(Please) Don’t Blame Mexico


Est ce que vous avez le trac, sur scène ?

Maxime : Moi, j’ai jamais le trac.

Raphaël : Je ne savais pas.

Maxime : Le seul moment où j’ai le trac, c’est pour Mina Tindle. Parce que justement, je me dis : pour Toy Fight ou Please, c’est moi que j’entraîne avant tout. C’est mon projet, c’est moi qui chute. Pour Mina Tindle j’ai le trac parce que, déjà, j’y suis en qualité de clavier, et que je n’ai pas tout le temps hyper confiance en mes compétences de clavier. Ca repose vachement là-dessus et, si je fais de la merde, j’entraîne Pauline. Donc ça me met un peu plus la pression.

Thomas : Moi j’ai le trac tout le temps, pour tout. Mais je trouve ça sain ! Ça me pousse à être plus concentré, à faire bien les choses. Les quelques fois où j’ai moins le trac, je joue moins bien, ça veut dire que je prends le concert moins au sérieux. J’aime bien cette petite appréhension…

Du coup, tu as des trucs pour te rassurer, comme les footballeurs qui embrassent leur crucifix ?

Thomas : Ouais, j’ai des petits rituels à la con, mais…

Maxime : Tu touches ton Mein Kampf !    (rires)

Thomas : Classe, super classe…

Maxime : Et toi, Raph, tu as le trac ?

Raphaël : Moi je ne l’ai pas eu très souvent. C’est parce que je trouve que… je sais pas si c’est péjoratif de dire ça, mais j’ai souvent trouvé qu’il n’y avait pas spécialement d’enjeu. Je fais vraiment ça pour le plaisir, et du coup ça ne m’est pas arrivé trop souvent d’être stressé. Par contre, le 5 octobre [le 5 octobre 2010, concert au Point Ephémère, ndlr], ce sera différent : y a un petit enjeu quand même, et je sais qu’il faut vraiment assurer. Ca va un peu changer la donne. Mais sinon, non, j’ai pas vraiment le trac.

Tout à l’heure, Thomas, tu disais qu’il y avait un moment où le groupe était devenu moins « récréatif », où vous avez pris ça plus au sérieux…

Thomas : En fait, le départ de Laurent a remis les choses en question. Ça a été un déclencheur. On a eu peur que ça s’arrête, et on s’est dit à ce moment-là que le projet en valait la peine, qu’il fallait y mettre plus de sérieux. On ne prenait pas ça forcément à la légère auparavant, mais… on s’est dit : « maintenant, ça suffit, on pourrait peut être y aller un peu plus franco ! »

Raphaël : Et puis il y a eu l’histoire de l’album.

C’était quand, tout ça ?

Raphaël : En janvier.

Maxime : De façon étonnante, le fait qu’en répèt on ne soit plus que trois et qu’on ait plus de choses à faire (on a rajouté des claviers, des samplers…) nous a obligé à être plus concentrés sur les morceaux, et ça a déteint sur l’ambiance de la répét’. On est plus concentrés — donc ça progresse plus vite.

Si on devait retracer l’histoire de (Please) Dont Blame Mexico en quelques lignes ?

Maxime : J’ai commencé à écrire des chansons de mon côté quand, avec mon autre groupe (Toy Fight), on a fait un break en 2004.

C’était un break de deux ans, c’est ça ?

Maxime : C’est ça. J’ai commencé à écrire des chansons sur 4-pistes, sans savoir ce que j’allais en faire. Et un beau jour…

Raphaël : Ou peut-être une nuit… (rires)

Maxime : … je faisais écouter à un pote mes démos, avec leur son horrible. Et il m’a dit : « tu sais, tu devrais demander à Laurent d’Eldia de jouer avec toi, ce serait la personne idéale ». Moi, je le connaissais à peine, seulement de vue… Je l’ai contacté, on a pris un café, je lui ai fait écouter. Et la première chose qu’il a dite, c’était : « On dirait du XTC au piano ». Exactement ce que je voulais faire depuis le début ! XTC, c’est un de mes groupes préférés. Donc je me suis dit : « c’est bon. » Puis courant 2006, on fréquentait un bar-club avec Thomas, et on est devenus amis. Je connaissais Nelson. Je crois qu’un ami t’a fait écouter mes chansons…

Thomas : Je ne me souviens plus…

Maxime : Je crois que tu as bien aimé ce que tu as entendu.

Thomas : Je ne suis pas sûr ! Je pense que j’ai menti ! (rires)

Maxime : En tout cas, comme on m’a dit que ça t’avait plu, je me suis dit : « je vais lui demander s’il veut nous rejoindre ». Et j’ai donc formé le groupe autour de moi en 2006. Au début, il y avait avec nous la bassiste d’un groupe qui s’appelle Brooklyn. Elle est partie deux ans plus tard. Et comme je savais que Raph (qui était notre ingé son et notre pote) faisait un peu de basse, je lui ai demandé s’il voulait lacher sa console et faire de la basse avec nous sur scène. Voilà, ensuite : 2006, premier EP, 2007, deuxième EP, 2009, troisième EP (que je suis allé enregistrer en Caroline du Nord, chez un ami à moi). Et 2010, enregistrement de Concorde, pour une sortie de l’album en 2011.

Thomas : Et c’était quelle année, « Big Eyes Repeating » ?

Maxime : Raaah, l’enfoiré ! (rires) Il se trouve qu’en 2007 — fin 2007 — il y a eu une chanson au piano qui a été choisie pour accompagner la campagne télé, radio et internet contre la dépression.

Quoi !?

(rires)

Le morceau était censé représenter la dépression, ou le fait de s’en sortir ?

Maxime : Plutôt la dépression… (rires) Mais il se trouve qu’à la base, cette chanson parle d’une autre maladie : Alzheimer. C’est la chanson maladive…

(rires)

Désolée.. C’est quand même trop drôle que la gloire arrive par la dépression !

Maxime : La gloire, je ne sais pas, mais un peu de sous… Ca m’a permis de vivre pendant un an et demi.

Mais comment ces gens sont-ils tombés sur ta chanson ?

Maxime : C’est le copain d’une amie, qui était en stage dans une boîte de pub. Une de ses premières missions a été de trouver la musique du spot contre la dépression. Il est rentré chez lui le soir, il en a parlé à sa copine qui lui a dit : j’ai des trucs à te faire écouter… (rires). Il a aimé ce morceau-là, il l’a fait écouter à ses boss, qui ont aimé, qui l’ont à leur tour fait écouter au Ministère de la santé… qui a dit oui…

Thomas : …et qui a demandé de mettre un accord plus ouvert à la fin !

Maxime : Le monde de la pub est un monde très particulier. Ce sont des gens qui ne connaissent rien à rien, qui tentent de justifier leur salaire mirobolant par des exigences absurdes… Je ne parle pas du tout de ce pote qui travaillait là-bas, mais des gens à qui j’ai eu affaire après.

Thomas : Wow !

Donc vous avez refait une autre version de cette chanson ?

Maxime : On a ré-enregistré l’intro pour le spot, exprès… Et c’est un peu un détail de Nerd, mais le son de piano qu’on a utilisé pour ce spot, c’est un son qu’on entend assez rarement dans la pub. C’est un son extrêmement marqué, un peu à la Grizzly Bear. Il y a des craquement d’ambiance partout… Quand je le réécoute, je me demande comment ils ont pu accepter.

Et on peut le voir quelque part, ce spot ?

Thomas : Sur Dailymotion ! Tu tapes « INPES + dépression ».

Rien d’autre à ajouter ? Sur la pub, sur la dépression… ?

Maxime : Sur la dépression, non, ça va…

On va conclure là-dessus alors ! Merci beaucoup !

Maxime : Merci à toi !

Interview par Camille Hardouin


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