Pilöt


Pour commencer, est-ce que chacun d’entre vous pourrait présenter un autre membre du groupe ?

Antoine : Salut, tu t’appelles Victor. (rires) Victor sur scène, c’est le bassiste-clavier. Il fait un peu de chœurs. C’est le « monsieur machine », le dingue d’électronique. On le surnomme Surcouf ! (rires) Il gère toute la technique, tout le travail d’ingé son. Il compose aussi. Voilà, c’est Victor.

Victor : Antoine, c’est le guitariste sur scène. Il fait pas mal de clavier aussi. Il compose quasiment tous les morceaux. Et puis qu’est-ce qu’il fait d’autre ? Des claquettes, pas trop mal…

Des claquettes sur scène ?

Antoine : Ouais, ouais. Pour l’entracte.

Victor : On s’occupe tous les trois de la prod du disque. Avec Alex, on est les fondateurs du groupe.

Antoine, tu nous présentes Alex ?

Antoine : Alors, Alex : fille du groupe, auteur, chanteuse. Elle est à l’origine de l’univers, du graphisme, de l’imaginaire du groupe. Elle est le côté spontané du groupe. Nous, on est très cérébraux, et elle, elle n’aime pas trop réfléchir… (rires)

Alex : Genre je suis la stupide du groupe. D’accord, je m’en fous, ça me va. Je vous mettrai des coups de boule après.

Donc, Alex, tu chantes et en plus tu t’occupes du graphisme

Alex : À peu près tous les visuels, les voix, les textes. Je donne parfois des idées sur la structure des morceaux en passant, et en repassant aussi… (rires)

Sur la pochette de l’album « Mother », on retrouve une esthétique particulière. Tu pourrais nous en parler ? D’où t’es venue l’idée ?

Alex : Ha… le cochon ! Ça vient de légendes. Le sanglier est un symbole assez fort dans le monde de l’occulte. Ce qui revient souvent aussi, c’est le terme « Child of the beast », l’enfant de la bête, auquel je m’identifie un peu au sein de Pilöt. C’est une vielle histoire de famille.

Une histoire de famille ?

Alex : C’est une boutade que mon papa a lancée un fois, disant que j’étais une enfant de chacal. J’étais un peu boute-en-train, un peu indisciplinée.

Victor : Elle a été élevée au lait de chacal !

Alex : Voilà. Ça m’a donc un peu marquée et j’ai récupéré ça pour la suite.

Donc tu te définis comme ça : « child of the beast ».

Alex : La bête, c’est justement cette espèce d’énorme cochon.

Victor : Ça symbolise la nature, la mer.

Alex : Elle ne ressemble pas à ma mère, ma mère génétique ! Cela n’a rien à voir… Quoi que… (rires)

Et Thomas, alors, qui veut le présenter ?

Alex : Thomas ! Thomas ! Le dissident !

Victor : Le poulpe, également.

Alex : Thomas n’en fait qu’à sa tête. (rires) Cela va faire 2 ans et demi que l’on travaille avec lui. Il a rejoint le groupe un peu avant le Printemps de Bourges. Il correspond bien à nous tous. C’est un sale gosse. On a tous ce point commun qui nous réunit. On a du mal à grandir. On est tous restés des grands gamins. On s’amuse bien ensemble, c’est notre force. On est très solidaires.

Et en répét’ ?

Victor : En répét’, on se marre beaucoup. Un peu trop d’ailleurs…

Alex : On déconne beaucoup en tournée.

Thomas : On s’échange les instruments. On change nos rôles. On perd beaucoup de temps avec ce genre de chose.

Et sur scène, ça vous arrive aussi d’inverser les instruments ?

Victor et Antoine : Ça serait vraiment naze ! (rires)

Alex : Peut-être qu’un jour ça viendra ?

Thomas : Non, c’est mort ! (rires)

Qui pourrait chanter, prendre la place d’Alex ?

Victor : Tout le monde ! Tout le monde veut prendre sa place !

Alex : Je me mets souvent à la batterie. Je pense que si j’avais du choisir un instrument, ça aurait été celui-ci.

Le style Pilöt, c’est quoi ?

Alex : Post-rock-punk-apocalyptique.

Antoine : Ça évolue. Ça dépend des moments, même si en ce moment c’est assez apocalyptique. Sur le premier album c’était beaucoup plus rock électro.

Vous avez évolué musicalement depuis vos débuts ?

Antoine : En fait, on est surtout passés par la scène. On a fait beaucoup de concerts depuis le premier album, et on s’est rendu compte qu’on recherchait des choses plus dynamiques, efficaces, un peu grandiloquentes.

Victor : C’est plus agréable à jouer. Il y a une véritable énergie dans la salle. C’est lourd, tout le monde hurle. Il y a quelque chose qui se passe. Certaines de nos nouvelles compos découlent de ça. On a pensé directement à la scène en les composant.

Antoine : Depuis les concerts, on pense les morceaux dans une logique de spectacle. Alors qu’avant, on était plus ambiance salon. On travaillait en studio.

En ce qui concerne votre jeu scénique : le côté spectacle c’est quelque chose que vous travaillez vraiment ?

Victor : On passe beaucoup de temps à choisir l’ordre des morceaux. Notre positionnement sur la scène. Antoine a une réflexion sur les lumières.

Antoine : Après, pour la partie show, c’est surtout Alex qui assure.

Alex : Je récupère des éléments de graphisme sur la scène, le maquillage : des fois un peu, des fois beaucoup. Il n’y a pas vraiment de règle.

Victor : On a également un ingénieur du son qui nous suit, qui connaît bien les morceaux. On a travaillé le son pour que ça rende gros, énorme, que ça sonne vraiment bien sur scène. Il y a beaucoup de boulot en fait… On se fait chier pour que ça marche !

Pourriez-vous me parler de votre première répétition ?

Antoine : Pas du tout .

Victor : C’était pas dans les caves à Saint-Honoré ?

Antoine : Une cave où il y avait un taux d’humidité de ouf, des champignons partout ! D’une semaine sur l’autre, les cymbales rouillaient. On sentait l’humidité comme si on était à l’équateur.

Victor : Ça faisait 5 mètres carré. C’était tout petit, tout pourri.

Antoine : On avait genre quatre morceaux. Pour le premier concert, on a fait un concert de deux morceaux !

Rassure-moi, des morceaux de 26 minutes chacun ?

Victor : Non, 4 minutes chacun. On les a joués deux fois d’ailleurs, je crois. (rires)

Antoine : C’était la première fois qu’on montait sur scène. On a combattu le stress en un morceau et demi. On a eu un demi morceaux de kiff, et on est partis.

Victor : C’était un peu un plan entre amis, genre le bar du coin. Chacun venait jouer deux morceaux.

Alex : Il y avait une équipe de rugby !

Antoine : Hum, je crois que ça c’était un autre concert. Il y avait un CRS qui partait à la retraite, et on était tombés en plein dans la fête.

Victor : Que des gros moustachus ultra-violents… C’était chelou !

Et votre meilleur souvenir en concert ?

Tous les quatre : Ha, le Bikini !

Antoine : Il y avait un super son.

Victor : On avait 800 personnes devant nous. Un public bien compact et bien chaud. On jouait en deuxième sur un set de trois groupes. C’était dans le sud-ouest. Le buffet était hallucinant. On était accueillis au super bon magret de canard, avec un plateau de fromage gigantesque.

Antoine : Le type avait son potager en face de la salle. C’était un fanatique de la bouffe.

Victor : En fait, son truc c’était la musique et la bouffe… Surtout la bouffe !

Thomas : C’était un super concert. L’acoustique et l’éclairage étaient vraiment très bons.

Vous avez des rituels avant de monter sur scène ?

Antoine : On serre les fesses, un peu.

Victor : On se fait un petit câlin.

Alex : Le RHUM ! (rires)

Victor : On prend un ti-punch chacun.

Alex : On avait un peu de stress au début. Donc je préparais des petites bouteilles pour tout le monde : du rhum avec du citron, du miel. Ma mère m’avait dit que ça faisait du bien !

Et alors, ça marche ?

Victor : Maintenant on kiffe juste boire un coup.

Vous n’arrivez tout de même pas bourrés sur scène ?

Antoine : Non. Ça m’est arrivé une fois, et je pense que je ne le referai plus.

Thomas : Trou de mémoire sur trou de mémoire.

Victor : Tu oublies tout. Tu joues un accord, tu demandes quel sera le prochaine accord. « C’est quoi le prochain accord ?! » Et là vient le moment de changer d’accord, « haaa ! »

Antoine : Donc on fait attention. C’est quelques bières et puis voilà, pas ivre-mort.

Victor : Faut l’être un peu quand même. C’est bien, ça aide à rentrer plus vite dedans.

Thomas : C’est un peu un mythe dans la musique, je crois, de jouer tout le temps saoul. C’est bien d’être relativement sobre pour être concentré.

Victor : Oui, surtout pour Thomas, il y a un vrai enjeu physique au niveau de la batterie. C’est un métier d’athlète la batterie. Personnellement, je ne serai pas capable de faire ce qu’il fait.

Thomas : Pour te dire…

Victor : Pour te dire comment je suis musclé ! (rires)

Thomas : Il y avait des musiciens, à l’époque dans les années 70, qui arrivaient sur scène bourrés. Mais ça reste assez rare aujourd’hui, même si on en a encore croisés quelques-uns. Certains y arrivent malgré tout.

Antoine : Ils ne ressentent pas l’alcool.

Victor : Après, tout le monde n’est pas défoncé. Typiquement, je ne sais pas si la section rythmique serait capable de tenir un concert tout bourré.

Pages : 1 2

</