gulcher
PRINCE AND THE REVOLUTION / Purple Rain (1984)

Prince, j’y suis venu assez tard. J’aimais déjà beaucoup les singles, puis j’ai découvert l’album. Ce qui m’a vraiment frappé dans Purple Rain, c’est que l’album porte vraiment le son de son époque. Il est à la fois assez expérimental, très pop, accessible mais bizarre, baroque.. Ça part dans tous les sens ; c’est une espèce de grande œuvre assez dingue. Ce que j’aime bien dans l’approche de Prince, c’est son côté extrêmement moderne. Il n’essaie pas de recréer un son. Moi-même, c’est quelque chose qui m’importe beaucoup quand je fais de la musique — même si j’aime aussi les groupes de genres, qui recréent des sons, des styles, des époques… Mais ce n’est pas du tout ma démarche musicalement. J’ai envie d’avoir mes influences tout en étant ancré dans mon époque… Et je trouve que Prince a réussi cela de façon merveilleuse sur Purple Rain. Prince invente le son de son époque, tout en laissant transparaître ses influences.
par Alexandre Rouger
GUCCI MANE / The State Vs. Radric Davis (2009)

Je n’écoute que ça en ce moment. Je suis beaucoup moins l’actualité rap depuis que je me suis remis à la pop il y a quatre ou cinq ans mais ce disque me rend complètement fou. Les instrus sont vraiment violentes, notamment celles de Bangladesh, un des types les plus talentueux en ce moment, capable de tout renverser sur son passage avec un simple gimmick, j’adore ses basses aussi, il est également très fort quand il fait dans le minimalisme. Il y a un côté super enfantin dans la façon dont Gucci Mane rappe, c’est toujours l’histoire du mec plus intelligent qui se fait passer pour un con… Il ponctue souvent ses couplets de petits bruits débiles, d’onomatopées, mais au delà de ça son flow est terrifiant. Ce disque, c’est un peu de la « superhero music ». Tous mes disques de rap préférés ont cette qualité, c’est agressif, répétitif. J’ai beaucoup de mal avec les pseudo vieux de la vieille, ces gens qui pour la plupart n’ont jamais vraiment connu « la grande époque des années 90 » et qui t’expliquent pourtant ce que doit être le rap, ce que doit dire le rap. Je n’arrive pas vraiment à comprendre pourquoi un genre de musique devrait se résumer à un message… D’ailleurs je ne crois pas fondamentalement que le rap américain de la fin des années 80 ou de la première moitié des années 90 soit meilleur que celui d’aujourd’hui. Il y a toujours autant de bons disques, toujours autant de bons producteurs, toujours autant de grands rappeurs. Oxmo Puccino qui gagne les Victoires de la Musique avec son disque le plus faible et le moins rap c’est un peu ça… Je ne comprends pas qu’un soi-disant amateur de rap ne puisse reconnaître le talent de Lil Wayne ou de Gucci Mane sous prétexte que sa musique n’est pas morale ou ne véhicule pas les valeurs préférées des antiracistes, des féministes, des bien-pensants en général. Le « C’est Du Lourd » d’Abd Al Malik, je trouve ça infiniment plus grave que quinze meufs à poil dans un clip de Booba, qui lui est nettement supérieur artistiquement d’ailleurs.
PIXIES / Doolittle (1989)

J’écoutais déjà de la musique avant de découvrir cet album, mais quand je l’ai entendu pour la première fois (un peu comme Ronan avec Joy Division), je me suis dit : « les mecs sont très forts sans être des virtuoses, ils arrivent à faire de la musique avec des moyens techniques assez limités, à exprimer des choses fortes ». En plus, Pixies m’a ouvert à plein de musiques : ça m’a fait revenir aux Beach Boys, à la surf music, aux Beatles, au punk, au hardcore, à la pop d’une manière générale… Ça a vraiment été un album-clef pour me faire aller au-delà de la simple écoute distraite, et aussi pour me faire remonter dans le passé…
par Alexandre Rouger