Your Happy End


La genèse de « December Song »

Aurélien : Ca fait partie de nos plus vieilles chansons. Elle a un petit côté… « indigène », je sais pas…

Guillaume : Exotique.

Aurélien : Voilà, exotique, on va dire ça. On a essayé de garder cet esprit là, un peu rigolo. On avait un plan, on ne savait pas trop où le foutre, et on s’est rendu compte que ça allait bien si on le mettait à la suite d’un autre plan… C’est pour ça que plein de gens nous disent : « on dirait qu’il y a plusieurs morceaux dans cette chanson. »

Guillaume : La batterie est jouée à la main. On ne se contente pas de lancer une instru et de jouer par dessus. Aurélien commence par boucler des petites phrases de guitare, très fines.

Aurélien : Avant ça…

Guillaume : Oui, avant ça, il y a une petite introduction avec une voix samplée, en français… qui parle des oiseaux…

(rires)

Guillaume : Un petit synthé, puis une petite guitare qui se pose avec des lignes… un truc que j’aurais jamais pu inventer, moi ! C’est vraiment le style d’Aurélien, et c’est vraiment sympa ! Ensuite, moi j’arrive avec une grosse boîte à rythme ancienne. Si tu veux, tu as 16 carrés, et tu samples ce que tu veux — par exemple, moi c’est des vinyles. Je coupe une grosse caisse, une caisse claire et un charleston, je peux aussi ajouter une note de basse que j’ai chopée, un petit sample, etc…. Et c’est un truc que je joue à la main. Cette chanson là a été construite en live, du coup il y a un vrai truc frais, un petit peu scabreux…

YHE46_AJ« Cette chanson là a été construite en live. Il y a un truc frais, un petit peu scabreux… »

« Construite en live », c’est-à-dire ?

Aurélien : C’est pas un truc qu’on a mis à plat et qu’on a essayé de jouer après.

Guillaume : C’est pas séquencé, pas un truc enregistré piste par piste en studio. C’est pas de la musique assistée par ordinateur. Vraiment du live. Comme si j’avais une batterie et qu’Aurélien avait sa guitare. Donc on a ce petit truc fragile, comme ça, et puis cette rythmique un peu chaloupée… Ca, c’est la première partie de la chanson. Après, il y a un passage très aérien et, encore après, quelque chose d’assez lourd et mélancolique, avec des guitares et un harmonica sur scène. Et ce morceau, on a galéré pour le recréer en studio.

Aurélien : Ouais. En fait, au départ, on voulait faire un truc très propre. Élément par élément. Piste 1, guitare… Et déjà, comment la jouer correctement ? Je crois que je la jouais aux doigts au début : c’est très chiant au niveau des sonorités, on s’est pris la tête. Et puis, du point de vue de la technicité, je ne suis pas non plus un gros darron à la guitare, donc il m’a fallu pas mal de temps…

Guillaume : En concert, les loops se superposent…

Aurélien : Et là, on a voulu superposer les pistes.

Guillaume : Du coup, ça a enlevé toute la fraîcheur du truc. On a passé quasiment une semaine à essayer de rendre le truc… et c’était nul.

Aurélien : Ah, c’était vraiment pourri. Grosse déprime !

Guillaume : On est donc reparti chez nous, et on a ré-enregistré la chanson… en version live. La batterie que je jouais d’habitude à la main, j’avais décidé de la séquencer, de la programmer.. et pareil, ça ne rendait rien. Du coup, j’ai décidé de la jouer vraiment à la main… On a mis longtemps à comprendre ça : pour certaines chansons, ça le fait de jouer droit avec des choses programmées ; pour d’autres chansons, il faut que ce soit fragile…

Mickaël : Des chansons qui ont besoin d’un peu plus vie.

Guillaume : De vie, et même de choses imparfaites.

Aurélien : Pour que ça scintille.

Guillaume : Qu’il y ait une âme et que ça ne soit pas… robotique.

YHE28_LD« Je ne suis pas non plus un gros darron à la guitare »

Comment vous est venue l’idée de faire un morceau en plusieurs parties ?

Guillaume : Ca, c’était pas réfléchi du tout.

Mickaël : Dans la composition, c’est vraiment une suite d’éléments qui arrivent et qui s’enchaînent… C’est vrai que pas mal de gens nous ont dit : « souvent, chacun de vos morceaux pourrait en contenir deux ou trois ». Je crois que c’est ce qui fait un peu l’univers du groupe : les structures des morceaux, le fait que des choses très surprenantes y arrivent parfois d’un seul coup…

Sur scène, le rendu est le même que sur l’album ?

Guillaume : Quasiment, sauf que je fais de l’harmonica en plus.

Mickaël : Ce morceau a été composé en répét, et il a été mûri sur scène. Il n’a été enregistré qu’ensuite, donc il a fallu l’adapter… En studio, il y a quelques éléments qui sont rajoutés…

Aurélien : …ou enlevés…

Guillaume : Comme on ne peut pas se permettre de faire des versions live sensiblement différentes des versions CD, il y a certains éléments dont on se dit : « sur skeud, pas besoin de les mettre ». Comme ça, il y a une surprise quand on nous voit sur scène. Quelque chose d’un peu plus vivant.

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