Studio Paradise


Quel a été le déclic qui vous a conduit à faire autant de musique que possible dans votre vie ?

Laurent Gueirard : Ma mère m’a forcé à faire de la musique quand j’avais neuf ans. C’était nul. Ensuite j’ai découvert la batterie, et je me suis dit tout de suite : « là, il y a un truc ». Quand j’ai eu mon Bac, j’ai décidé de commencer les études de musique, et d’en faire ma vie.

Thomas Pégorier : Moi, j’ai eu une formation classique : j’ai fait dix ans de piano quand j’étais petit. On m’a imposé le solfège, et je n’ai pas réussi à accrocher. Donc j’ai arrêté pendant un moment. À force d’écouter du reggae et du dub, je me suis dit que je voulais faire de la basse. Je m’en suis achetée une, et j’ai appris l’instrument dans mon coin, comme ça. Mais contrairement à Laurent, il n’y a jamais eu de déclic, je ne me suis jamais dit que j’allais faire ça de ma vie. J’ai toujours fait ça à côté. Je suis descendu à Marseille pour mes études, j’ai beaucoup joué là-bas, avec des potes, déjà un peu avec Francè. Pendant un an et demi, j’ai joué avec un groupe de reggae, avec lequel on a enregistré un cinq-pistes. Donc j’ai une expérience de studio mais, bizarrement, pas tellement d’expérience live. Ensuite, je suis remonté à Paris pour rejoindre ma femme, et j’ai retrouvé Francè sur Paris. Je savais ce que Francè faisait et je kiffais sa musique. Et tu vois, je me disais qu’il y avait quand même un sacré décalage de niveau entre ce qu’il faisait et ce que je faisais de mon côté. Donc le jour où on a pris l’apéro ensemble et parlé de créer un groupe… j’étais à fond ! J’étais complètement fan de Francè à l’époque !

Greg : Moi, on peut dire que mon déclic a été la découverte de Studio Paradise. Bon, j’ai baigné dans la musique depuis tout petit. J’écoutais Queen dès la maternelle — comme Francè et Laurent.

Thomas : Moi aussi j’écoutais Queen ! C’est ma seule influence rock ! (rires)

Greg Seidel : J’ai fait mes études à Strasbourg, et j’ai joué dans un groupe de rock qui faisait des reprises. Je chantais et je jouais de la guitare.

Comment la guitare t’est venue entre les mains ?

Greg : Elle est venue parce que ma soeur jouait de la guitare, et c’était genre « hum, montre moi un peu ! » Ensuite tout s’est enchaîné très vite.

David Cabannes : Moi, j’ai longtemps fait de la musique sans « déclic ». J’ai fait du piano, de la chorale, de la guitare, joué dans des groupes moisis pendant des années sans penser que la musique aurait une telle importance dans ma vie future. Le déclic a réellement eu lieu quand je me suis mis à composer, à enregistrer des morceaux de bout en bout. C’est la découverte de l’infinie liberté de la création qui a été le déclic. Je suis devenu accroc. A partir de là, je savais que je ferai ça toute la vie. Ça va encore plus loin depuis que je joue avec Studio Paradise. Je me régale tellement de jouer avec eux, on a vécu en moins d’un an des choses si fortes que je me suis aussi dis pour la première fois : « je veux faire ma vie avec ce groupe »

Francè ?

Francè Vivarelli : Le déclic… Je devais avoir cinq ans, c’était leDouble Blanc des Beatles, un vinyle de mon père. Très rapidement, je l’ai connu par coeur. Après, pour moi, la musique est indispensable. Ca me permet d’évacuer une angoisse qui est trop profonde, trop présente. Je crée les musiques que j’ai envie d’écouter pour aller mieux. Il y a des chansons sunshine… mais il y en a d’autres que je ne peux pas ré-écouter.

Parmi celles que tu as écrites, ou celles des autres ?

Francè : Non, non, parmi celles que j’ai écrites. Enfin, aussi chez les autres ! Par exemple, l’album Innuendo de Queen, je ne peux pas le ré-écouter. Il me fait trop peur, il est trop pesant.

Comment est-ce que vous voyez Studio Paradise dans trois ans ? Déjà, est-ce que le groupe existe encore ?

Greg : Ca existe obligatoirement, oui.

Francè : Ca existera. Après, on se permet de rêver, on est vachement ambitieux On ne se refuse rien. Mais on a la tête sur les épaules.

Vous allez continuer de puiser dans le répertoire des 600 morceaux ? Ou bien est-ce que tu vas écrire, Francè, en ayant en tête la composition actuelle du groupe ?

Greg : On va déjà approfondir ce qu’on sait faire, et on verra comment ça peut évoluer dans les années qui suivent.

Francè : Le problème, c’est que j’enregistre encore beaucoup de nouveaux morceaux.

Thomas : On hallucine tous de la productivité qu’a Francè. C’est impressionnant.

Francè : Stakhanov !

Greg : Nous, on n’y arrive pas !

Francè : Et pourtant, je n’ai vraiment pas le sentiment que ce soit difficile. Avec trois accords de guitare, tu essaies de faire une mélodie, un pont intéressant…

Greg : À la base, Studio Paradise, c’est Francè, ça fait dix ans qu’il fait ça, et il sait comment ça doit sonner. Nous, on vient tellement d’influences différentes que composer du Studio Paradise, pour nous, c’est pas évident… On peut jouer du Studio Paradise, interpréter du Studio Paradise, apporter des arrangements…

Francè : Je ne suis pas d’accord avec eux quand ils disent ça. Déjà parce qu’on n’a jamais rien eu de concret sur la table, il n’y a pas un morceau que vous auriez apporté et sur lequel on aurait pu bosser.

Greg : Si !

Francè : Ah, mais j’ai fait un truc sur ce qu’a apporté David ! Si on veut travailler là-dessus, on peut ! Mais encore une fois, on a un stock de morceaux ahurissant, et pour l’instant on prend la crème !

Thomas : Jusqu’à maintenant, on est parti des compos existantes pour préparer des concerts. L’idée, à la rentrée, c’est de continuer à tourner, essayer d’enquiller des dates. Et on essaie, grâce à nos diverses origines géographiques (moi à Marseille, Greg dans le nord, David à Toulouse), de trouver des dates en province.

Francè : On a été un peu mis en lumière dernièrement, mais ça ne devrait pas être le cas ! Il nous reste énormément de travail à faire, il y a encore d’énormes imperfections.

Thomas : Mais c’est ça qui est marrant.

Francè : Oui, bien sûr ! Ca nous excite !

D’un point de vue musical, comment est-ce que vous envisagez l’évolution de Studio Paradise ?

Francè : Dans les chansons que j’ai écrites, il y a beaucoup de sons que je trouve originaux, qui partent dans tous les sens, et que j’ai envie de proposer à la critique des autres. On pourrait faire des albums avec des sons complètement différents à chaque fois.

David : Concernant la musique, on a beaucoup d’idées, de possibilités, mais on a peut-être besoin de prendre le temps d’en parler tous ensemble pour savoir quelle direction on va prendre. Pour moi on a besoin de réfléchir à une façon de composer de façon collaborative. On a tous beaucoup de choses à apporter, mais c’est un vrai casse-tête pour mettre ça en place… Mais on va continuer à jouer dans des salles comme la Miroiterie, des petits squatts miteux, des caveaux de dix mètres carré qui sentent la bière et la sueur — parce que c’est ce qu’on préfère. Mais je pense que si l’évolution de groupe se poursuit au même rythme, on peut espérer un calendrier de concerts bien chargé, un premier album dans les bacs, et peut-être quelques personnes pour nous aider à gerer tout ça, comme un manager et un ingé son. Moi, ce que je veux surtout, c’est jouer à la Flèche d’Or, comme tous ces groupes que j’ai vu défiler pendant des années et qui ont attisé ma passion.

Thomas : Pour l’instant, on a travaillé un set de treize morceaux. L’idée, ce serait d’aller les enregistrer — mais ça ne sert à rien d’enregistrer pour enregistrer. Il faut que derrière il y ait un public pour acheter l’album.

Francè : On ne veut pas brûler les étapes. On est un groupe mature. J’en ai eu des groupes, hein ! À chaque fois, c’étaitl’enfer ! Avec Studio Paradise, c’est sain.

Comme cinq fruits et légumes par jour !

(rires)

Francè : Le mot de la fin !

Interview par Camille Hardouin et Nico Calibre


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