The White Loose Woman


Qu’est-ce que vous attendez de la scène ?

Sushi : La scène, c’est le moment. On ne prévoit pas. On essaie de préparer un bon concert. On a tendance à picoler un peu… On se met dans un état qui nous permet de nous lâcher complètement. Ce qui fait que sur scène, dans la chaleur et les lumières, on oublie un peu comment les gens nous voient. Par contre , les regards qu’on échange, c’est vachement important. L’amitié qu’on a, elle doit… Je ne sais pas combien de fois j’ai du lécher Mathieu quand il est torse nu, l’embrasser sur scène parce que je suis bourré et con.

WLW14_LD« Dans la chaleur et les lumières, on oublie un peu comment les gens nous voient »

Au début du White Loose, je gerbais après les concerts, parce que je me donnais trop, et c’était hyper physique pour moi. Il me fallait au moins une demi-heure pour retrouver ma respiration. On se posait même des questions sur le chant, parce que du coup, avec l’effort, je chantais mal. Donc, on se demandait : est-ce qu’on doit le jouer bien, mais moins intense… ou alors est-ce qu’on se donne à fond, et peu importe les défauts ? Souvent, on revenait à At the Drive-In. Ils faisaient des concerts, c’était un carnage, mais putain, ces mecs se donnaient et c’était bon ! Donc on s’est dit : peu importe si ça n’est pas parfait. On travaille en répétition, et en live on essaie de bien faire les choses, mais… Je préfère faire un concert dégueulasse où tu as donné tes tripes, plutôt que de faire un concert parfait où tu es complètement statique et, limite, tu peux prendre une chaise, te poser, et te faire chier.

Math : Il y a une envie de se transcender. J’ai toujours la même envie à chaque concert : que ce soit le merdier et que les gens comprennent. Après, on arrive à un dilemme. L’idéal, ce serait un mélange parfait entre l’énergie et la musique.

Sushi : Je ne me souviens jamais des concerts. Si on a bien joué ou pas. Je me suis souviens juste des sensations.

Math : Tout s’enchaîne. Tu as un morceau et puis un autre. C’est rapide.

WLW15_LD« Je gerbais après les concerts »

Parlons un peu des rituels du groupe…

Math : Boire.

Sushi : Généralement, on a toujours un peu d’apéritif, on peut dire ça (rires).

Nico : C’est toujours la fête quand on se voit.

Sushi : C’est ça qui est cool. Depuis qu’on s’est retrouvé – on a eu une petite période de creux – c’est un peu comme une soirée entre potes. On parlote beaucoup, on boit. Ca peut ne pas plaire à tout le monde. On n’est pas super rigoureux. On est des potes. C’est pour ça qu’on est content de se retrouver, de répéter. On ne sait jamais combien de temps on va répéter. Ca peut durer trois, quatre, cinq heures… On ne sait pas à quelle heure on va repartir, ni dans quel état.

Nico : On a un rapport vachement chaleureux.

Sushi : Carrément. Le jour où on ne se marrera plus, il faudra arrêter de faire de la musique, ou alors de faire de la variét et d’essayer de gagner de l’argent. J’en sais rien, faire un truc chiant. L’important, c’est de passer un bon moment. C’est pour ça qu’on est ensemble. C’est pour ça qu’on est potes. Le White Loose, c’est notre projet principal à tous. On a tous plein d’autres projets, mais on consacre plus de temps à celui-là…

Math : Il est en tête de nos tops MySpace…

Nico : … il est un peu plus récréatif.

Sushi : Il est un peu différent. Pour nos autres projets, on pourra dire, « tiens, c’est inspiré de tel groupe ou de tel groupe ». On a du mal à trouver un qualificatif pour la musique du White Loose. C’est vachement intéressant.

WLW16_LD« On a du mal à trouver un qualificatif pour la musique du White Loose »

Et le studio, comment ça se passe ?

Yo : Le studio, on connaît mal. On l’a fait et ça a été une expérience…

Sushi : … C’est chiant le studio. Tu as un ingénieur du son qui te méprise et qui ne comprend pas forcément ce que tu fais. Comme il a enregistré plein de groupes et qu’il a peut-être joué dans un groupe qui a marché…

Nico : Notre ingé son, on ne l’a pas choisi en fait. On nous l’a proposé gratuitement. On n’était vraiment pas convaincu par lui, on ne pensait pas que c’était la bonne personne.

Yo : On n’a pas trouvé la bonne personne, et je pense que si on la trouvait, ça se passerait bien.

Sushi : On n’est pas d’accord sur la manière d’enregistrer les prochains morceaux.

Nico : La première expérience a été désagréable, et on est beaucoup plus convaincant avec nos propres moyens.

Yo : D’accord, mais ça ne veut pas dire que ça ne sera pas convaincant avec la bonne personne.

Sushi : Ce qui est chiant en studio, c’est que c’est hyper cher. Du coup, tu comptes chaque minute et tu as un stress qui est tout le temps là. Si tu veux de la bonne musique, tu te fous du temps que tu passes, et tu peux bosser cinq heures, bosser la nuit… bosser quand t’en as envie. C’est ce qu’on a fait. On le fait quand on a envie. On peut découper, on peut tout refaire. On a fait un truc electro pour la première production, personnellement j’aime ça…

Yo : … mais du coup, dans ce travail qu’on a fait en studio, il y avait plus qu’un travail de retranscription, il y a eu un travail de composition qui s’est fait en même temps.

Nico : C’est vrai que c’est la grande question. Pour le moment, tout ce qu’on a fait, on l’a fait à la maison sans aucune connaissance avec juste une petite carte son et avec un micro branché dessus. Mais, on aimerait enregistrer une vraie batterie en studio.

Math : Je pense que ce qui est le plus important, c’est le travail sur le son, parce que finalement, c’est ça qu’on donne. Quand tu te pointes en concert, tu ne balances pas une machine. Et j’ai envie de donner sur disque un avant-goût plus précis de ce qu’on peut donner sur scène.

Sushi : Mais, c’est ça qui est fort. Les gens, ce qu’ils entendent, c’est de l’electro et quand ils vont au concert, ils entendent du rock. C’est génial. Tu te prends une grosse claque.

Yo : La démarche est intéressante, mais qui nous dit que si on enregistre instrumentalement et qu’on parle avec l’ingé son, il ne pourrait pas faire ça ?

Sushi : On a enregistré nous-mêmes comme ça, mais on a tout refilé à un mec qui s’appelle Remy Boy, qui habite sur Lille. Il a une putain d’oreille. Il mixe tout le monde sur Lille, beaucoup de gens sur Paris, des mecs de l’étranger. C’est super intéressant de bosser avec lui, parce qu’il est simple et il n’a aucun mépris envers les zikos qui viennent.

Nico : On lui a refilé des pistes vraiment déplorables, des immondices et il nous a sorti un truc terrible.

Qu’est-ce que vous avez enregistré pour le moment ? Une démo ?

Sushi : On a une démo et maintenant on a ce qu’on pourrait appeler un EP…

Yo : C’est un EP.

Sushi : Un 6 titres. On va essayer d’enregistrer autre chose plus tard. On est un peu long à la détente en fait.

Nico : On ne se soucie pas de faire un album, parce qu’aujourd’hui, un album, ça n’a pas grand sens. On peut sortir des titres au fur et à mesure.

Sushi : Des skeuds, on en a plus donnés qu’on n’en a vendus. On est censé les vendre pour avoir un peu de fric, pour l’essence, mais au final, on finit par les donner et mettre notre musique en téléchargement gratuitement. Ce qui est important, c’est que tout le monde puisse l’écouter, parce que s’il y en a qui se font plaisir, c’est tout ce qui compte. Ces gens viendront aux concerts.

Où en êtes-vous avec les labels ?

Sushi : On appartient à Ideal Crash. Ils ont sorti une ou deux compilations. Il y a un split qui est sorti.

Math : C’est assez soigné. Les mecs, quand ils font un truc, ils le font bien.

Sushi : Ce sont des mecs super sympas. Ils viennent de Rennes. Ils se bougent bien le cul, ils aiment bien la musique et ont un groupe à eux, Popkiller.

À combien de concerts tournez-vous ?

SushI : C’est aléatoire.

Math : Ce qu’il nous faudrait, c’est un tour manager.

Sushi : C’est vrai que ce serait bien. C’est galère de trouver les dates. C’est un gros boulot, et pour le moment, c’est juste nous qui nous en occupons. Les bons plans qu’on a eus se passent après nos concerts : il y a quelqu’un qui vient pour nous proposer une date…
Et puis on a des périodes. On est potes, et comme des potes, parfois, on s’embrouille. On a traversé une période où le groupe a failli splitter… Parfois, tu as juste envie de faire des breaks, même si ce sont des amis de longue date. Ce qui compte, c’est d’être sincère dans la musique et si tu n’es pas sincère avec tes potes, forcément, ça se ressent dans la musique.

Est-ce que c’est un avantage d’être à Lille ?

(en cœur) : Grave !

Sushi : Ici, c’est hallucinant le nombre de groupes qu’il y a, le nombre de zikos. Tous les zikos qu’il y a sur Lille ont plusieurs projets. Donc au final, il y a plein de groupes.

Yo : Il y a un petit vivier qui se développe et c’est lié à la ville.

Sushi : Le fait qu’il y ait beaucoup de groupes fait qu’on appartient à plein de projets…. Nico est demandé de partout, parce que c’est un super batteur…

Math : … C’est le meilleur batteur de Lille, sans déconner (rires). J’ai écumé les salles de concert et c’est le meilleur batteur de Lille.

WLW39_TD« C’est lié à la ville »

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