karaocake



Stéphane Laporte : Fourrure Sounds


Au travers des diverses formations auxquelles il appartient, Stéphane Laporte est depuis longtemps l’égérie de nos nuits les plus tripées, de nos balades et de nos errances les plus oniriques. Nous vous parlions déjà de ce mystérieux personnage quand nous mentionnions les noms de Karaocake et de Domotic ; le revoici avec un album sorti chez Antinote le 29 septembre, intitulé chaudement Fourrure Sounds. Selon la légende, il aurait été composé sur un gros tapis entouré d’une kyrielle de machines chacune munies d’un nombre de potards incalculable.

Fourrure Sounds est un album à l’écoute duquel on retrouve une bibliothèque sonore que Stéphane Laporte avait déjà développée par ailleurs : boîtes à rythmes rudimentaires, claviers oscillants et imitant le comportement du thérémine, nappes étirées, échos, etc… Le climat que créé cet ensemble représente à mes yeux une version particulièrement chaleureuse des musiques dites électroniques que je ne retrouve que chez quelques praticiens de l’ambiant anglais et de la kraut la plus épurée des one man band berlinois. A écouter sur un tapis en faisant l’étoile de mer.

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DOMOTIC / « Before And After Silence »


Domotic Before And After SilenceMets la nappe, on va manger des tripes. Avec un titre clin d’œil à Brian Eno, cette belle cassette bleu (limitée à 100 exemplaires) réactive nos envies de nostalgie. C’est Domotic et Charlotte Sampling (deux membres de notre bien aimé Karaocake) qui sont à l’origine de cet opuscule chimérique à la conception épique  : « Ce sont des morceaux faits au 4-pistes en 2003 puis exhumés en 2006 puis rebossés en 2008 et ça sort maintenant. C’est assez lofi et tout simple, fait surtout avec les oreilles et presque sans écran ». A écouter en s’imaginant siroter un moonshine expressément préparé par Freddie Quell, accoudé sur une table en formica, le cul vissé dans un siège en rotin, en se disant sans arrières pensées qu’avant c’était quand même mieux.

Disponible chez Clapping Music.

par Nicolas Fez



Tona Serenad (label)


tona serenad

Il s’agit d’un label suédois fondé il y a deux ans je crois, à peu près au moment où nous les avons rencontrés. Les tenanciers sont trois, il y a John, qui vit actuellement à Paris, Joel, qui lui est à Berlin, et Gustav, qui construit un super studio vintage à Stockholm.

Ils ont sorti pour le moment le premier album de Musette, un 45 tours d’Anne Laplantine (qu’on ne présente plus), un autre de Molnbär av John, et le dernier disque de l’écossais Directorsound. La prochaine sortie sera un 45 tours de Momus en collaboration avec John.

Le label suit une ligne artistique bien précise : la constitution d’une palette de bricoleurs géniaux, fins mélodistes, champions tous terrains du collage ou crooners excentriques, pour aboutir à toute une galaxie dont l’histoire s’écrirait sur du vieux papiers jaunis et poussiéreux. Que ce soit dans les vignettes mélodiques douces, lumineuses et baroques des muli-instrumentistes Musette et Directorsound, les scratches et les boucles qui craquent de vinyles antédiluviens enregistrés au dictaphone de Molnbär av John, ou les chansons d’amour concassées de Momus ou d’Anne Laplantine, c’est tout un monde à la fois apprêté et cradingue qui compose un futur de la musique dans des sillons de laques rouillées ou de cassettes qui auraient, avec le temps, subi toutes les conditions atmosphériques. Un univers joliment édulcoré de petits oiseaux comme taxidermisés à l’éclosion.

Je recommande tout particulièrement le 45 tours de Molnbär av John, « I Wish I Could Draw Her Nose ».
Et j’en profite pour vous parler du groupe DZR:P, composé de John aux collages, et de Simon à la guitare et au chant. Ils sont en stand-by pour le moment et ils n’ont à mon grand désespoir pratiquement rien sorti (si ce n’est une apparition sur une compilation par-ci par-là). Mais les morceaux qu’ils ont enregistrés (dont les principaux gros tubes sont écoutables sur leur myspace) sont imparables. C’est une sorte de teenage pop aérienne faite de samples à tomber par terre, de lignes mélodiques qui se retiennent comme des croissants chauds dans le café, la voix douce et mélancolique de Simon qui parle de peanut butter, d’ice cream et de « sweeter than a cake »… de cet éternel besoin de consolation.

par Tom Gagnaire

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ESP SUMMER / Mars Is A Ten (1995)


esp summer - mars is a ten

Ian Masters (des Pale Saints) et Warn DeFever (de His Name Is Alive) ont enregistrés ce disque en 1995. Il est passé complètement inaperçu et demeure quasiment inconnu. Pourtant c’est un chef-d’œuvre ultime. Je pense qu’ils ont tout fait dans une maison à la campagne, composant et enregistrant au réveil les chansons des limbes d’un sommeil rural, tantôt ensoleillé et apaisé, tantôt neigeux et mélancolique. Des guitares pastorales, des parties très simples, un piano désaccordé, des échantillons chelous, des chœurs angéliques… Une musique de chambre d’éternels adolescents, bucolique et aérienne dont l’écoute agît comme un baume réparateur dans toutes les conditions, sur tous les plans émotionnels et affectifs, hiver comme été, nuit comme jour. Un joli scattered brain effort où les choses arrivent comme par enchantement, telle cette guitare de la dernière chanson « No June » qui intervient accidentellement trop tôt sur l’album. On peut se le procurer en digital sur le site d’His Name Is Alive. Sorti sous le nom d’ESP Continent en France et d’ESP Summer dans le reste du monde, il est plutôt difficile de trouver les éditions CD ou cassette.

par Tom Gagnaire

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KRZYSZTOF KOMEDA / The Fearless Vampires Killers OST (1967)


krzysztof komeda - the fearless vampires killers ost

Un des disques que j’ai le plus écoutés ces derniers mois après l’avoir enfin trouvé sur internet : la BO du Bal Des Vampires, un de mes films fétiches. J’adore ce disque de bout en bout, les thèmes sont géniaux, et je réalise de plus à quel point cette musique que je n’avais jusqu’à présent écouté que très épisodiquement (à chaque fois que je regardais le film soit en moyenne une fois par an… ça fait en gros 25 fois en tout et pour tout) a profondément marqué mon sens esthétique, et mon amour bipolaire pour la mélodie et la dissonance. L’instrumentation est très loin des orchestres standards : plein de voix, clavecin, clarinette, guitare électrique jazz, batterie, contrebasse (et peut être quelques autres trucs).
Quelle merveille que ce « Alfred Behind Sledge » !!! Définitivement dans le top ten de mes morceaux préférés du monde.

par Stéphane Laporte

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THE DECLINING WINTER / Haunt The Upper Hallways (2009)


the declining winter - haunt the upper hallways

The Declining Winter reprend, en quelque sorte, là où Hood s’est (momentanément ?) arrêté. Retour en arrière : Leeds, la monotonie sur fond de brouillard anglais, au milieu des années 90 et une musique qui laisse une empreinte indélébile, celle de Chris et Richard Adams, frangins rouquins, pas bien causants, jamais très à l’aise en concert. Et pourtant leurs performances en live m’ont à chaque fois retournée. Jamais une musique ne m’avait autant touchée, en particulier leur album Rustic Houses, Forlorn Valley. Aujourd’hui Hood est en pause d’une durée indéterminée. Chaque frère mène sa propre barque : Chris sous le nom de Bracken (Anticon Records) et Richard avec The Declining Winter, qui passe au chant et perpétue la tradition hoodienne. Des grincements de violons, des batteries étouffées, une voix parfois saccadée. Et la pluie, toujours la pluie.

par Camille Chambon

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BROADCAST & THE FOCUS GROUP / Investigate Witch Cults of the Radio Age (2010)


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J’imagine que ce n’est une découverte pour personne et même que ce groupe s’impose petit à petit comme la référence la plus importante dans le cercle des mélomanes fous de pop, de folk pastorale ou de musique concrète, de notre décennie. Et qu’un papier de plus ou de moins sur eux ne fera pas sortir leur prochain disque plus vite. Mais pour moi, il s’agit tout bonnement de mon groupe préféré. Et je suis si heureux de pouvoir dire spontanément qu’il y a un groupe que je place au-dessus de tous les autres, même des Beatles. Que ce groupe me soit contemporain me ravit d’autant plus que je suis sûr que le meilleur est à venir. [Cette chronique a été écrite peu de temps avant la mort de la chanteuse Trish Keenan en janvier 2011, ndlr]

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