Nicolas Paugam : Vidéologie


La légende dit qu’au village, lors de veillées organisées, les hommes et les femmes se réunissaient pour regarder les clips de Nicolas Paugam dans des auberges troglodytiques. Ces soirs-là, si l’on tendait l’oreille, on pouvait entendre des villageois chuchoter à leurs voisins : « Mais cet homme est fou ! »…

Aujourd’hui, après avoir passé ce personnage au peigne fin dans notre dernier focus, on peut prétendre que Nicolas Paugam est fou oui, mais savant avant tout. Partisan des techniques « à l’ancienne » ou de celles de la Nouvelle Vague, Nico (tel qu’il signe ses vidéos) réalise ses clips avec peu de moyens et tourne avec des acteurs sélectionnés au casting sauvage, ou plutôt : dans son entourage. Mais derrière la contrainte budgétaire qui force l’autoproduction se cache aussi une occasion en or de représenter les choses telles qu’il les entend, avec ses images à lui. Car les vidéos de Nicolas Paugam sont des créations à l’état brut, sans artifice, sans étalonnage, mais avec beaucoup d’inventivité. J’ai dit « sans artifice » ? Non, pas exactement. Des artifices il y en a, mais ils sont faits main. Je repense alors à moi étant enfant quand je jouais à « faire des clips ». Poussée par le besoin de m’approprier la musique, je m’équipais de plumes, de diadèmes pailletés en plastique, et d’autres accessoires divers pour jouer le clip devant une caméra imaginaire. Il me semble que Nicolas fait pareil, sauf qu’il n’est plus enfant et que sa caméra fonctionne pour de vrai.

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Shadow motel: manèges et barbes à papa


 Ausfahr Nach, s’ouvre sur des rires caverneux et des envolées de chauve-souris… Et en écoutant certains titres on pourrait se dire que Norman Bates pourrait facilement tenir la réception du Shadow Motel. Le groupe s’habille plutôt en noir tendance despérado, mais c’est entre les manèges et les barbes à Papa qu’ils ont choisi de poser.  Ils tentent le tir à la carabine et l’arnaque des crochets à peluche. De notre côté nous  évitons de tenir trois minutes à « pendus-par-les-bras » même pour gagner 200 euros. Guidés par Marguerite entre les badauds, les cris des enfants et les effluves diverses et variées, le groupe garde un calme olympien. Nous les trouvons tranquilles, posant à côté de ce saloon hanté dont les annonces horrifiques nous ont vrillé les tympans – bien plus que la musique de Shadow Motel, décidément bien calme en comparaison de l’ambiance sonore de la foire aux manèges de Lille.

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SONIC YOUTH / WASHING MACHINE (1995)


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Je retourne toujours à Washing Machine. Il m’arrive parfois de changer d’avis et d’adhérer sans limite à un autre album de Sonic Youth, mais finalement, c’est à nouveau Washine Machine qui l’emporte ; et pas seulement parce que je l’associe à des moments importants (« Romance is a ticket to paradise … »). C’est un des rares albums de Sonic Youth où à aucun moment les paroles ne me déçoivent ou me mettent mal à l’aise, bien au contraire. J’en sors toujours apaisée, débarrassée d’un trop plein de crasses (« Throw all this trash away »), de rancœurs (« Pretend you’re there, pretend it ain’t there »), de doutes (« What I feel inside / That I’m really bad »). Pré-lavage énergique avec « Becuz », « Junkie’s Promise » et « Saucer Like », lavage spécial tissus délicats dès « Washing Machine » jusqu’à « Little Trouble Girl » en passant par « Unwind », essorage avec « No Queen Blues » et « Panty Lies », ralentissement du tambour avec « Thumb » et dernier essorage douceur avec « Skip Tracer » … Et last but not least : « The Diamond Sea ». » La suite !



SIOUXSIE AND THE BANSHEES / JUJU (1981)


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J’avais 15 ans quand ma grande amie Jane m’a fait découvrir les morceaux « Christine » (« the strawberry girl … ») et « Happy House » de Siouxsie and the Banshees, via un dossier informatique musical de son cru, créé un dimanche après-midi d’hiver. J’avais bien aimé ces morceaux, mais la première impression qu’ils m’avaient laissée était beaucoup moins forte que « She’s Like Heroin to Me » du Gun Club qui composait aussi cette mixtape du XXIème siècle. Pourtant je me suis vite lassée de « She’s Like Heroin to Me » (ne vous inquiétez pas, la découverte de Miami a renouvelé mon amour pour The Gun Club). Quelque chose me dérangeait et m’intriguait de plus en plus avec Siouxsie, or c’est cela-même qui me plaît énormément aujourd’hui, à savoir son chant assez lyrique toujours à deux doigts de se casser la figure. Je me suis retrouvée à écouter la compilation « Once Upon a Time : The Singles » avec avidité, composée entre autres de deux perles (« Spellbound » et « Arabian Knights ») qui m’ont emmené tout droit vers Juju. C’est aujourd’hui (de loin) mon album préféré de Siouxsie, le seul que j’écoute encore très régulièrement parce que c’est celui dans lequel l’instrumentation non seulement se donne vraiment à entendre, mais aussi sublime la voix de Siouxsie Sioux. Chaque instrument fait preuve d’une inventivité d’une grande beauté : les riffs de guitare de McGeoch, la batterie et les percussions de Budgie, et la basse de Severin.

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SHADOW MOTEL


Discogs.com propose à ce jour les notices de 5 423 714 disques différents (dont Ausfahrt Nach de Shadow motel – 11 euros à l’argus). Si vous vous limitez à une chanson pour chacun des 3 627 944 artistes recensés, un peu moins de 200 titres par jour pendant 50 ans vous suffiront pour écouter à peu près toute la musique sortie avant 2015. Facile. Voilà en gros l’étendue du brouhaha que nous propose la pop. Mais ce serait dommage de n’écouter qu’une seule chanson de Shadow Motel en 50 ans. Pour ceux qui commenceraient déjà leur playlist d’un demi siècle, placez y tout de même « Jim », « Applause », ou « Ivory Eyes ». Du brouhaha de quelques millions de titres il est tout de même permis d’espérer que certains pourront se démarquer, émerger un peu de la masse.

Ausfahrt Nach, disponible via Discogs

Quand j’étais ado, un groupe légendaire de rock expérimental new-yorkais avait une place de choix parmi les photos d’artistes que je punaisais alors sur le mur de ma chambre. Ils avaient leur « son », comme disent les amateurs de bon « son » : harmonies uniques, fureur et atonalité, étrangeté, audace… Tout ça empaqueté dans du rock’n’roll. Pas mal. Cette année j’ai eu l’occasion de voir le projet solo du « poète » du groupe légendaire de rock expérimental new-yorkais. Au milieu du concert, il nous a expliqué que la prochaine chanson avait été inspirée par ses vacances à Lecce. Au stand merchandising, ou l’on trouvait des rééditions des disques des années 1980 du groupe légendaire, je me rendis compte que le « poète » et son batteur étaient bien sympathiques mais avaient tout de même l’âge de mes parents. Mais en première partie du groupe légendaire, il y avait Shadow Motel qui proposait sa formule, son intuition à renouveler un genre que le groupe légendaire de rock expérimental new-yorkais avait largement popularisé. Ouvrant pour des pages vivantes d’histoire du rock, le groupe pouvait compter sur les quelques grammes de magie qu’ils parviennent toujours à insuffler dans chacun de leurs morceaux. Le trio tient une formule, qu’ils appliquent avec plaisir. Une tactique née de tâtonnements occultes qu’ils semblent bien aise d’avoir découverte.

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Chorus­-land


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Une chose qui m’étonne aujourd’hui, on n’entend plus de chorus dans les concerts, tout y est écrit, il n’y a plus de place pour l’improvisation, il n’y a plus ces « lâcher-prises » qui faisaient des concerts d’Hendrix ou de Santana de véritables « messes sonores » ! C’est fort dommage, surtout que je crois que le public ressent la prise de risque, il s’identifie au musicien et une improvisation menée à son terme avec maestria, c’est la transe pour tous : bingo ! Alors, pourquoi s’en prive-t-on aujourd’hui ?

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Robbing Millions : « Lonely Carnivore » (2014)


Les extended plays, que l’on appelle communément EP – à mi-chemin entre single et album – sont des objets bien singuliers. Et ils ont le vent en poupe : quel amateur de musiques indés n’a pas pas sa collection d’EP ? Ils sont souvent anecdotiques et n’intéressent alors qu’une maigre poignée d’ultra-fans prêts à tout pour acquérir la totalité des œuvres de leur groupe chéri, sous tous les formats existants. Mais ils sont parfois aussi géniaux que les albums qui suivront. On pourrait faire un parallèle avec les courts métrages : il y a pléthore de courts métrages oubliables et il y a The Big Shave de Scorcese, Bottle Rocket de Wes Anderson ou Cash Back de Sean Ellis. Pour revenir à nos moutons et conclure sur ce bref exposé, il y a des EP qui en soi, ont valeurs d’œuvre, et pour ne pas tourner autour du pot, c’est le cas de Lonely Carnivore des Robbing Millions, qui nous avaient déjà livré un EP d’une rare qualité avec Ages ans Sun.

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