Moloko Velocet
Membres actuels : Adrien Dreiman (guitare, chant), Mary Red (chant, clavier), Pierre Batlev (guitare, chant), Nicolas Bertin (batterie), Jérémy Butruille (basse, chant)
Ville : Lille
Depuis : 2008
Projet Parallèle : Okay Monday (Aurélien Guainetdinoff, ancien batteur)
Discographie
Moloko Velocet (EP | Skittlebrau Records, 2009)
01. Empty Streets Of L.A. / 02. Red Sun / 03. Battlefield / 04. The Black In Her Eyes / 05. Solitude
Subjective présente Moloko Velocet
Quand j’étais plus jeune, j’imaginais un rescapé de la Troisième Guerre Mondiale, une silhouette finissante, un vieux visage stoïque au milieu des heures. La barbe en dit long sur l’homme qui la porte. Celle de mon rescapé était une barbe-puzzle, à la fois résignée et volontaire, mélancolique, un peu nonchalante. Au lendemain de l’Apocalypse, Nikolaï Peterov était la toile de fond insondable d’un nouveau monde. Il y a des génies qui se placent derrière, permettent au peuple de s’agiter en façade. De façon très curieuse, Adrien d’Haese me rappelle ce portrait jadis entr’aperçu. Frontman théorique, il demeure à tout instant un créateur d’arrière-scène qui, par pudeur, s’enveloppe dans une musique encore plus grande que lui. Sa voix réverbérée n’affleure qu’aux instants les plus stratégiques, tandis que du regard il perce à moitié le monde qui bruit.
À moitié ? Parce que l’innocence refuse d’ôter au monde tous ses mystères. Jamais blasé ! Dans les yeux perçants d’Adrien, on reconnaît parfois l’émerveillement d’un gamin devant une suite d’accords, devant l’enchaînement presque évident des sons… Le sentiment que tout peut être simple et beau. Les règles fondamentales de l’harmonie sont source d’extase, il les découvre à chaque fois qu’il s’y soumet (volontiers). Les chansons de Moloko Velocet évoquent la « perte de l’innocence », peut-on lire. Mais d’où ces jeunes gens parlent-ils ? Est-ce l’avenir qu’ils redoutent ou le passé qu’ils regrettent ?
Romantiques véritables, les six sont perdus dans l’histoire — à la recherche d’une beauté atemporelle, a-culturelle, absolue. Un idéal qui ne se calcule ni ne se compose, et que seul l’artiste spontané peut espérer découvrir. Ce doit être là, quelque part dans la musique épaisse de Moloko Velocet. La slide pèse sur les paupières, le drone révulse les pupilles, Mary souffle par intermittence et les ascensions soniques atteignent la grâce. À écouter juste au-delà de la limite, quand les oreilles suffoquent.
Par Nico Calibre