Sexual Earthquake In Kobe


Avez-vous des pratiques artistiques en dehors de la musique ?

Charly : J’écris. J’écris des chroniques de CDs et des compte-rendu de concerts pour mon fanzine, et toutes sortes de textes… Des nouvelles avec des filles à Visalia, en Californie, j’essaie de me mettre dans leur peau… Voilà, c’est surtout l’écriture. J’aime beaucoup danser, mais je n’en fais pas une « pratique ». J’ai toujours rêvé de faire de la danse contemporaine, mais on me dit que c’est très difficile, qu’il faut déjà avoir des notions de danse classique… Moi, je me disais : « tu te pointes et tu peux danser, il suffit d’avoir le feeling ! » (rires) Mais on m’a expliqué que non, et ça m’a un peu découragé.

Tu vas voir des ballets ?

Charly : Non, non. Enfin, je n’en ai vu qu’un — c’était un petit truc, gratuit — mais ça m’a scotché. C’est vrai que ça avait l’air compliqué.

SEIK24_TD« Je n’ai vu qu’un ballet, mais ça m’a scotché »

Pour revenir à l’écriture… tu peux nous parler du fanzine ?

Charly : Ca s’appelle Spaïky. Je travaille en ce moment sur le troisième numéro.

C’est distribué… ?

Charly : C’est distribué par moi. Dans un magasin de Lille, aussi (le Café-disquaire). Et puis dans les concerts de SEIK…

Et tu es seul à bord ?

Charly : Ouais. Enfin, il y a quand même des gens qui participent. Mais par exemple, le dernier numéro fait 36 pages, et j’ai tout fait — sauf un dessin qui a été fait par une pote.

Tu fais partie des gens qui pensent qu’on peut réellement parler de musique ?

Charly : Oui. Oui. Franchement, je pense que c’est bien d’extérioriser tout ce ressenti. Je pense y arriver un peu. J’ai un pote qui m’a dit après avoir lu mes chroniques : « putain, mais tu ressens tout ça quand tu vas à un concert ?! » Et je lui ai répondu : « ben… ouais… c’est normal ! » Bon, après il y a aussi le recul. J’écris toujours les compte-rendu de concerts deux semaines après les voir vus, donc je ne me souviens plus exactement quelle émotion est rattachée à telle chanson, mais il y a plein de souvenirs qui me reviennent… Et puis il y a aussi l’imagination qui fait son chemin !

Tyler, des pratiques artistiques ?

Tyler : J’ai pas de pratiques, j’ai des passions… Par exemple, j’aime beaucoup de cinéma — j’adore, même — mais j’ai juste pas le temps de… J’ai fait du théâtre à la fac, j’aimerais en refaire, mais SEIK me prend beaucoup de temps. Mais je trouve ça vraiment très intéressant d’incarner quelqu’un d’autre. Changer de vie pendant une heure…

SEIK15_TD« Changer de vie pendant une heure »

Et c’est toi qui dessines, Myd ?

Myd : Ah non, je ne dessine pas, pourquoi ?

Vous m’aviez parlé de faire des dessins pour Subjective…

Tyler : On peut en faire !

Myd : Tout le monde dessine, en fait !

Tyler : On dessine tous. C’est vrai qu’on dirait un peu de l’art brut. On dirait que ce sont des enfants de deux ans qui dessinent.

Charly : Moi je fais du collage.

Tyler : En fait, pendant un moment on vendait un CD avec des morceaux enregistrés à la maison, et on n’avait pas de pochette. Donc avant chaque concert, on prenait des magazines un peu partout et on faisait des pochettes-collages à partir de tout ce qu’on trouvait dans les magazines. On regrette maintenant de ne pas avoir pris de photos de ces pochettes, parce qu’il y avait parfois des trucs vraiment classe…

Charly : Oui, assez incroyables, parfois.

Tyler : … et les gens sont partis avec. Bon, l’important c’est que ce soit chez eux et qu’ils en soient contents.

Charly : Moi, je continue en marge avec Spaïky, parce qu’il y a toujours un CD avec le fanzine, pour lequel je fais des pochettes… L’autre fois, je m’en suis tapées vingt en deux ou trois heures. Après ça, tu es vidé, intellectuellement parlant ! Tu mets trop de références…

Qui a fait la pochette de Crinière De Lion ?

Tyler : C’est un graphiste lillois qui s’appelle Ar-Déco.

Charly : En fait on a eu plein de péripéties par rapport à cette pochette. Un pote devait la faire, et il nous a lâchés. On a eu un autre plan, mais ça ne nous plaisait pas du tout. On est arrivé à un mois de la deadline et il n’y avait toujours pas de pochette. On a contacté un pote, qui avait fait des trucs qu’on aimait assez… Il nous a proposé cette pochette avec le logo dans le chat. On lui a dit : « OK, on va partir de là ». On a vachement collaboré ensemble. On lui a proposé de mettre des enfants sur la pochette, il l’a fait, et ça nous a plu.

C’est quoi votre truc avec les félins ?

Charly : Ah… C’est surtout les chats, à la base. Même si ça s’appelle Crinière De Lion.

Tyler : On a tous un chat. Le chat de Charly s’appelle Spaïky, d’où le nom de son fanzine… Tu vois, ça va très loin avec Charly !

(rires)

Tyler : La mienne s’appelle Cannelle. Cannelle, tu me manques. Je ne la vois pas souvent, c’est assez triste.

Myd La mienne, c’est Tam Tam, qui est à Lille. Et qui griffe.

Tyler : Parce qu’elle est trop affectueuse, en fait !

SEIK10_TD« Cannelle, tu me manques »

Donc vous vous êtes trouvé ça en commun — les chats ?

Tyler : Oui, parce que c’est vrai qu’on avait pas forcément beaucoup de points communs au départ !

(rires)

Myd : Le nom de l’EP, c’est venu après…

Tyler : On est plutôt parti des mots, Crinière de Lion. On cherchait un nom, on l’a proposé, et on s’est dit : « ouais, c’est ça ».

Myd : On voulait un nom en français. C’était bien d’avoir une chose en français qui ressortait de tout l’univers SEIK. Parce qu’en dehors de ça, il n’y a rien de français chez nous.

Tyler : On a trouvé le nom en bagnole. On avait genre trois heures de voiture pour aller à un concert, et on s’est dit qu’il fallait en profiter pour trouver le nom de l’EP qui devait sortir.

Charly : Le nom Crinière De Lion nous vient, et puis on s’arrête sur une aire d’autoroute. Et là, on voit un mec avec un chat sur l’épaule.

(Ils nous montrent la vidéo.)

Tyler : C’était assez fou.

Myd : On venait tout juste de trouver le nom, on s’est dit que c’était un signe ! Donc on a gardé Crinière de Lion.

Tyler : Et quand on l’a proposé à Nukod, il était OK.

Myd : Les gens ne comprennent pas trop.

Tyler : En même temps, on aime bien faire des choses que les gens ne comprennent pas. Parce que ça te fait rire au fond de toi. Parfois, même toi tu ne le comprends pas, et tu te dis : « eh eh eh »

(rires)

SEIK02_TD« On aime bien faire des choses que les gens ne comprennent pas »

Concernant l’univers visuel du groupe, vous avez une ligne conductrice ?

Myd : Oui. On est revenu à quelque chose d’assez sobre, mais il y a deux, trois ans, on était plutôt dans un univers rose et jaune… Et puis est venue toute cette vague fluo, qu’on a essayé de contourner, parce que ça ne nous correspondait pas. Ca n’était pas trop notre délire. On voulait quand même garder un esprit rock. Le fluo, ça a été un truc assez éphémère je crois. Maintenant, notre logo, je pense qu’il traverse assez bien les années. Il est assez simple, et il correspond toujours bien au groupe. L’EP est complètement en dehors de notre ligne visuelle, il n’est pas du tout dans l’esprit de notre myspace, par exemple… Je sais que pas mal de gens nous l’ont reproché.

Tyler : Mais je ne sais pas s’il y a une grande ligne directrice. Nous, on le sent parce qu’on est dedans, mais elle est assez difficile à expliquer.

Myd : On n’a pas encore trouvé le graphiste qui allait nous suivre tout le temps…

Vous faites très attention à vos fringues…

Tyler : Oui, mais pas parce qu’on est dans un groupe. On fait attention parce qu’à la base, on aime bien les fringues.

Myd : Évidemment, on fait plus attention quand on a un concert… Comme quand tu vas à une fête. C’est normal.

Tyler : Après il y a Vans… Ils nous payent pour qu’on porte des trucs…

C’est votre sponsor ?

Tyler : Ouais. Mais en fait, on sait jamais comment en parler…

Charly : À la base, ils nous ont fait jouer au mondial du snowboard. C’était cool, parce que c’était vachement tôt dans notre parcours — c’était même avant notre premier concert à l’étranger, à Milan.

Myd : Ensuite, on est resté en contact avec eux — et puis on a officialisé tout ça, de façon assez naturelle. Ils annoncent les concerts, ils nous donnent des habits…

Tyler : … et quand on les aime bien, on les mets !

Myd : C’est cool de bosser avec eux. Ils sont gentils. Et puis c’est une marque qui nous correspond.

Tyler : Moi j’en portais avant…

Myd : On en portait tous !

Interview par Nico Calibre

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