Toy Fight


Si Toy Fight était une note de musique ?

Sébastien Broca : Si bémol.

(rires)

Maxime Chamoux : Que répondre à ça ?

David Simonetta : Joker.

Maxime : Il n’y pas un accord sur lequel on écrit plus de chansons ?

Sébastien : Ré Majeur ? Il y a une époque où toutes les chansons commençaient par Ré Majeur.

David : Oui, mais plus maintenant…

Maxime : Je sais que personnellement, j’ai tendance au Fa dièse… Enfin, pas forcément avec Toy Fight…

David : Les accords septième, c’est chouette aussi.

Sébastien : Le Si, c’est bien.

Si Toy Fight était un son ?

(longue hésitation)

David : On a droit à la réflexion, parce qu’ on est assez pris au dépourvu par ce genre de questions.

Maxime : Un son !

David : Eh bien moi je propose de dire « un verre qui se brise », parce que pendant l’enregistrement d’une des chansons, Maxime a voulu faire des percussions. Il a pris un de mes verres à vin, qui coûtait très cher, et il l’a pété. Je lui en veux toujours, d’ailleurs. Mais toujours est-il que le son s’entend sur l’album. Donc il faut le trouver.

Maxime : Il faut tendre l’oreille !

Sébastien : Et d’ailleurs, on lance un concours, la première personne qui trouvera sur quelle chanson on entend le verre brisé gagnera…

Si Toy Fight était un rythme ?

Maxime : C’est un rythme plutôt Motown, j’ai envie de dire… On aime bien ça. Un truc à la Supremes. (Il imite le rythme.)

TF38_LD« C’est un rythme plutôt Motown, j’ai envie de dire… On aime bien ça »

Si Toy Fight était une forme géométrique ?

David : Un triangle…

Maxime : L’Hexagone, mon bon monsieur !

(rires)

Sébastien : L’hexagone, c’est vrai ! Donc on est très contents d’être sur City Slang…

Si Toy Fight était une émotion ?

David : On est assez tendus en général… La concentration, je dirais.

Maxime : Concentration ?

David : Bah, on est pas très cool comme mecs, tu vois. Donc l’inverse du cool, moi je dirais que c’est le concentré.

Ah, je n’aurais pas dit ça…

David : C’est quoi, selon toi, le contraire du cool ?

J’aurais plutôt dit « coincé »…

David : Ah, non, on n’est pas coincés…

Maxime : C’est pas une émotion, mais je dirais…

David : …une table.

(rires)

Maxime : Non, j’allais dire un truc du genre « attentif » ou…

David : Oui, c’est ça, c’est ce que je veux dire : la concentration !

Maxime : Oui, c’est ça. Entre l’attention et la concentration.

TF40_LD« On est assez tendus »

Si Toy Fight était une couleur ?

(en choeur) : Jaune !

(rires)

Maxime : Ca vous surprend !

David : On y a pensé, parce qu’au départ on voulait une pochette d’album qui soit dominée par une couleur, justement. On a longtemps réflméchi à cette question, et on s’est dit que la couleur de l’album, c’était jaune.

Maxime : Et puis, ça n’a rien à voir, mais il se trouve que le surnom de notre batteur c’est « Jaune ! »

Si Toy Fight était une source d’énergie ?

Sébastien : Un panneau photovoltaïque ?

David : Une source d’énergie ? Le sucre. Ou bien le pétrole. J’aime bien le pétrole.

Sébastien : Non, moi c’est mon côté un peu écolo, je ne veux pas trop d’énergie fossile…

David : Ah, moi je déteste les écolos !

Maxime : Moi je dirais le nucléaire.

Sébastien : Ah non, je ne suis pas trop pour… Bon on n’est pas d’accord.

Si Toy Fight était un jouet ?

Sébastien : Le piano-jouet ?

Maxime : Historiquement c’est un peu ça… Sur le premier morceau qu’on a fait ensemble, The Plots, le riff était mené par un piano-jouet.

Si Toy Fight était une idéologie ?

David : C’est sympa ces questions, dis moi !

Maxime : C’est peut-être pas une idéologie, mais là, je dirais vraiment l’ultra-démocratie !

Sébastien : Une démocratie radicale.

L’égalitarisme ?

David : Non, pas l’égalitarisme, c’est pas tellement…

Maxime : Bah…

David : Ouais, mais si, c’est un peu ça…

Sébastien : L’épicurisme ?

Maxime : Ah non non ! Alors là !

Sébastien : Le stoïcisme ? J’aime bien les stoïciens.

David : Moi j’adore les stoïciens !

Maxime : Ouais, moi ils me font bien rire aussi…

Si Toy Fight était son contraire ?

Maxime : J’ai pris un peu l’habitude de le dire : musicalement, je répondrais « rock’n’roll », parce qu’il n’y a pas plus à l’opposé de Toy Fight…

Si Toy Fight était une expression ?

David : « Ca sent le sapin. »

Maxime : « Truc de ouf » ?

David : Si c’était une expression ? On en a eu des débats… « La fête bat son plein ».

(rires)

Maxime : Super marrant ! 1952 !

David : Non non, il y a une explication, il y a une histoire… Le débat, c’était : quel est le pluriel de « la fête bat son plein » ? Et ça a donné lieu à un échange très intense dans le groupe. J’avais entendu que c’était « les fêtes battent son plein », parce que « son », c’était « le son ». Et en fait…. pas du tout.

Maxime : Il y en avait une autre qu’on avait foutu sur myspace. C’est pas une expression, mais c’était un truc récurent dans nos bouches pendant l’enregistrement : « ça se réglera au mastering » !

TF37_LD« Ca se réglera au mastering »

Si Toy Fight était une peur ?

David : La peur du vide.

Maxime : Ouais !

Sébastien : OK, la peur du vide.

Si Toy Fight était un plan de cinéma ?

David : Le travelling, c’est pas mal.

Sébastien : Un truc où tu vois les détails qui émergent petit à petit…

Maxime : Mouais. C’est pas un gros plan.

Sébastien : Pas un gros plan, ça c’est sûr.

David : C’est un peu bateau quand même… On s’est pas trop creusé la soupière.

Sébastien : Tiens, « on s’est pas trop creusé la soupière », c’est une bonne expression.

Si Toy Fight était une invention ?

David : La roue.

(rires)

David : L’eau tiède. Je trouve que c’est une super invention. (rires)

Sébastien : L’eau tiède, c’est pas mal.

David : Après ça donne une sale image du groupe !

Si Toy Fight était un instrument qui n’est pas utilisé dans le groupe ?

David : Il y a deux instruments qu’on avait voulu utiliser. Il y avait le cor, et puis j’avais acheté une scie musicale qui était une parfaite arnaque, on n’a jamais réussi à en jouer, donc elle est restée dans le salon…

Si Toy Fight était un rituel ?

David : Qu’est-ce qu’on a eu comme rituels ?

Maxime : C’est-à-dire qu’on aime bien manger ! Dans les journées d’enregistrement, il y avait toujours un quart d’heure, une demi heure où on parlait de bouffe. La discussion bouffe. Donc les mérites comparés, je sais pas, des jus de fruits Tropicana…

David : J’ai beaucoup de choses à dire là-dessus !

Maxime : …ou des fromages de la rue Bobillot.

Sébastien : C’est pointu comme réponse.

Si Toy Fight était un autre style musical ?

David : C’est pas mal ça ! C’est intéressant, mais je sais pas quoi dire…

Maxime : Ouais, c’est difficile, mais je vais y arriver.

David : Le problème c’est qu’on n’a pas tellement l’impression d’appartenir à un genre de musique, tu vois. Donc je chercherais bien un courant qui existait avant qu’un genre ne se stabilise et trouve ses codes. Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir comme exemple historique ? Tu vois, la bossa nova par exemple, ça a été inventé dans un appartement. C’étaient des gens qui avaient décidé de jouer la samba d’une autre façon. Je dis pas du tout que ce qu’on fait ressemble à de la bossa nova ! Mais la bossa nova, c’est intéressant, dans la façon dont ça a été inventé, le fait que ça a été fait dans un appartement, à partir d’un genre qui était écouté et maîtrisé, puis retravaillé dans la convivialité…

Si Toy Fight était un paysage ?

David : Urbain, je dirais.

Maxime : Paris repeint en jaune !

Sébastien : Un peu le genre de paysage où en a enregistré, avec les petits gamins derrière…

Maxime : En fait les paysages, moi je peux t’en donner un précis chanson par chanson. Tu vois, quand je regarde l’album, j’ai plutôt l’impression d’avoir dix mini-carte postales, plutôt qu’une seule. Je vais te donner un exemple : « Les Indes Noires », pour moi, ça a toujours été un environnement de haute mer… Je sais pas pourquoi, pour moi c’est une chanson maritime. « High Noon », dans mon esprit, ça a toujours été une chanson créole.

(rires)

Maxime : Non mais c’est vrai !

Sébastien : On n’a pas les mêmes images je pense. Moi pour « High Noon », j’aurais plutôt dit un village paumé dans le désert, quelque chose comme ça…

TF29_LD« Paris repeint en jaune »

Si Toy Fight était un type de relation ?

David : Ah, bah l’amitié, quand même !

Maxime : On ne va pas être très originaux, mais oui, l’amitié.

Si Toy Fight était un rêve ?

Maxime : Vas-y David, raconte le bête de rêve que t’as fait.

David : J’ai fait un rêve incroyable. C’était la veille d’une épreuve de concours, je devais me réveiller… L’épreuve était à Lyon, et je devais aller à Paris juste après mon épreuve, filer à la gare… Sachant que c’était le retour d’un week-end de sports d’hiver, donc les trains avaient de grandes chances d’être complètement bondés. Mais je devais absolument aller à Paris parce que c’était l’anniversaire d’une amie. Donc avant de me coucher, j’arrête pas de penser à ce retour à Paris, vraiment ça me prenait la tête. Donc je me couche, et il se trouve que j’avais oublié de mettre mon réveil. Ce que je ne savais pas, évidemment, au moment de me coucher. Et je rêve d’un paysage dans le futur, une sorte de désert avec des populations qui habitaient là… et on me dit : « on a construit une Tour Eiffel qui au matin s’élève et cache le Soleil de huit heures ». C’était la nuit, et au matin je regarde : effectivement, il y a une énorme Tour Eiffel qui sort de terre et qui cache le Soleil. Et à ce moment là, je me réveille, et je me dis : « putain, j’ai oublié de mettre mon réveil ». Je regarde la montre : il était 8h01.

Sébastien : Oh oh !

Si Toy Fight était une femme ?

Maxime : Je dirais Natalie Portman, mais…

David : Ah, je suis pas si convancu…

(longue réflexion)

Sébastien : Pas la fromagère du marché Bobillot !

Maxime : Moi je dirais châtain, blonde… plutôt petite…

David : On peut dire Pauline (Mina Tindle) !

Sébastien : C’est vrai qu’elle est châtain, elle est petite…

Maxime : Allez, on dit Pauline.

Si Toy Fight était la bande originale d’un film ?

David : Moi j’aurais du mal à répondre à cete question, parce que pour moi la musique n’évoque pas du tout des images. Je ne pense pas du tout que la musique soit cinématographique.

Sébastien : C’est un peu facile, mais j’aurais bien dit La famille Tenenbaum de Wes Anderson.

Maxime : Ouais, Wes Anderson.

TF39_LD« Je ne pense pas du tout que la musique soit cinématographique »

Si Toy Fight était un roman ?

David : Qu’est-ce qu’on lisait au moment de l’enregistrement ?

Maxime : Je sais que pendant le mix de Raphaël, je lisais Le Soleil se lève aussi d’Ernest Hemingway, et j’ai été assez touché par ça. Vous ne l’avez pas lu ?

David : Non… Moi je lisais Les Indes noires de Jules Verne et L’homme Sans Qualité de Musil

Maxime : L’homme sans qualité, c’est bien !

Sébastien : Super, oui.

Interview par Vivien Pertusot


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