(Please) Don’t Blame Mexico


Maxime, tu étais déjà dans Subjective en Mai 2009, avec ton autre groupe, Toy Fight…

Maxime Chamoux : Ah, avec Toy Fight, c’était un de nos meilleurs souvenirs d’interview. Interview très bien préparée… Je te mets bien la pression, là. (rires)

Oh la la…

Maxime : L’album n’était pas encore sorti, c’était une des premières interview un peu conséquentes qu’on avait à faire, donc c’était un bon entraînement. Et puis on avait vraiment aimé, parce que c’était dense, comme interview. On parlait vraiment de choses intéressantes.

Vous avez tous un autre projet musical. Qu’est ce que (Please) Don’t Blame Mexico vous apporte de différent ?

Raphaël Ankierman : Alors, j’officie dans De La Jolie Musiquen, et ce n’est pas du tout la même façon de faire de la musique, de jouer ensemble. C’est très agréable de changer.

Qu’est ce qui est différent ?

Raphaël : C’est un peu moins bourrin…

Maxime : Quoi !?

Raphaël : On peut dire que (Please) Don’t Blame Mexico, c’est de la pop, et on peut dire que De La Jolie Musique c’est de la pop, mais ce n’est pas le même genre de pop. Et surtout, on a une spécificité dans De La Jolie Musique, c’est qu’on est assez nombreux sur scène. Ca donne une certaine ambiance. Peut être au détriment d’autre chose… (rires) En tout cas pour moi, c’est vraiment deux univers différents, et c’est super pour moi d’avoir la possibilité d’aller d’un univers à l’autre.

Tu ne fais que de la musique, ou t’as d’autres activités honteuses ?

Raphaël : Je suis ingénieur du son.

Ah oui ! Tu as été l’ingénieur du son de Toy Fight…

Raphaël : J’ai fait les prises de l’album.

Maxime : Tu as fais du live, aussi.

Raphaël : De Toy Fight ?

Maxime : Oui.

Raphaël : Ah oui !

Maxime : Ca l’a marqué !

Raphaël : Ah oui… Oui, j’ai fait quelques dates.

C’est comme ça que vous vous êtes rencontrés ?

Raphaël : Pas du tout ! C’était par le biais d’un autre groupe, Saibu, dans lequel je jouais à l’époque. J’ai rencontré Maxime, qui faisait également partie du groupe. Et j’ai aussi rencontré Erwan, qui est maintenant le leader de De La Jolie Musique. Puis Maxime et Erwan ont quitté Saibu…

Maxime : Et toi, Thomas ?

Thomas Pirot : Moi je joue dans Nelson et dans Mina Tindle. Ce que ça m’apporte… De toute façon, chaque groupe a ses spécificités, et tu apprends dans chaque groupe des choses différentes. Il y a longtemps eu… non pas un problème, mais une spécificité avec (Please) Don’t Blame Mexico : c’était le groupe « récréatif ». Ca tend à le devenir moins, et je trouve ça cool. Le fonctionnement reste quand même très différent de Nelson, qui est un peu mon groupe principal, et dans lequel il n’y a pas une personne qui arrive avec ses chansons toutes faites. (Please) Don’t Blame Mexico, c’est le projet de Maxime ; on essaye d’y apporter notre touche, et en même temps de faire ce que lui a envie de faire. Bref, c’est très différent.

Et pourquoi tu dis que c’était « récréatif » ?

Thomas : On faisait tous d’autres trucs à côté. À l’époque, il y avait aussi Laurent qui faisait partie du groupe aussi, et qui avait Eldia à côté… Il y a eu une période où (Please) Don’t Blame Mexico était le groupe où on se retrouvait entre potes.

C’était le groupe pour se faire plaisir, et pas le groupe du boulot ?

Thomas : Voilà. Et là, depuis un petit moment, c’est plus sérieux.

Maxime, tu as aussi d’autres groupes, à côté…

Maxime : Oui, mais (Please) Don’t Blame Mexico, c’est le projet où, sauf leur respect, je suis le « chef » ! Dans Toy Fight on est six musiciens, dont trois décideurs. C’est synonyme d’énormément de débats, énormément de discussions. Mais c’est comme ça qu’on fonctionne, il n’y a pas de jugement négatif là-dedans !

Alors c’est reposant, (Please) Don’t Blame Mexico ?

Maxime : Ah bah, ça change complètement ! C’est à dire que dans Toy Fight, il y a forcément une discussion préalable à toute décision. Dans Please, je prends les décisions seul, et c’est vrai que c’est accompagné de beaucoup plus de solitude. Même si Raph et Thomas m’aident énormément, je suis tout seul pour décider. À la fin, c’est moi qui me pose les questions…

Et sinon, je joue aussi avec Mina Tindle. C’est aussi très bien pour moi, et c’est encore complètement différent parce que je suis en position d’arrangeur. C’est-à-dire qu’au lieu d’arriver avec ses chansons toutes prêtes, Pauline nous demande, à Thom, à moi et à Guillaume, de les arranger du mieux que l’on peut.

Mais alors quand tu composes une chanson, comment ça se passe ? Tu te demandes avec quel groupe tu vas la jouer… ?

Raphaël : C’est la chanson qui appelle le choix du groupe, non ?

Maxime : Oui. C’est-à-dire que je compose une chanson et, quand elle est finie, voire en cours d’écriture, je me dis : « est-ce que c’est quelque chose qui correspondrait plutôt à Toy Fight ou à Mexico ? » Mais en fait, plus ça va, plus les différences sont évidentes.

Justement, comment tu définis ta musique ? Par exemple, dans les soirées, il y a toujours le type un peu relou à qui tu expliques que tu fais de la musique, qui te demande : « et c’est quoi, comme genre de musique ? » Je suppose que vous avez une réponse standard…

Maxime : Alors j’avais une définition, que je commence un peu à regretter maintenant ! Au début, quand j’ai fait la page myspace de Please, j’avais écrit « pop véranda ».

Pop véranda ??

Maxime : À l’époque, il y avait la scène parisienne, avec les baby rockers, et tout ça. Ce qui était roi, en France, c’était le rock garage. C’était une espèce de provoc’ à la con : nous, on fait de la pop véranda.

Mais maintenant, tu réponds encore ça ?

Maxime : Non, maintenant je dis qu’on fait de la pop. En général, je dis qu’on fait de la pop.

Thomas : Je pense que les musiciens sont les plus mauvais vendeurs pour leur musique. Ils sont incapables de la décrire… surtout pour donner envie ! « Tu fais quoi ? » « Ah bah, je fais un peu… un peu… »

Maxime : C’est surtout les taxis ! Tu sais, quand tu prends un taxi, en rentrant de concert, avec tes instruments… Le mec te fait : « Vous êtes musicien ? Vous faites quoi comme musique ? » Et là tu fais : « Ben… de la… » Tu sais, le truc horrible : « de la pop rock » ! « Et vous êtes connus ? » « Ben… Non, pas vraiment… » « Et vous gagnez de l’argent ? » « Euh.. »

Thomas : « Et vous aimez bien les Beatles ? »

Maxime : « Ben… Ouais, ouais, ouais, évidemment… »

Raph, tu réponds aussi « pop véranda » ?

Raphaël : Je sais qu’il y avait cette expression, « pop véranda », que je trouvais très appropriée.

Thomas : Je trouve que c’est un peu moins « véranda » qu’avant, tout de même !

Maxime : C’est un peu moins « véranda ».

Et on se dirige dans quelle pièce de la maison, maintenant ?

Thomas : Je sais pas, je pense qu’on passe un peu dans la…

Raphaël : Dans la cave ?

Thomas : Dans la cave, oui…

Maxime : Dans la cave ??

Thomas : Pas dans la cave, plutôt dans le…

Maxime : Dans l’escalier, plutôt.

Thomas : L’escalier qui va vers le souterrain.

L’escalier qui va de la véranda à la cave ?

Thomas : Pas la cave cave, mais là où il y a le… Rah, je sais pas comment dire. Le….

Là où il y a le vin ? Et le cochon ? Dans le cellier ?

Thomas : Là où il y a le congélateur, un peu.

(rires)

Maxime : OK, on va dire ça, alors… (rires) Il y a toujours une époque « escalier ».

Thomas : Mais il faut quand même qu’il y ait une petite fenêtre, pour faire rentrer la lumière.

Est ce que vous pouvez me raconter l’histoire d’une de vos chansons — celle que vous voulez ?

Raphaël : « Behinders » ?

Maxime : Allons y pour « Behinders ».

Thomas : Je vais apprendre l’histoire en même temps.

Raphaël : Tu l’apprends en même temps ? Mais il l’a déjà racontée !

Maxime : « The Behinders »… En fait c’est une histoire que j’ai vue dans un magazine de news. C’était un article sur les gangs salvadoriens. C’est la guerre des gangs permanente, là bas, au Salvador. Le plus violent, le plus respecté et le plus craint de ces gangs s’appelle la Salva Trucha, qu’on surnomme la Mara18. Le photographe qui a fait le reportage avait pris une photo qui m’a vraiment marquée, une photo d’une jeune femme qui avait le « 18 », en lettres gothiques, marqué sur tout le visage.

Tatoué ?

Maxime : Tatoué sur tout le visage, oui.

Une nana du gang, alors ?

Maxime : Oui. On lui avait fait ça parce qu’au dernier moment, elle s’était dégonflée pour accompagner son copain en mission, pour un braquage, ou je sais plus quoi. Il se trouve que son copain avait été coffré… et elle non, bien sûr, puisqu’elle n’y était pas allée. Pour la punir, le gang a tatoué ce « 18 » sur son visage. J’ai trouvé ça hyper triste, hyper violent, mais la photo était tellement belle, en même temps… Elle est belle, en plus, cette fille, avec cet espèce de tatouage hyper obscène… ça m’avait vraiment… Voilà, ça m’a inspiré la chanson « The Behinders ».

Comment on passe de l’histoire à la chanson ?

Maxime : La chanson, c’est elle… vue avec les yeux d’un autre membre du gang.

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