We Are The Romans!


Racontez-moi vos parcours musicaux.

Bernard : J’ai commencé avec Anthony. On était au lycée ensemble. Je faisais de la guitare. Lui était à la basse et au chant. On faisait du metal et du hardcore. Et puis, il y a trois ou quatre ans, chacun a commencé à avoir son projet individuel. Maintenant, j’ai un autre projet dans lequel je gueule, qui s’appelle Every Reason To.

Anthony : La musique fait partie de la culture familiale chez moi. Mon oncle est guitariste, mon père est batteur. Mais mes parents m’ont laissé le choix de faire de la musique ou de ne pas en faire. J’ai principalement appris en autodidacte. J’ai pris quelques cours, mais ça ne s’est pas bien passé… Quand je suis arrivé au lycée à Paris, j’ai rencontré Bernard et on a commencé à faire de la musique ensemble.

En parallèle, j’étais dans un groupe de hip hop. C’était la culture des banlieusards. En résumé, j’avais un groupe un peu hip-hop et un groupe de punk. Le punk est vraiment une musique libératrice, il faut que ça aille le plus vite et que ce soit le plus fort possible. C’était les années 90… Tu écoutais Cypress Hill et tu kiffais Anthrax ! On a mis des Doc, on a mis des Nike, on s’en foutait. Mes parents ont grandi dans les années 70, pendant lesquelles il y avait énormément de fusions des genres, et je pense que notre génération a connu la même expérience.

Charles : Moi, j’ai commencé la gratte à 14 piges. Je n’ai pas fait grand-chose avant. Il y a quatre, cinq ans, je me suis dit que j’avais des choses à exprimer. D’une certaine manière, c’est ce qui m’a amené à faire de la musique. We Are a été mon premier projet et ça m’a ouvert d’autres portes. C’est vraiment l’amitié qui m’a donné envie de jouer la musique, d’en écouter, d’apprendre et de partager.

Louis : J’ai commencé par le piano. Beaucoup de classique. Je n’ai jamais connu l’expérience FM. Après, je me suis plus tourné vers la musique rock, reggae et africaine. J’ai rencontré le groupe il y a une dizaine d’années. J’étais à fond dans le reggae à cette époque-là… Très sound system. On s’est retrouvé là-dessus. Anthony et Bernard faisaient du rock. Au départ, sur We Are, je les ai suivis comme simple fan, et maintenant je joue du synthé dans le groupe.

Jean-Baptiste : Mes parents m’ont fait écouter plein de Bob Dylan, de Beatles, de Simon & Garfunkel. Je suis arrivé au collège. On jouait de la flûte à bec et je me suis rendu compte que je pouvais faire plein de trucs avec. Mes parents avaient l’habitude de faire des bœufs avec des potes qui venaient de partout dans le monde. Il y a eu une fusion. Des rastas venaient chez moi pour faire leur radio pirate ! Après, on a bougé de Paris et je me suis retrouvé tout seul comme un con. Je me suis mis à la gratte, parce qu’il y en avait une à la maison. On m’a montré quelques accords. J’ai écouté du son. Je ne sais pas vraiment lire la musique, je ne sais pas la décrypter, je connais à peu près le manche de ma gratte et voilà. J’ai découvert des gars qui m’ont poussé à être libre. À la campagne, j’ai rencontré Charles et avec lui, on a pu lâcher nos tripes. Autant hippies que punks. Pendant une dizaine d’années, on a enregistré de la musique un peu à l’arrache. J’ai rencontré Anthony pendant mes études et il m’a présenté tout son collectif. A l’époque, j’avais des dreads, Anthony aussi et je lui ai demandé s’il faisait du reggae, il m’a dit : « reviens-me voir plus tard ! » (rires) C’est simple : il jouait du gros hardcore. Moi, j’étais un petit mec qui aimait la musique africaine. Au-delà de la technicité, la musique peut être et un moyen de communication entre tous les peuples et un moyen d’expression sans limites.

Alors, à l’origine, de qui est composé le groupe ?

Anthony : De Jean-Baptiste et moi. J’étais chez lui, on a voulu se taper un trip et ça s’est fait comme ça.

Jean-Baptiste : On a commencé à lancer des lignes de guitare, de basse et de batterie. Au final, on avait envie de mettre des paroles sur la musique, mais on ne savait pas quoi. Alors on a regardé dans la pièce où on était, et on a eu le choix entre Botch et Converge. On a regardé les textes de Botch, dont on kiffe le côté chaotique. Ce sont de très bonnes paroles, très actuelles. On s’est servi d’eux.

Anthony : À la base, ça n’était pas un concept… On ne s’est pas dit qu’on allait créer un groupe. C’était juste pour faire une caricature de cette époque qu’on aimait bien. On avait des potes qui faisaient de l’événementiel, et ils ont voulu nous faire jouer. C’est parti comme ça. On a tous des groupes à côté, mais c’est celui-là qui parle le plus aux gens, peut-être parce qu’il y a une forme de liberté…

Jean-Baptiste : Le groupe est né au moment où on nous a demandé de jouer sur scène pour Escape. On est allé chercher des amis avec qui on se disait que ça pouvait le faire. C’est comme ça qu’on a commencé, tous les cinq. Aujourd’hui, on va peut-être sortir un autre album, mais ce n’est vraiment pas sûr… En gros, sur notre album, il y a neuf compos — comme sur l’album de Botch — et c’est tout pour We Are. Maintenant, on a un autre groupe qui s’appelle Chiendepaille, dans lequel chacun peut s’exprimer, créer et écrire.

Et Chien de Paille ressemble à We Are, ou ça n’a rien à voir ?

Charles : En fait, c’est vraiment une synergie particulière qui s’est créée dans We Are The Romans !. On s’est rendu compte qu’on se comprenait musicalement. Que ça marchait, tout simplement. Et il n’y a pas d’étiquette.

Louis : We Are, c’est ce que tu entends sur MySpace et sur l’album.

Jean-Baptiste : En studio, We Are ne peut qu’être le projet d’un seul album. Si les gens accrochent, on continue. Tout ce qu’on peut avoir avec We Are, on le ré-injecte dans Chiendepaille. Mais on garde toujours autant de plaisir à jouer We Are, parce qu’il y a une synergie. On a un truc au fond du cœur, et c’est ce qu’on fait. À l’extérieur, personne n’arrive vraiment à comprendre. Du coup, on est cinq, on est intègre et on s’éclate. Nous, ça nous parle.

Quel est le statut de We Are aujourd’hui ?

Jean-Baptiste : On fait toujours des concerts.

Charles : Il n’y aura pas d’autre album, mais We Are n’est pas fini, dans le sens où on tourne…

Jean-Baptiste : On continuera à jouer du We Are jusqu’à 40 piges si les gens ont envie de nous entendre, parce que nous, ça nous fera toujours plaisir. Ce qui est génial aussi, c’est qu’on arrive sans le savoir à toucher plein de publics différents : des gothiques, des homosexuels, des jeunes, des anciens, des gars en fauteuil roulant…

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