Persian Rabbit


Nico, on imagine que le nom du groupe a un rapport avec ton pays d’origine… Dans ton esprit, le lien entre la musique de Persian Rabbit et l’Iran va-t-il au-delà du clin d’oeil ?

Nico : Premièrement mon pays d’origine est la France. Mère française, père Iranien. Il est vrai qu’il m’arrive de m’inspirer de détails de vie que l’on trouve en Iran , j’essaie de les aborder d’une manière imagée. Une grande partie ma famille paternelle vit en Iran, je suis forcement touché par ce que les gens de ma génération vivent, ou par ce que le monde raconte sur ce pays qu’on ne connait qu’à travers les « médias ». D’une certaine manière cette culture fait partie de moi, elle m’accompagne donc dans toutes formes d’expression. On peut retrouver des inspirations dans certains morceaux de Persian Rabbit, mais aussi dans mes autres projets (Waiting For The Prophet, deuxième album du Green Vaughan). « Setareh » , un morceau sur l’EP de Persian Rabbit, qui signifie « étoile » en Perse, s’inspire d’un climat existant en Iran mais qui est tout aussi présent dans d’autres pays.

Est-ce que tu connais l’Iran d’aujourd’hui ?

Je ne dirais pas que je connais l’Iran. Les gens de ma famille comme mes rencontres me renvoient une image très différente de celle qu’on nous montre dans les médias. Saviez qu’il est interdit de danser dans un lieu public en Iran ? Imaginez un concert de métal où tout le monde est assis sur une chaise… Il existe toute une culture Underground au sens propre du terme. L’art y est un moyen d’expression réellement engagé. Quand on vit dans un pays qui nous prive de beaucoup de droits, on apprend le système D. Une T.V bridée = une parabole bidouillé dans le salon. Idem pour internet. Ce pays possède un passé très riche aussi bien en terme de sciences que d’architecture ou de littérature… qui continue d’inspirer le monde contemporain. Je vous conseille de regarder Les Chats Persans, c’est une fiction documentaire tournée autour du monde musical (rock indé, métal, rap, musique traditionnelle…) dans laquelle on découvre une génération détournant les interdits pour vivre ses convictions.

L’univers de Persian Rabbit semble « apaisé » par rapport à ce que tu as pu faire auparavant (ou encore aujourd’hui) avec d’autres groupes… Est-ce que tu aurais pu lancer ce projet quand tu avais 25 ans, ou bien fallait-il une maturité nouvelle ?

La maturité c’est toujours mieux, non ? Lors de la composition de l’EP, nous n’avions pas pour but de faire une musique calme, je pense que  l’harmonium et le mode de composition nous y a conduit.

On se souvient du « gospel » de ton ancien groupe White Loose Woman, on retrouve beaucoup de croix ou de crucifix dans tes photos, et on devine que la dimension mystique est importante chez Persian Rabbit. Quel rapport est-ce que tu entretiens avec la religion ?

Je respecte les principes fondamentaux de toutes les religions, je rejette ce que l’homme en fait. Le message n’est il pas plus important que le messager ? Je trouve que les signes religieux sont très forts en règle générale mais je pense que la palme revient à ce hippie défroqué crucifié. J’avoue que j’aime utiliser certains mots apparentés à la religion dans mes textes, j’y trouve une inspiration onirique.

PERSIAN RABBIT par Aliosha« Nous n’avions pas pour but de faire une musique calme »

Peux-tu nous présenter en quelques mots les autres membres du groupe ?

Dans l’ordre des rencontres au sein de Persian Rabbit…

Bastien : harmoniumiste. Également le batteur de Tang un groupe que j’écoute depuis longtemps. J’ai toujours voulu jouer avec ce mec à la batterie. On a eu l’occasion de composer quelques morceaux lors des premières Forest Sessions. Je l’avais croisé lors d’un concert à la Malterie (Lille), il m’avait dit qu’il aimait pianoter accompagné d’un verre de vin rouge. Je lui ai proposé de venir m’aider à jouer mes parties d’harmonium afin de pouvoir chanter sans contrainte. Il est vite tombé amoureux de cet instrument.

Oliv’ : guitariste. Il joue aussi dans Ed Wood Jr, un duo math rock bien barré, regorgeant de boucles. Il faut le voir en live pour le comprendre. On a également joué ensemble lors des deuxièmes Forest Sessions. C’est une personne qui se questionne énormément autour de son instrument, il y a une véritable recherche de son. Le fait d’utiliser un archet sur une guitare me plaît beaucoup C’est grâce à lui si le projet tient sur 5 pattes. En plus de son approche guitaristique, il apporte au groupe un équilibre.

Mat’ : Contrebassiste. The Hanged Man And The Moon, Two Left Ears… Ecoutez Two Left Ears ! Très bon projet electro ! Ce mec a le don pour trouver le riff qui te reste en tête après la répète. Et j’avoue être tombé sous le charme de cet instrument. Il est également l’un des co-fondateurs d’Attic Addict, projet mettant en scène des groupes indés au travers de la vidéo live.

Alex : Batteur. Alex a joué dans beaucoup de projets, a également accompagné des grands noms du jazz que je suis le seul à ne pas connaitre. Alex, c’est le genre de mec qui est tombé dedans quand il avait 5 ans et qu’il vivait dans les îles. Je pense qu’il nous apporte de la subtilité, ce qui nous permet de ne pas tomber dans le post rock proprement dit.

On sent que le projet artistique te tient extrêmement à cœur. Comment as-tu fait pour « embarquer » quatre autres personnes dans l’aventure ? Comment leur as-tu présenté ce que tu voulais faire ?

D’un côté, je commençais tout juste à jouer avec Bastien, puis Oliv’ nous a proposé de s’essayer à un nouveau projet. Nous nous sommes retrouvés dans le local d’Ed Wood Jr et Tang. Venant tous du milieu rock à tendance screamo/core blablabla….. Nous sommes arrivés à la fin de la répète avec un morceau rock. C’est ce qu’on savait faire et finalement c’était loin d’être terrible… J’avais ramené mon harmonium, j’ai joué un morceau ou deux. La sonorité de cet instrument a tenté tout le monde. On s’est quittés en se disant qu’on ne procéderait plus comme ça, que la prochaine fois on expérimenterait autrement. On s’est donc retrouvés chez Oliv, dans son « Home studio », on a enregistré un riff d’harmo, une batterie avec 1 micro, un clavier basse, une guitare et un chant. 3h après on avait fini le premier morceau de l’EP. Les 4 morceaux ont été composés de manière très instinctives, sans aucune répétition. On a contacté Mat à la fin des 4 songs pour qu’il pose des contrebasses. Il a pondu des couches d’archet sur « Setareh »et des riffs de basse entêtant, lui donnant une place au sein du groupe. On est allés mixer chez le grand, le talentueux mais humble R3myboy, avec qui je travaille, depuis le White Loose Woman sur tous mes projets. On a fait notre premier live à 4 avec une approche rythmique electro. Après réflexion, il nous manquait un batteur pour apporter plus de relief , on a contacté Alex, qui s’est avéré être la personne idéale au projet. Et voilà, Persian Rabbit est né…!

Est-ce que vous composez ensemble ?

Complètement ! J’apporte un riff d’harmo avec une ligne chant comme point de départ, si le groupe apprécie l’idée, le travail peut commencer. Je recherche juste les notes qui me touchent, je ne vais pas plus loin dans la composition en revanche je ne propose rien si je n’ai pas de textes. Il nous arrive parfois de retourner la structure dans tous les sens afin d’arriver à un résultat qui nous plaît à tous.

Quand on t’avait rencontré pour la première fois il y a trois ans, tu semblais hyper-enthousiaste par rapport à ce qu’on pourrait appeler, pour faire simple, la « scène indé lilloise ». Que penses-tu de l’évolution de cette scène ?

La scène Lilloise est très riche et variée.

Vous n’avez qu’a écouter : Ô Superman, Shiko Shiko, Marvin Hood, GYM, Bison Bisou, Drive With A Dead Girl, Pan Aurora, Chateau Brutal, Luminocolor, Two Left Ears, Tang, L’Oeuf, Ed Wood Jr, Green Vaughan, We Are Enfant Terrible, Cheyenne 40, Team Wild

Persian Rabbit à New York : ça va se faire ?

Oh que oui !!! Et même Montréal !

</