Peru Peru


J’ai déjà interviewé Benoît et Olivier, pour notre numéro sur Luminocolor. « Tout a commencé par un morceau-blague », m’avaient-ils dit au sujet de Peru Peru.

Julie : Oui, c’était simplement un instru de Damien (de Dylan Municipal) sur lequel on avait ajouté des voix.

C’était la première fois que vous faisiez de la musique ensemble, Amélie et toi ?

Julie : Non, avant le morceau, je crois qu’on avait déjà fait un concert.

Amélie : On avait eu l’opportunité de jouer à la Maison Folie de Wazemmes avec Damien et son collègue de boulot Christophe. Christophe, je le connais bien, parce qu’on avait monté un label associatif ensemble, Monster Truck. Damien appartient à la même bande ; on avait organisé pas mal de concerts ensemble à l’époque… et on avait pris l’habitude de monter des groupes éphémères, pour la durée d’un concert (notamment pour des premières parties à la Malterie). Donc voilà comment est né Peru Peru, qui à l’époque s’appelait The Secret Peruvians.

Julie : Le concept, c’était du hip hop en espagnol.

Ah, c’était un groupe-concept !

Amélie : C’était juste un concept en fait, ce n’était pas vraiment un groupe ! (rires)

Qui chantait espagnol ?

Julie : Personne, finalement.

(rires)

Amélie : On a utilisé des morceaux qu’on avait déjà, les uns et les autres, et on a rajouté des trucs par-dessus, notamment des voix…

Julie : C’était un peu lo-fi, expérimental, mais quand même très mélodique.

Amélie : On avait amené un Minitel sur scène avec lequel on faisait semblant de jouer ; à la fin, les gens nous ont demandé comment on faisait ! (rires)

Qu’est-ce qui vous a donné envie de continuer après cette première expérience rigolote ?

Julie : Il s’est passé un an. Et un jour on s’est dit : « et si on rejouait tous les quatre (avec Christophe et Damien, toujours) ? » On a fait une répét’ dans ma chambre, dans mon ancienne colloc. Et ça, c’est une chose très importante, selon moi : Peru Peru, ce sont des musiques de chambre. [Alix commence à rire.]Enfin…

… on se comprend, quoi !

(rires)

Alix : C’est une époque que je n’ai pas connue dans Peru Peru !

Julie : Toujours est-il que Damien et Christophe avaient trop de projets. Ils n’avaient pas le temps de continuer.

Amélie : Julie et moi, dans nos chambres respectives, on faisait des morceaux : on a eu envie de poursuivre ensemble. On se connaissait depuis longtemps et on avait déjà pas mal de goûts en commun.

Vous en parliez entre vous depuis longtemps, de cette possibilité de faire de la musique ensemble ?

Amélie : Non. C’est venu comme ça…

Julie : Moi je jouais encore avec mon ancien groupe, Radiateur. Donc je n’avais pas spécialement le désir de monter un projet d’envergure en parallèle. C’était vraiment pour être ensemble. Et Peru Peru a gardé cet esprit-là. Cette volonté d’être ensemble. Et puis ce côté « journal intime »…

Journal intime ?

Julie : Oui. Ces morceaux, c’est un peu le journal de nos vies.

Est-ce qu’on peut suivre une évolution dans le journal de vos vies ?

Julie : Non, je pense que les thèmes sont toujours un peu les mêmes. Mais où est-ce que j’en étais ? (rires) Catherine, une copine orthophoniste qui jouait dans Marvin Hood, nous a rejoints. On a décidé de monter un groupe de filles, avec Catherine et aussi Charlotte, une autre copine orthophoniste.[Julie est orthophoniste au civil, ndlr.] On répétait dans ma chambre. Le but était de jouer des instruments qu’on ne savait pas jouer, de bricoler : on mettait une caisse pour faire la batterie. Ca n’a pas trop fonctionné, malheureusement. C’est à ce moment-là que les messieurs sont arrivés…

Le déclic, est venu de Jean Barberis. C’est quelqu’un d’important pour nous, puisqu’on lui a donné le nom de notre disque et le nom d’une chanson. C’était le voeu d’Amélie. C’est un artiste plasticien Français installé à New York depuis une dizaine d’années. Il y a co-fondé la Flux Factory, une résidence/galerie d’artistes. La flux Factory a été invitée dans le cadre du festival Sziget à Budapest pour faire des installations et on a pris un weekend pour aller les voir. Ils nous ont vraiment encouragés. Jean nous a dit que les morceaux étaient bons. Il avait les MP3 de nos répét’…

Vos répét à deux, à quatre… ?

Amélie : Nos répét’ avec Charlotte et Catherine. Quand on est revenu de Hongrie, on s’est dit : « pourquoi ne pas reprendre ces morceaux avec les Lumino ? » Je connaissais Olivier et Ben depuis longtemps via Monster Truck, mais on n’avait encore jamais pensé faire de la musique ensemble. Ils sont venus chez Julie faire une répét, puis on s’est mis à répéter régulièrement chez Olivier.

Julie : À ce moment là, on n’était que quatre, et on se voyait une fois par mois. Et puis c’est vrai que la colloc de Lezennes[maison dans laquelle vit Olivier et qui abrite le légendaire attic d’Attic Addict, ndlr.] est entrée dans nos vies. On y a rencontré Thomas, mon copain, qui a fait écouter les morceaux de Peru Peru à Lena Deluxe. Elle a bien aimé et nous a proposé de faire l’ouverture de sa release party en février 2008. C’était notre premier concert, on n’avait que quatre morceaux en stock !

Merci Lena… Le prochain EP s’appellera Lena Deluxe ?

(rires)

Julie : Il ne faut pas oublier Johann Simon, qui a été très important pour nous. C’est un super ingé son : le meilleur du monde, il faut bien le dire. Johann a voulu jouer avec nous et il est devenu notre batteur. Ca n’a pas tellement duré. Dans le grenier de Lezennes, Thomas (de We Are Enfant Terrible) a rencontré Johann Simon. Il nous l’a volé.

Volé ?

Julie : Johann est devenu l’igné son de We Are Enfant Terrible. Là encore, par manque de temps, il ne pouvait plus jouer avec nous. Mais heureusement Alix Chapurin que je connaissais depuis longtemps était intéressé pour le remplacer.

Alix, tu viens d’un univers musical complètement différent, non ?

Alix : Oui, assez. Avant, j’avais joué dans un groupe de hardcore par exemple, un groupe qui s’appelait The Gay Corporation. C’était vraiment à fond les manettes, quoi.

Olivier : C’est le moins qu’on puisse dire.

Alix : J’ai aussi un autre groupe de chanson française, un peu humoristique, avec tout un univers… Ca s’appelle S.Libard.

Et chez toi, tu écoutes quoi ?

Alix : Tout dépend des moments. Mais dernièrement, beaucoup de musique des années 70. Actuellement c’est plutôt des choses assez douces, du genre Astrud Gilberto. Un petit bill Evans aussi. Et en ce moment je ré-écoute Add N To (X). Ca, je pense qu’on aime tous.

Julie : Astrud Gilberto aussi !

Interview par Nico Calibre


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