Œil d’Atlas #1: Retour de psychédélisme


Parmi la cohorte de mots galvaudés qui pullulent dans les conversions de mélomanes, nous pouvons compter sans chipoter celui de psychédélisme. Galvaudé parce que des scènes variés s’en réclament, du shoegaze au dub en passant par le punk, le déclinent à toutes les modes, le mangent à toutes les sauces. Dans ce premier Œil d’Atlas, il s’agit du psychédélisme de la première heure, coloré et hallucinant. Certaines sorties récentes des scènes émergentes françaises fleurent bon la rétro­mania psyché : bref état de l’art par l’œil d’Atlas.

Thomas Subiranin: « Magical Place » (Enfance Musique, 201?)

Sorti des limbes d’internet, voici le tube qui nous aura fait aimer Thomas Subiranin. Le kaléidoscope est presque un cliché quand on parle de musique psychédélique. Mais ici le thème lumineux de la chanson – quelques accords martelés et nappés d’optimisme – est bel est bien diffracté par de multiples variations dans de petits mondes exquis et secrets.

The Limiñanas: « The Darkside » (LateNightTales, septembre 2014)

« Continuez de danser… », tel est le leitmotiv de cette messe psychédélique célébrée par une prêtresse chaussée de bottes de moto. Sélectionnés cette année dans la compilation LateNightTales par les planétaires Franz Ferdinand, les Limiñanas sont prêts à enflammer les living-rooms du monde entier.

Forever Pavot : « Miguel El Salam » (Rhapsode, Born Bad Records, novembre 2014)

Avec un nom qui pue la débauche ce projet parisien a déjà beaucoup séduit. Mais où s’arrêtera cette petite flute ? Loin, dans un oasis de clavecins au milieu d’un désert brûlant, traversé parfois de cavalcades héroïques. Quand la route de l’opium est chantée par Miguel El Salam…

Jaromil Sabor : « Diamond Mind » (La Santa Roja, Sunny Weeks, mars 2014)

Diamond Mind se permet de belles digressions de guitare folk et de cuivres mais sans perdre le sens de la concision… ni de la danse : Jaromil Sabor appuie sur toutes les mesures avec un sourire béat et un clavecin malicieux en contrepoint qui te fait mouliner des poignets et secouer ta mèche de Ringo .

Odessey and Oracle : « Night of the Tacky Toys » (Odessey & Oracle, Carton Records, octobre 2014)

Il serait injuste de s’arrêter à l’époustouflante introduction de ce morceau. Ici, Odessey and Oracle se font joueurs et espiègles : la marche militaire qu’ils écrivent pour leurs jouets à cent sous est un hymne qui contient plus de mélodies et de variations que l’esprit d’une bidasse ne pourra jamais supporter.

Dorian Pimpernel : « Ovlar E » (Allombon, Born Bad Records, mars 2014)

On peut lire quelque part de Dorian Pimpernel que « c’est une fleur ancienne et maladive, échouée par erreur dans la modernité ». Les pauvres aventures d’Ovlar E, apprenti rockeur dans une piteuse petite ville, sont enluminées de fuzz et de feux d’artifices au synthé maîtrisés au bit près. Village screen preservation society ?

Sudden Death of Stars : « Halcyon Days » (All Unrevealed Parts Of The Unknown, Ample Play Records, mars 2014)

Un adjectif me vient en tête et c’est « poilu ». Comme de belles barbes qui dodelineraient sur du folk irlandais et feraient les malines avec leurs guitares au pub du coin. Hola ! Clairs chanteurs et gais buveurs! Hardis moulineurs de veille et sonneurs de sitars ! Donnez-nous juste l’adresse du prochain ashram en Bretagne…

Halasan Bazar & Tara King Th : « Coeurs Croisés » (8, Moon Glyph, 2014)

Pour mettre des images sur cette musique de film, il nous faudrait des flics qui n’attachent jamais leur ceinture et un tournage interdit aux non fumeurs. Mais bon, les musiciens qui ont si bien ciselé ces claviers et ces guitares méritent mieux qu’un polar franchouillard des années soixante tourné en 2014, non ?

Moodoïd: « Les Chemins de Traverse » (Le Monde Möö, Entreprise, août 2014)

Quelque part entre prog de gnome et glam à paillette, Pablo Padovani cale de jolis textes qu’il murmure d’une douce voix. Quand il se tait, Didier Malherbe siffle dans son duduk en abricotier pour vous charmer les tympans.


Oeil: Marguerite de Vdn (dessin) & Atlas Ibiza

Textes: Nicolas Fait & Atlas Ibiza

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