Subjective Live! #13 @ International, Paris (06.12.2012)


Subjective Live! 6 décembre2012 avec Motorifik

 

groupes : Motion Of Hips, Persian Rabbit et Motorifik
photos : David Hardillier et Alexandre Morin



2012 en dix titres : notre rétrospective


Petits veinards ! Alors que vous pensiez la douce période des hit parades révolue, alors que vous repreniez sans entrain le chemin de vos lycées, de vos facs, de vos bureaux, de vos usines, votre chagrin à peine consolé par une galette trop chère voire une couronne trop légère… l’équipe de Subjective vous offre sans prévenir son best of rétrospectif, plus éclectique que jamais :

– PATRICK WATSON / « Lighthouse » (Hedwige Dhénain)
– SAEZ / « A Nos Amours » (Romain Al)
– KENY ARKANA / « Gens Pressés » (David Hardillier)
– MOTORAMA / « To The South » (Fabien Hellier)
– GRIZZLY BEAR / « Sleeping Ute » (Nico Calibre)
– SPOEK MATHAMBO / « Let Them Talk » (Nicolas Fait)
– MAC DEMARCO / « Ode To Viceroy » (Rodrigue Bryselbout)
– CHILLY GONZALES / « White Keys » (Victor Sion)
– MAJOR LAZER / « Get Free » (Thomas Darras)
– PEAKING LIGHTS / « Beautiful Son » (Lille Vän)

PATRICK WATSON / « Lighthouse »

par Hedwige Dhénain

Pat Watson est le frère, le cousin, l’ami le plus rassurant du monde, le plus fun et le plus touchant aussi. Il est celui qui a réussi à me faire chialer comme rarement j’ai pu le faire pendant un concert (Trianon, 30 octobre 2012).

Son dernier album en date Adventures In Your Own Backyard, sorti en avril 2012, est une pure merveille et c’est bien au travers de cet album que je l’ai aimé, ce fou chantant de Montréal. C’est avec le titre « Lighthouse » qu’il ouvre l’album et qu’il a su ouvrir mon cœur au bonheur d’avoir des oreilles.

SAEZ / « A Nos Amours »

par Romain Al

Délicieuse prose dans la langue de momo, si rare en ce nouveau bas monde ! Ouf… on y peut encore chanter l’Amour avec justesse, délicatesse, mélancolie, simplicité et génie ! Merci encore à toi, Damien !

KENY ARKANA / « Gens Pressés »

par David Hardillier

C’est juste pour nous rappeler quelque peu qu’au final, nous sommes tous coincés, pris au piège de nos vies au service d’un monde capitaliste dont on ne voit pas l’issue. L’argent ne nous procure qu’un ersatz de liberté en nous donnant accès à nos besoins tous aussi futiles qu’inutiles. Mais quand serons nous réellement tous libres ? Quand donc briserons-nous nos chaînes ? (Et la petite référence au clip de Another Brick in The Wall des Floyd n’est que bien trouvée)

MOTORAMA / « To The South »

par Fabien Hellier

Ils sont Russes et apportent une touche d’exotisme dans le paysage pop mais on aurait tort de s’arrêter là.
Les cinq de Motorama sortent leur premier album notamment grâce au flair des Bordelais de Talitres, qui ont décidément le nez creux. Rapidement on tombe et reste sous le charme de la sincérité et de la générosité qui émanent des « twee pop » songs de ce groupe qui, pour l’avoir vu au Point FMR, ne laisse pas sa part au voisin sur scène.
Vladislav Parshin, chanteur et leader du groupe, explique que son inspiration provient des sons que sa belle (bassiste) émet en dormant. Une fois qu’on a dit ça, on peut largement s’arrêter là.

GRIZZLY BEAR / « Sleeping Ute »

par Nico Calibre

L’an dernier j’avais hésité à sélectionner John Maus et j’avais finalement opté pour les Strokes. J’aurais voulu changer d’image, délaisser les groupes à guitares, y compris le vieux Jon Spencer (qui a sorti un chef d’œuvre en 2012), pourquoi pas vous dire quelques mots sur le DJ Barcelonais John Talabot, que j’aime bien… Mais au fond, le groupe qui m’a le plus ému en 2012, c’est quand même Grizzly Bear. Comme beaucoup, j’ai attendu Shields pour faire mon coming out : jusque là, je n’avais jamais raffolé de ce groupe. J’avais vaguement fait mine de, et encore… Pardon. Sûrement n’avais-je jamais plongé assez profond pour voir au-delà des artifices, de la sophistication froide de Veckatimest. L’album Shields au contraire n’est pas froid du tout. C’est presque un nouveau groupe. Tout est superbe d’un bout à l’autre. Mais tant qu’à faire, je préfère le bout entrant : « Sleeping Ute ». Avec ses décharges galopantes. Le chanteur est un peu du genre « champêtre », comme le disait un détracteur, mais il l’est, cette fois, dans une ambiance qui rappelle le meilleur du tout-début-seventies : un son, un grain, une chaleur… Promis, pour la rétrospective 2013, j’arrêterai la nostalgie !

SPOEK MATHAMBO / « Let Them Talk »

par Nicolas Fait

L’Afrique du Sud est très remarquée ces derniers temps pour sa production musicale. Adieu Johnny Clegg, désormais on fait du hip-hop. Le Zef qu’avait balancé Die Antwoord et Jack Parrow en 2009 s’étant un peu essoufflé et malencontreusement technoïsé, l’interrogation de l’année consistait à savoir à qui remettre notre paire d’oreilles. Un peu moins Zef car plus branché, Spoek Mathambo avait déjà balancé une fantastique rondelle nommée Mshini Wam en 2010, album quasiment sans taches. Sorti début 2012, Father Creeper n’est lui pas sans taches et loin s’en faut. Mais en dépit d’une déception que je dois avouer assez grande, il y a ce morceau, « Let Them Talk », qui fut annoncé quelques semaines avant la sortie de l’album et qui m’avait fait saliver abondamment. Du Hip, du Hop, mais surtout un peu plus de rock, en particulier vers la fin du titre avec une espèce de montée à la cool qui m’évoque vaguement ce qu’aurait pu faire un bon groupe dans les 90’s. Scénarisé et bien filmé, le clip nous montre sans ambages les mauvais usages de la drogue. Zijabulisa !

MAC DEMARCO / « Ode To Viceroy »

par Rodrigue Bryselbout

Mac DeMarco,  ou une espèce de renouveau du je-m’en-foutisme musicale de génie à la Pavement.

CHILLY GONZALES / « White Keys »

par Victor Sion

Parler de Gonzales, c’est parler avant tout du personnage : l’humour gras, l’excentricité, la mégalomanie, la vantardise. L’écouter est bien moins agaçant, même presque apaisant : un flot de notes bien calibrées, saccadées d’un rythme aigu par-ci, d’un accord en mineur par-là. Tendez l’oreille, on ne juge que trop par les apparences.

MAJOR LAZER / « Get Free »

par Thomas Darras

Diplo, DJ/producteur de son état et anthropologue musical à ses heures perdues, s’est mis en tête il y a trois ans, avec son projet musical Major Lazer, de nous faire découvrir la trop peu connue scène dancehall Jamaïcaine. S’accouplant sans retenue avec des artistes reconnus dans le milieu (plus quelques stars de dimension internationale), il a conçu en son sein un album métisse, Guns Don’t Kill People… Lazers Do. Dignes filles de ce gang-bang musical, les 13 pistes forment une incitation vaudou au déhanchement et à la transpiration. (Ne ratez pas les clips de « Pon De Floor » et « Keep It Goin’ Louder »).

En 2012 pourtant sort « Get Free », single de l’album à venir Major Lazer Frees The Universe. Ici Major Lazer pose les guns et nous propose une promenade mélancolique dans un Kingstone qui s’éveille et qui, les vapeurs et les fumées se dissipant, se souvient.

C’est Amber Koffman, l’une des deux filles de Dirty Projectors, qui pose sa voix vibrante sur un beat assagi et langoureux.
Un bijou de poésie.

PEAKING LIGHTS / « Beautiful Son »

par Lille Vän

Beautiful son, comme un hymne au psyché exeptionnel et déroutant nous fait planner et vivre l’ivresse aquatique à l’état pur. Deuxième titre du dernier album des Peaking Lights, laissez vous porter par ses mélodies naïves et nébuleuses…



Merry Melodies avec Motorifik : mercredi 16 janvier au Motel


Subjective Merry Melodies avec Motorifik le 16 janvier 2013 au Motel

Subjective, espace de propagande pop, vous donne rendez-vous une fois par mois au Motel : un groupe invité, un concert en acoustique, un dj set and… that’s all folks !

Mercredi 16 janvier, nous accueillerons MOTORIFIK, prochaine obsession pop de Subjective, qui prépare actuellement son deuxième album. Après le concert, le chanteur-compositeur Idrisse Khelifi se tiendra derrière les platines, casque à l’oreille et disques à la main.

« If psych-pop duo Motorifik had been around in the 1990s, they would probably have been on Creation Records, so perfectly do they embody that aesthetic, with churning slo-mo guitar grooves and great, anthemic choruses hovering on the edge of legibility. » (The Independent)

motorifik.bandcamp.com



Persian Rabbit


Nico, on imagine que le nom du groupe a un rapport avec ton pays d’origine… Dans ton esprit, le lien entre la musique de Persian Rabbit et l’Iran va-t-il au-delà du clin d’oeil ?

Nico : Premièrement mon pays d’origine est la France. Mère française, père Iranien. Il est vrai qu’il m’arrive de m’inspirer de détails de vie que l’on trouve en Iran , j’essaie de les aborder d’une manière imagée. Une grande partie ma famille paternelle vit en Iran, je suis forcement touché par ce que les gens de ma génération vivent, ou par ce que le monde raconte sur ce pays qu’on ne connait qu’à travers les « médias ». D’une certaine manière cette culture fait partie de moi, elle m’accompagne donc dans toutes formes d’expression. On peut retrouver des inspirations dans certains morceaux de Persian Rabbit, mais aussi dans mes autres projets (Waiting For The Prophet, deuxième album du Green Vaughan). « Setareh » , un morceau sur l’EP de Persian Rabbit, qui signifie « étoile » en Perse, s’inspire d’un climat existant en Iran mais qui est tout aussi présent dans d’autres pays.

Est-ce que tu connais l’Iran d’aujourd’hui ?

Je ne dirais pas que je connais l’Iran. Les gens de ma famille comme mes rencontres me renvoient une image très différente de celle qu’on nous montre dans les médias. Saviez qu’il est interdit de danser dans un lieu public en Iran ? Imaginez un concert de métal où tout le monde est assis sur une chaise… Il existe toute une culture Underground au sens propre du terme. L’art y est un moyen d’expression réellement engagé. Quand on vit dans un pays qui nous prive de beaucoup de droits, on apprend le système D. Une T.V bridée = une parabole bidouillé dans le salon. Idem pour internet. Ce pays possède un passé très riche aussi bien en terme de sciences que d’architecture ou de littérature… qui continue d’inspirer le monde contemporain. Je vous conseille de regarder Les Chats Persans, c’est une fiction documentaire tournée autour du monde musical (rock indé, métal, rap, musique traditionnelle…) dans laquelle on découvre une génération détournant les interdits pour vivre ses convictions.

L’univers de Persian Rabbit semble « apaisé » par rapport à ce que tu as pu faire auparavant (ou encore aujourd’hui) avec d’autres groupes… Est-ce que tu aurais pu lancer ce projet quand tu avais 25 ans, ou bien fallait-il une maturité nouvelle ?

La maturité c’est toujours mieux, non ? Lors de la composition de l’EP, nous n’avions pas pour but de faire une musique calme, je pense que  l’harmonium et le mode de composition nous y a conduit.

On se souvient du « gospel » de ton ancien groupe White Loose Woman, on retrouve beaucoup de croix ou de crucifix dans tes photos, et on devine que la dimension mystique est importante chez Persian Rabbit. Quel rapport est-ce que tu entretiens avec la religion ?

Je respecte les principes fondamentaux de toutes les religions, je rejette ce que l’homme en fait. Le message n’est il pas plus important que le messager ? Je trouve que les signes religieux sont très forts en règle générale mais je pense que la palme revient à ce hippie défroqué crucifié. J’avoue que j’aime utiliser certains mots apparentés à la religion dans mes textes, j’y trouve une inspiration onirique.

PERSIAN RABBIT par Aliosha« Nous n’avions pas pour but de faire une musique calme »

Peux-tu nous présenter en quelques mots les autres membres du groupe ?

Dans l’ordre des rencontres au sein de Persian Rabbit…

Bastien : harmoniumiste. Également le batteur de Tang un groupe que j’écoute depuis longtemps. J’ai toujours voulu jouer avec ce mec à la batterie. On a eu l’occasion de composer quelques morceaux lors des premières Forest Sessions. Je l’avais croisé lors d’un concert à la Malterie (Lille), il m’avait dit qu’il aimait pianoter accompagné d’un verre de vin rouge. Je lui ai proposé de venir m’aider à jouer mes parties d’harmonium afin de pouvoir chanter sans contrainte. Il est vite tombé amoureux de cet instrument.

Oliv’ : guitariste. Il joue aussi dans Ed Wood Jr, un duo math rock bien barré, regorgeant de boucles. Il faut le voir en live pour le comprendre. On a également joué ensemble lors des deuxièmes Forest Sessions. C’est une personne qui se questionne énormément autour de son instrument, il y a une véritable recherche de son. Le fait d’utiliser un archet sur une guitare me plaît beaucoup C’est grâce à lui si le projet tient sur 5 pattes. En plus de son approche guitaristique, il apporte au groupe un équilibre.

Mat’ : Contrebassiste. The Hanged Man And The Moon, Two Left Ears… Ecoutez Two Left Ears ! Très bon projet electro ! Ce mec a le don pour trouver le riff qui te reste en tête après la répète. Et j’avoue être tombé sous le charme de cet instrument. Il est également l’un des co-fondateurs d’Attic Addict, projet mettant en scène des groupes indés au travers de la vidéo live.

Alex : Batteur. Alex a joué dans beaucoup de projets, a également accompagné des grands noms du jazz que je suis le seul à ne pas connaitre. Alex, c’est le genre de mec qui est tombé dedans quand il avait 5 ans et qu’il vivait dans les îles. Je pense qu’il nous apporte de la subtilité, ce qui nous permet de ne pas tomber dans le post rock proprement dit.

On sent que le projet artistique te tient extrêmement à cœur. Comment as-tu fait pour « embarquer » quatre autres personnes dans l’aventure ? Comment leur as-tu présenté ce que tu voulais faire ?

D’un côté, je commençais tout juste à jouer avec Bastien, puis Oliv’ nous a proposé de s’essayer à un nouveau projet. Nous nous sommes retrouvés dans le local d’Ed Wood Jr et Tang. Venant tous du milieu rock à tendance screamo/core blablabla….. Nous sommes arrivés à la fin de la répète avec un morceau rock. C’est ce qu’on savait faire et finalement c’était loin d’être terrible… J’avais ramené mon harmonium, j’ai joué un morceau ou deux. La sonorité de cet instrument a tenté tout le monde. On s’est quittés en se disant qu’on ne procéderait plus comme ça, que la prochaine fois on expérimenterait autrement. On s’est donc retrouvés chez Oliv, dans son « Home studio », on a enregistré un riff d’harmo, une batterie avec 1 micro, un clavier basse, une guitare et un chant. 3h après on avait fini le premier morceau de l’EP. Les 4 morceaux ont été composés de manière très instinctives, sans aucune répétition. On a contacté Mat à la fin des 4 songs pour qu’il pose des contrebasses. Il a pondu des couches d’archet sur « Setareh »et des riffs de basse entêtant, lui donnant une place au sein du groupe. On est allés mixer chez le grand, le talentueux mais humble R3myboy, avec qui je travaille, depuis le White Loose Woman sur tous mes projets. On a fait notre premier live à 4 avec une approche rythmique electro. Après réflexion, il nous manquait un batteur pour apporter plus de relief , on a contacté Alex, qui s’est avéré être la personne idéale au projet. Et voilà, Persian Rabbit est né…!

Est-ce que vous composez ensemble ?

Complètement ! J’apporte un riff d’harmo avec une ligne chant comme point de départ, si le groupe apprécie l’idée, le travail peut commencer. Je recherche juste les notes qui me touchent, je ne vais pas plus loin dans la composition en revanche je ne propose rien si je n’ai pas de textes. Il nous arrive parfois de retourner la structure dans tous les sens afin d’arriver à un résultat qui nous plaît à tous.

Quand on t’avait rencontré pour la première fois il y a trois ans, tu semblais hyper-enthousiaste par rapport à ce qu’on pourrait appeler, pour faire simple, la « scène indé lilloise ». Que penses-tu de l’évolution de cette scène ?

La scène Lilloise est très riche et variée.

Vous n’avez qu’a écouter : Ô Superman, Shiko Shiko, Marvin Hood, GYM, Bison Bisou, Drive With A Dead Girl, Pan Aurora, Chateau Brutal, Luminocolor, Two Left Ears, Tang, L’Oeuf, Ed Wood Jr, Green Vaughan, We Are Enfant Terrible, Cheyenne 40, Team Wild

Persian Rabbit à New York : ça va se faire ?

Oh que oui !!! Et même Montréal !



THE VELVET UNDERGROUND & NICO / The Velvet Underground & Nico (1967)


The Velvet Underground And Nico

Encore un album où il n’y a rien à jeter. Je peux l’écouter d’un bout à l’autre. C’est intemporel. Encore une fois, il y a cette ambiance d’immédiateté, des mélodies qui sont assez basiques, mais hyper accrocheuses, à la reverb. Il y a un truc quasi mystique…

par David Krutten

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« Obsession pop : Lou Reed » ce soir à l’Hybride (Lille)


La deuxième soirée, ce jeudi 20 décembre à L’Hybride, Subjective prolonge le voyage dans la discographie de Lou Reed avec la projection de Lou Reed’s Berlin : l’intégral de l’album de 1975, considéré comme l’un des chefs d’œuvre du chanteur, mis en scène et filmé par Julian Schnabel. En première partie, le premier et unique film réalisé par Lou Reed, Red Shirley, est diffusé pour la toute première fois dans un cinéma français.

A tout à l’heure !

Lou Reed Hybride 20 décembre 2012



ISAAC DELUSION : « Purple Sky ». Live au Point Ephémère (11.10.2012)


Images : Romain Al

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