Sexual Earthquake In Kobe


Quelles sont les grandes étapes dans le parcours de Sexual Earthquake In Kobe ?

Tyler : Au départ, on a travaillé le live, on s’est fait une conduite pour le live.

Charly : On a commencé à se faire une petite réputation locale.

Myd : Ensuite, il y a eu le premier EP. Homemade. Quand tu le ré-écoutes maintenant… c’est pas très bien.

Tyler : « Peut mieux faire »

Charly : À l’époque, on a bougé, mais on restait dans notre région. Et après il y a eu « Love With » !

Myd : Le titre a bien marché. Et très vite, on a contacté Toxic Avenger. C’est un gros nom de la scène electro saturée. Vous voyez ce que c’est ? La French touch 2.0, Justice et tous les descendants… Toxic Avenger, c’est un mec qui marche vachement bien…

Charly : …au niveau international. Il est français, mais c’est pas francophone.

Myd : C’est l’un des premiers à avoir fait du saturé en electro. On l’a contacté parce qu’on aimait bien ce qu’il faisait. On lui a demandé de faire un remix pour « Love With », il a dit « OK ». Et vraiment, son remix est trop bien ! Bon, c’est tombé pile au bon moment, point de vue style. Aujourd’hui, tu écoutes le remix… il a un peu vieilli. Mais il a très bien marché : il a tourné à mort sur myspace, sur les blogs, partout. Et à chaque fois, les mecs mettaient notre version, le titre orignal, avec le remix. Donc ça nous a fait de la pub. Pour l’anecdote, Toxic Avenger a renommé la chanson « Dance Music » — à cause du gimmick « Dance music is my life » dans les paroles de la chanson. Maintenant, quand tu fais une recherche sur nous, tu tombes sur cette chanson, « Dance Music »… qui n’existe pas !

SEIK19_TD« On s’est fait une conduite pour le live »

Tyler : Ensuite, on a été contacté par un petit label de Paris…

Myd : …qui s’appelle Nukod. Le mec est spécialisé dans le art toys à la base. Et il avait sorti quelques maxi d’electro, de house. On a mis un peu de temps à se lancer. On était pas encore prêt à a faire un EP.

Charly : Ca fait deux ans qu’on est en contact avec eux.

Myd : Et il y a un an, on s’est décidé à signer. Il nous a a emmené à Londres pour enregistrer.

Tyler : Il trouvait qu’on faisait un truc anglo-saxon, et il connaissait un producteur là-bas… Jim Eliot, un type qui a touché à tout.

Myd : Il a fait quelques tubes dans sa vie.

Charly : Notamment pour Kylie Minogue. J’ai chanté dans le même micro que Kylie Minogue !

Myd : Il avait écrit, enregistré et mixé la chanson « 2 Hearts » de Kylie Minogue, qui a été un gros tube. Il a aussi un groupe que personne ne connaît en Europe, mais qui est très connu au Japon. Ca s’appelle Kish Mauve. Jim Eliot est vraiment un putain de producteur. Il était assez directif, donc il nous disait parfois : « il faudrait que vous rajoutiez ça, que vous fassiez ça… »

Tyler : T’es un peu honteux. Le mec a rejouté des rucs que tu ne t’attendais pas à entendre un jour sur tes morceaux. Mais tu te dis : « oh, c’est pas mal quand même, on va le laisser travailler ! »

Myd : Si tu prends le morceau « A’s No For Quebec », qui marche pas mal… Quand on le joue en live, ça n’est pas du tout la même chose. C’est une autre énergie.

Charly : On a fait une tournée européenne juste avant la sortie de l’EP Crinière de Lion. On a fait beaucoup de dates, et depuis ça s’est un peu calmé.

Myd : C’est en train de repartir. On a une nouvelle vague de promo. Il y a un distributeur japonais qui sort notre maxi. Là, on est en train d’enregistrer un nouveau titre à la maison. Il y a « Off Shore The World » qui est sorti.

Charly : On a eu un remix de Tambour Battant.

Myd : C’est la découverte electro Île-de-France du Printemps de Bourges.

SEIK14_TD« T’es un peu honteux »

Quelle peut être l’ambition d’un groupe français en 2009, s’il ne peut quasiment pas espérer vendre beaucoup de disques ?

Tyler : Jouer un maximum.

Charly : Faire des dates partout. Là, on ressent le manque de concerts. C’est physique.

Myd : On a eu un petit souci : on avait une tournée prévue en juin et qui a été décalée au mois d’octobre. Donc on s’est un peu retrouvé sans date au mois de juin. Finalement, on a bossé, on a trouvé d’autres choses à faire. Mais ça va revenir à l’automne.

Tyler : On va faire le Nouveau Casino le 29 juillet.

Racontez nous la genèse de ce nouveau titre, « Off Shore The World ».

Tyler : Vous remarquerez que dans ce morceau on parle de quelqu’un qui s’appelle Eavo.

Charly : E.A.V.O.

Tyler : Eavo est un prénom allemand. On était parti jouer en Allemagne…

Charly : …à Münster, dans un club qui s’appelle Amp. C’est juste un endroit génial.

Myd : Il faut aller sur leur site, rien que pour voir les photos du club. Sur les murs, il y a des énormes collages à base de têtes de chats !

Charly : C’est vraiment chouette. Le mec qui organisait le concert, Eavo, avait un côté vraiment froid, très allemand. Tu ne sais pas si c’est hautain, méchant, ou timide. Il se trouve qu’il est juste timide et réservé. Mais il avait un fond très, très sympa. C’est assez fou, cette contradiction. On a passé une pure soirée, le club était génial, le public était chaud. Le lendemain matin on a eu un petit déj royal.

Tyler : Et le rider…

Charly : Mais il n’a pas respecté le rider, en fait !

Tyler : Ah merde ! La chanson est caduque, alors !

Charly : Parce qu’on s’était dit, on fera une chanson sur chaque organisateur de concert qui respectera notre rider !

Myd : Tu sais, sur les fiches techniques que tu envoies aux salles, il y a une dernière feuille que personne ne lit, et qui dit ce que tu voudrais boire et bouffer. Au départ, on était très gentils, on demandait deux, trois trucs. Et là, vu que personne ne le respecte à la lettre de toute façon, sauf pour des artistes comme Joe Cocker, c’est parti un peu loin. Maintenant, on demande du Mega Cola, du brie, du saucisson sec… Et donc, on s’est dit qu’à chaque fois qu’une personne respecterait le rider (ce qui n’arrive jamais), on ferait une chanson sur lui. C’est ce qui s’est passé une fois : on a fait une chanson qui s’appellait « Bouncing Boys » pour des potes allemands, des Berlinois qui font des soirées trop cool (on a joué une fois chez eux)…

Tyler : Eavo, il a pas vraiment respecté le rider…

Myd : …mais c’était presque pareil.

Tyler : Il était tellement gentil ! Le lendemain matin, il avait des grands yeux magnifiques ! Il était heureux de nous voir sonner chez lui.

Charly : À chaque moment, il était à la fois super froid et super aimable. C’était vraiment sidérant.

SEIK11_TD« Il avait des grands yeux magnifiques »

Que disent les paroles ?

Charly : Le refrain, c’est « Eavo, tu peux parler aux chats, tu sais aussi comment parler aux filles. Sale comme tu es, pervers comme nous aimons être. Tu es Allemand, nous sommes Français, mais ça ne fera jamais de différence. » Un truc comme ça !

C’est un hommage !

Myd : Ah oui, c’est un hommage à Eavo, oui !

Tyler : Et d’ailleurs, quand on a publié la chanson, il nous a envoyé un e-mail : « les gars, c’est quoi ce… ? What the fuck !? »

Myd : Parce qu’en gros, en haut de notre page myspace, il y a une grosse bannière. On y avait mis le nom de la chanson, « Off Shore The World », et on a mis sa photo…

Tyler : …en train de déchirer la page !

(rires)

Tyler : Et il a vu ça en visitant notre myspace, alors que ça faisait presque deux ans qu’on ne l’avait pas vu et qu’on ne s’était pas donné de nouvelles ! Récemment, il nous a renvoyé un e-mail en nous disant que les kids étaient trop contents quand ils entendaient la chanson.

Myd : C’est son hymne maintenant.

Tyler : Ouais, c’est son hymne.

Myd : Donc maintenant vous savez ce que vous devez faire pour le concert à l’International ! Mais il faut trouver du Mega Cola, hein !

Tyler : On va encore changer notre rider. Maintenant que les organisateurs sont au courant, on va mettre des trucs encore plus difficiles à trouver.

Myd : On va faire une chanson d’amour qui s’appellera « Subjective » : « Lorène you can talk to cats… »

(rires)

Tyler : Le truc marrant sur la chanson… Notre ingé son a un Kaoss Pad. C’est une petite boîte pour sampler des mots, des bruits, des petites choses.

Myd : En live, ça donne une question/réponse avec un robot.

Charly : Une voix de robot.

Myd : Les gens ne s’en rendent pas compte, mais JC est à la régie son avec le Kaoss Pad. Le jeu, c’est que Charly balance une phrase et JC la refait au Koass Pad, une mesure après. On peut lui faire des trucs difficiles, genre « E. A. V. V. V-V-V-v-v-v. V. » Il te refait exactement le même truc, « E. A. V. V. V-V-V-v-v-v. V. » Et il se trompe jamais en fait !

Tyler : Il est très fort !

Charly : Je trouve que le Kaoss Pad ajoute quelque chose au niveau de la voix. JC ne met pas tant d’effet que ça, finalement. Il y a très peu d’effet sur ma voix. Il met un peu de delay, il capte des trucs que je dis et il les répète… C’est un peu le mec qui me met en valeur. Peut-être que sans lui, je ne me sentirais pas aussi beau !

(rires)

Tyler : La chanson, on l’a construite un peu autour de ce truc avec le Kaoss Pad.

Charly : Le seul problème avec l’enregistrement studio de cette chanson, c’est qu’on ne s’est pas vraiment éclaté en faisant ce passage là. Donc c’était très carré. En même temps, c’est rigolo aussi de faire un truc carré pour le studio et, en live, passer au jeu.

SEIK22_TD« question/réponse avec un robot »

Vos morceaux ont souvent une origine un peu ludique ? Vous vous amusez en studio ?

Tyler : Ouais.

Charly : Oh, « ludique », je sais pas, c’est pas trop le terme…

Myd : Bah oui, tu vois, ça peut venir de ça, simplement d’une première idée qui peut être, par exemple : « tiens, il faudrait un morceau avec un passage pendant lequel la basse et le clavier se répondent. » Et ça crée « A’s Not For Quebec ».

Charly : C’est un peu un trip vaudou, mais sans les drogues. On se retrouve, on n’est pas défoncés…

Tyler : On n’est pas les White Loose Woman !

Charly : Donc on se pointe, et on est presque trop conscients !

SEIK03_TD« C’est un peu un trip vaudou, mais sans les drogues »

Myd : Tu viens avec tes idées que tu t’es faites au fil du temps. En ce moment, par exemple, j’écoute beaucoup de musique africaine — de la musique africaine du Portugal, genre Buraka Som Sistema. Et on a un titre super club, « Emotion Pictures » (qu’on n’a jamais enregistré). Je me suis dit : « il faut qu’on fasse une fin africaine à ce morceau ». Et j’ai pris les devants, je l’ai fait. Ensuite, c’est toujours pareil : tu viens avec ton idée, tu montres aux autres, ça prend ou pas.

Tyler : Là, malheureusement, ça a pris !

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