Violent Scaredy Cats


Est-ce que pourriez nous expliquer, à tour de rôle, ce qu’un de vos collègues (au choix) apporte à Violent Scaredy Cats ?

Aurélien : Ce que Richard apporte au groupe, c’est énormément de créativité : dans le chant, dans la composition des parties de guitare… Richard, c’est celui qui va toujours introduire un truc loufoque, quelque chose qui sort un peu des gammes et qui va très bien sonner. Il est très présent dans le travail de composition, et sans lui. on n’arriverait pas aux morceaux que l’on a. C’est un mec qui a une énorme créativité. Ca se ressent surtout dans ses chansons acoustiques. C’est pour ça que je dis qu’il est un très grand compositeur. Les plus grands artistes ne sont en général pas les plus connus. Je trouve que lui mérite de l’être !

Richard : Maxime… On a commencé un projet tous les deux, ça s’appelle Wolves & Moons. On a enregistré des chansons chez moi — je crois qu’il y en a deux que l’on a finalisées pour l’instant. Louis les a masterisées. Une de ces deux chansons s’appelle « Different Visions », elle est en bonus track sur l’EP qu’on vient de sortir et elle n’a n’a rien avoir avec les quatre autres chansons. L’EP, comme on l’a expliqué tout à l’heure, on l’a surtout enregistré pour avoir une trace de ce qu’avait fait Violent Scaredy Cats jusque là ; mais pour moi, mettre « Different Visions », c’était une façon de montrer autre chose. « Écoutez, il y a ça aussi ! » Maxime, c’est un bon bonhomme, il joue de la guitare comme un rigolo.

(Tout le monde éclate de rire.)

Aurélien : « Comme un rigolo », tu le définis comment !? (rires)Parce que je crois qu’on n’a pas la même interprétation !

Richard : Non, c’est vachement positif pour moi, « comme un rigolo » ! Je vais traduire, alors : il joue à chaque fois des trucs que je n’aurais pas pensé à jouer moi-même.

Il te surprend ?

Richard : Oui. Ca sonne bien à chaque fois.

Aurélien : C’est pas toujours rigolo, ce qu’il fait. C’est super furieux !

Richard : C’est super furieux, oui.

Aurélien : Moi, j’ai l’impression qu’il est liiiibre, Max !

(rires)

Richard : On ne peut rien faire si Max n’est pas content.

Aurélien : Ce que j’aime vraiment dans ce groupe, c’est qu’on se complète parce qu’on n’a pas du tout la même manière de comprendre la musique. Maxime va toujours éviter de jouer la ligne de guitare « attendue » et jouer un truc complètement loufoque à la place — en tout cas, il ne va pas jouer le truc « logique ».

Vous cherchez sciemment à éviter le truc logique ?

Maxime : Ca me fait gerber, les trucs logiques.

Aurélien : On veut tous que notre partie nous plaise. C’est surtout ça.

Maxime : En général, quand ça n’est pas assez complexe, on n’est pas satisfaits de nous-mêmes. On cherche un peu à ce que ce soit dur.

Richard : Après, tout ce qui est simple n’est pas mauvais !

Maxime : C’est sûr. Mais c’est un défi de faire des trucs qui sortent un peu de l’ordinaire !

Richard : Tout ça pour dire que Maxime, c’est un bon guitariste, et c’est aussi un bon bonhomme.

Max, tu veux peut-être nous parler de Louis… même si Louis étant le dernier arrivé, tu le connais sûrement moins bien…

Claire (manager) : Louis est arrivé depuis bientôt un an. Ca ne fait pas longtemps mais ils ont déjà rattrapé tout le temps qu’ils n’ont pas passé ensemble !

Richard : C’est comme s’il était là depuis le début.

Claire : Je me permets d’ajouter que Louis est arrivé vraiment au moment où est né le nouveau « concept » du groupe, au moment de la transition.

Richard : Oui, il a apporté un nouveau style rythmique. Il joue dans un style très différent de l’ancien batteur.

Maxime : Louis, déjà, je pense que c’est le plus « musicien » de nous tous. c’est celui qui connaît le mieux la musique.

Louis : … Non !

Maxime : Si, si ! Il connaît mieux la musique que nous, donc il nous apporte déjà ça. Et par rapport à notre ancien batteur, je dirais qu’il est plus instinctif, plus animal. L’ancien batteur était très bon, mais je pense que Louis se lâche davantage. S’il est perdu pendant un concert, il va improviser.

Louis : C’est parce que j’ai un autre groupe dans lequel on improvise tout le temps.

Maxime : Un groupe de rockabilly, c’est ça ?

Louis : Euh… Le rockabilly, ça me fait penser aux boeufs qui ont une contrebasse et qui…

Maxime : Mais il y a un boeuf qui a une contrebasse !

(rires)

Louis : Mais non il est tout petit ! Pour moi le rockabilly, ce sont les mecs avec les gros tatouages…

Donc c’est…

Louis : … du rhythmn ’n’ blues.

Maxime : Humainement, c’est un gars bien, Louis.

Aurélien : Bon, il est Corse !

Louis : Je ne suis pas né en Corse !

Maxime : Il a une très forte personnalité. Il est fait pour la musique, et il est fait pour jouer avec nous.

Louis : L’ancien batteur était beaucoup plus « boîte à rythmes » que moi. Plus propre, plus électro. Du coup, Aurélien m’a beaucoup fait bosser cet aspect-là pour qu’il n’y ait pas une rupture trop forte dans la musique du groupe. Il a quand même un côté directif, Aurélien. Mais je n’ai jamais mal pris ses remarques.

Bon, il y a un leader dans ce groupe ?

Aurélien : Non, il n’y a jamais de leader dans un groupe. Sinon ce n’est pas un groupe.

Maxime : Je ne dirais pas la même chose. Je dirais qu’au début, Aurélien cherchait à nous orienter. Moi, ça ne m’a pas fait de mal, parce que ce que je jouais à l’époque était complètement différent de ce que je que je fais maintenant. Je pense que c’est Aurélien qui m’a « donné » l’esprit du groupe. Et maintenant, je me sens libéré…

Pourtant le groupe est un peu né avec ton arrivée, non ?

Maxime : Ils avaient déjà deux compos, qui m’ont permis de comprendre le style. Et puis quand Aurélien n’aime pas un truc, il me le dit. Richard, pareil. Enfin, on se dit les choses.

Louis : De façon générale, on sait se dire les choses sans se vexer. Ou alors… on sait s’engueuler !

Aurélien : Je voudrais quand même rectifier quelque chose. Quand on est en répét’, je veux avancer vite, tout en voulant laisser une liberté aux gars, qui veulent essayer des tas de trucs. Et c’est vrai que parfois, je suis sans doute un peu oppressant. J’oriente, mais je ne veux pas influencer.

Maxime : Je pense qu’(au début), vous avez essayé de m’influencer… mais c’était normal ! Quand tu a déjà trois gars dans ton groupe et que tu accueilles un nouveau guitariste, tu vas forcément chercher à l’influencer.

Louis : Je pense qu’il faut accepter d’être influencé, tout en cherchant soit-même à influencer. Accepter la critique et savoir critiquer. Au final, il n’y a pas de boss.

La genèse de « Wolves & Moons »

Richard : C’est une chanson qu’on a commencé à travailler pendant une résidence à L’Ouvre Boîte, à Beauvais. On a eu pas mal de temps libre là-bas…

C’est toi, Richard, qui lance la compo ?

Maxime : Il lance le premier riff. Moi, j’étais en train de fumer, et je suis venu faire un riff par-dessus. Puis notre ancien batteur, Thomas, a suivi.

Aurélien : On a senti qu’il y avait un truc accrocheur.

Richard : Il suffit juste qu’il y ait, au début, quelque chose qui sonne suffisamment bien pour qu’on ait envie de continuer.

Aurélien : Le batteur nous a quitté avant que la chanson ne soit finie. Le groupe est resté vacant pendant trois mois, le temps de le remplacer. Quand Louis est arrivé… On ne se souvenait plus de ce que jouait Thomas, et Louis a apporté son grain de sel : on a aimé, et la chanson est repartie sur autre chose… C’est vraiment grâce à l’arrivée de Louis et grâce à cette chanson que notre style a évolué.

Maxime : Ca a été une cassure dans le style. On se rend compte que ce style-là nous plaît davantage.

Richard : Et je m’amuse beaucoup plus au niveau du chant.

Maxime : Richard peut vraiment faire « partir » sa voix.

Aurélien : Ca nous a davantage remué les tripes !

Et les paroles ? Elles sont de Richard ?

Richard : Oui.

Aurélien : On ne sait même pas ce qu’il dit ! [Richard est Anglais, ndlr]

(rires)

Richard : Ils m’ont déjà demandé des traductions. Mais forcément, à partir du moment où tu traduis un truc (même si j’essaie le moins possible de traduire littéralement) ça ne sonne pas pareil, ça ne marche pas ! C’est pour ça que je n’aime pas expliquer. Je me dis : tant mieux pour ceux qui comprennent !

Donc là, tu ne peux pas parler des paroles de cette chanson !

Richard : (longue hésitation) C’est… C’est dans ma tête.

Pudeur… ?

Richard : Non, non. Je peux vous les écrire, si vous voulez.

Aurélien : Je pense connaître un peu Richard, puisqu’on a quand même vécu un an ensemble. Je pense que Richard est un mec vraiment créatif et imaginatif et, ce qu’il se passe dans sa tête, je crois qu’on ne peux pas comprendre. Quand il écrit une chanson, on ne peux pas comprendre, parce qu’effectivement ça ne se passe pas sur un bout de papier ni sur une piste son… c’est juste dans sa tête.

Richard : Je préfère que quelqu’un comprenne et explique à ma place. Évidemment, quelqu’un qui écoute et comprend les paroles va pouvoir s’en faire une idée ! Ce n’est pas du grand n’importe quoi. Moi, je sais très bien ce que je veux dire.

Tu racontes des histoires ? C’est narratif ?

Richard : Parfois oui, parfois non. J’aime bien les histoires…

Quand vous écrivez des chansons, vous avez en ligne de mire le fait de les jouer sur scène ou de les enregistrer ?

Richard : Moi, c’est pour les enregistrer. J’aime bien la scène, mais si je pouvais, je passerais ma vie dans le studio.

Louis : Je suis d’accord.

Richard : C’est le rendu, l’enregistrement parfait qui m’intéresse. Évidemment, tu peux toujours aller plus loin vers la perfection, tant que personne ne t’arrête pour te dire : « allez, c’est la prise définitive, c’est le mix définitif ».

Aurélien : Pour moi, c’est autant la scène que le studio.

Maxime : Pour moi, c’est l’instant qui compte. Si je passe un moment cool en répét’, je ne pense pas à la suite.

Richard : Max, c’est pour la compo.

Maxime : Ouais, pour la compo.

Louis : Oui, mais parfois tu répètes et ça ne sonne pas très bien. Les conditions parfaites pour jouer n’existent pas vraiment. Alors que si tu enregistres, tu pourras toujours faire un truc magnifique.

Aurélien : Moi, j’aime les deux aspects. Ce que tu dis sur l’enregistrement est vrai. Mais sur scène, ça fait toujours plaisir de voir les gens bouger.

Richard : Ce sont deux choses complètement différentes. Un enregistrement, tu peux le faire écouter à quelqu’un… sans qu’il ne te voie. Sur scène, on voit tout ce que tu fais et tout ce que tu es. On voit ta tête ! c’est très bizarre, la scène !

Ca fait peur ?

Richard : Ca faisait vachement peur au début. C’est vrai pour tout le monde. Je ne sais pas si ça fait encore peur aujourd’hui mais, quand tu y réfléchis, c’est quand même vachement bizarre.

« Quand tu y réfléchis »… C’est-à-dire qu’il t’arrive parfois de prendre soudainement conscience de cette « bizarrerie » quand tu es en concert ?

Richard : Oui, tu te dis : « il y a des gens qui me regardent… Pourquoi est-ce qu’ils sont là !? » (rires) « Et moi, pourquoi je suis là ? » (Il pousse un cri d’effroi.)

Interview par Nico Calibre

Voir la page de Violent Scaredy Cats

Pages : 1 2

</