisé en voyou, l’ode au meurtrier d’un snob en manque de vérité, de vrai chair, d’adrénaline et de sang. Et la voix monocorde se met à bégayer de plus belle, comme pour dominer son habituel tremblement : « I need, need, need, need, need, need, need some kicks / Yeah, need, need, need, need, need, need, need some kicks / Oh, give it now, kicks / Yeah, need some kicks / Yeah, need some k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k-k, kicks.  » Et en trois phrases, j’entends tout : l’ennui, la morgue et l’impuissance. La sacro-sainte attitude qui se retourne en incantation enragée et en désespoir. Cette fois, Lou, je te crois. 

par Agnès Gayraud

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LOU REED / « Coney Island Baby » (1975)


Lou Reed Coney Island Baby

En 1975, Lou Reed n’est pas encore l’animal perfide qui terrorise les journalistes mal préparés en interview. Il est pire que ça. En 1975, Lou Reed est un déchet. Quelqu’un que plus personne n’ose toucher ni même approcher. Il est drogué, malade, sans le sou, poursuivi en justice par un ancien manager, traqué par les impôts qu’il n’a pas payé depuis cinq ans, quasi SDF, au fond du trou. Surtout, c’est sa santé mentale qui commence à inquiéter. Il vient de publier coup sur coup deux albums qui transcendent le concept d’échec commercial : Sally Can’t Dance, jugé transparent à sa sortie (mais qui mérite sa petite réévaluation aujourd’hui) et, surtout, l’heure de musique la plus pénible jamais couchée sur bande Metal Music Machine, sorte de vomi industriel avant l’heure au sujet duquel Reed dira d’ailleurs que « ceux qui l’ont acheté sont encore plus tarés que moi ». Le machin sera retiré des bacs trois semaines après sa sortie. En 1975, Lou Reed est un bon gros freak perdu pour l’Histoire.
Semble-t-il.

Son salut viendra d’un certain Ken Glancy. En 1975, Ken Glancy est le président du label RCA, qui héberge Lou Reed. C’est un businessman aguerri, certes, mais surtout un « homme d’honneur » comme le dira plus tard Reed, pourtant pas abonné aux compliments. Le président lui propose un deal : il lui offre un toit au Gramercy Park Hotel et lui finance intégralement l’enregistrement d’un nouvel album si Reed promet de ne pas faire « Son Of Metal Music Machine ». Plus que les impôts, plus que la mort, plus que le manque de drogue, plus que de devenir fou, le monde de Lou Reed est soudain plein d’une autre angoisse : trahir un homme qui lui a accordé sa confiance.

Un professeur de philo nous a dit un jour, lors d’un cours sur William et Henry James, que tous les grands auteurs américains étaient hantés par la notion de confiance. Comme n’importe quel grand auteur américain, Lou Reed a écrit avec « Coney Island Baby » une chanson sur ce thème – sur ce que ça signifie d’accorder sa confiance, de l’accepter, de l’honorer. « Coney Island Baby » est une chanson sur la gratuité, sur l’absolu au coeur de cette notion. On l’accorde ou on ne l’accorde pas, ça ne s’explique pas. Mais si on l’accorde, elle guide vos faits et gestes et elle accomplit des grandes choses en votre nom.

Sur un édredon blanc et bleu (basse ronde et chaude, guitare effleurée, batterie qui dort debout), un homme se souvient de ses années de lycée. L’entraîneur de l’équipe de football est un sale type, méchant, dictatorial. Mais ce tyran a un jour fait confiance au narrateur. Dorénavant, c’est décidé, ce dernier jouera au football « for the coach ». Quoiqu’il arrive. Passage en la mineur pour le refrain. Le narrateur se souvient de ceux qui lui ont accordé cette confiance, ce don gratuit. Cet amour. Comme cette princesse qui habite sur la colline qui l’a aimé alors qu’elle savait très bien qu’elle faisait une erreur. La beauté des personnes qui font ce don, et surtout, la beauté de ce qu’elles provoquent chez celui ou celle qui le reçoit, c’est la « gloire de l’amour » que chante Lou Reed, extatique, en fin de parcours. L’amour est performatif. Il fait faire des choses merveilleuses, il rend fort, il fait toucher la vérité sans cligner des yeux. Il fait écrire des chansons comme « Coney Island Baby ».

‘Cause, you know some day, man
you gotta stand up straight unless you’re gonna fall
then you’re gone to die
And the straightest dude
I ever knew was standing right for me all the time
So I had to play football for the coach
and I wanted to play football for the coachWhen you’re all alone and lonely
in your midnight hour
And you find that your soul
it’s been up for sale

And you begin to think ’bout
all the things that you’ve done
And you begin to hate
just ’bout everything

But remember the princess who lived on the hill
Who loved you even though she knew you was wrong
And right now she just might come shining through
and the –

– Glory of love, glory of love
glory of love, just might come through

par Maxime Chamoux

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THE VELVET UNDERGROUND / The Velvet Underground (1969)


The Velvet Underground eponymous album

C’est l’album avec les chansons “Jesus”, “Candy Says”, “Pale Blue Eyes”, “After Hours”. Les deux premiers albums du Velvet Underground étaient brouillon (dans un sens positif), avant-garde et très noisy. Ce troisième album était une réelle surprise, parce que c’était un changement complet de direction. Le mythe veut qu’on leur ait volé toutes leurs pédales d’effets à l’aéroport et qu’ils aient été contraints de faire un album minimaliste. De toute évidence, je n’étais pas né à l’époque et j’ai découvert tous leurs albums à peu près en même temps. Il m’a fallu du temps pour appréhender le fait qu’ils aient pu sortir les deux premiers albums qui étaient si bizarres, puis celui-ci qui revêtait un aspect beaucoup plus léger.

par Michael Wookey

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