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On va te demander de choisir une de tes chansons et de nous raconter son histoire, comment elle a été créée.

Ca sera Xylocaïne. Une partie de l’histoire commence dans le métro, avec la rencontre d’un vieil homme, très classe, qui avait visiblement un problème de vue. Il nous a demandé de l’aide, il sortait de chez l’ophtalmo et n’y voyait rien à cause des gouttes qu’on lui avait mises dans les yeux. On a décidé de l’accompagner chez lui, au sud de Paris, et il nous a raconté des anecdotes le long du voyage. C’était quelqu’un d’étonnant, il avait connu Tati et avait travaillé avec sa femme. C’était un fan inconditionnel de Blanche Neige. Il m’a beaucoup inspiré pour les paroles de Xylocaïne, tout du moins une partie.

« That poor blind boy, without his cane he sees no lane That poor old boy his love white-snow dumped him years ago That poor dumb boy must sell his uncle’s trenchcoat to get home »

L’autre partie me vient du film d’anticipation Soleil Vert [film de 1973 réalisé par Richard Fleischer — ce qui suit est un spoiler, ndlr]. On trouve aussi un coté nostalgique quand un vieux se met à pleurer à la vue d’une tomate alors qu’il mange des pilules de poudre d’homme depuis des lustres. Et ce type est destiné à être lobotomisé, réduit en cendres et mis en gélules pour nourrir les générations futures.

« He told me he’s ready now to get the lobotomy they prepared for him since his twenty Open his head like egg and put simple staples instead of his keepsakes…..people are deaf while they are brushing their tooth ! »

Voilà qui est bien sombre ! Et le titre ?

C’est suite à un évènement qui m’est arrivé dans la même période. On m’a posé des agrafes sur le crâne après une chute, et la xylocaïne, c’est un spray qui endort l’épiderme. Il y a trois anecdotes dans cette chanson.

On est tenté de se demander comment tu fais le raccord !

C’est tout simplement une période de vie où des choses arrivent. J’y vois aussi un thème, la nostalgie. Il faut dire que certains textes sont piqués au batteur de mon ancien groupe. Et quand j’écris, généralement, je n’écris pas plus de trois lignes. Ca finit par ressembler à un collage d’anecdotes.

On vient de parler des paroles, qu’en est-il de la musique ?

C’est toujours la musique qui précède les textes. Au début d’ailleurs, les textes, c’est plutôt du yaourt, parfois inspiré d’autres chansons. Puis finalement je colle mes textes pré-écris.

Quelle est la place des ordinateurs et de l’électronique dans ta musique ?

Quasiment aucune. D’abord parce que je ne le souhaite pas, puis parce que je ne suis pas très bon avec les ordinateurs. Je travaille directement avec des pédales d’effet. Tout est mécanique, avec les pédales. J’aime le coté répétitif et lancinant, et j’ai sûrement été influencé par Can sur ce coup-là ; c’est ce que j’appelle desgrooves mélancoliques.

Quels instruments utilises-tu ?

Peu. La guitare et les pédales qui me permettent de créer des nappes et des boucles, un petit set de batterie et c’est à peu près tout. Je joue aussi de la contrebasse sur un morceau de l’album. Les claviers qu’on peut entendre sont repiqués d’anciens enregistrements…

Tu as une utilisation particulière de ces instruments ?

Pas vraiment. Jouer de la guitare avec un archer n’a rien de novateur. Jimmy Page le fait depuis quarante ans ! Il n’y a rien de neuf. Le guitariste de Sigur Ros y a également recourt. Je ne suis pas musicien de formation, je n’ai pas mon solfège… c’ets pour ça que j’ai un rapport ludique aux instruments. Je n’aime pas l’idée d’être coincé dans un carcan éducatif. Je pense que l’intuition prévaut. Ecoutez les guitares sur l’album Sun Tongsd’Animal Collective, c’est complètement hors-structure !

D’où sortent les images que l’on trouve sur la pochette de ton album ou sur ton myspace ?

C’est du collage. La plupart des images viennent d’un bouquin d’illustration : Le Monde A L’Envers] [La pochette montre un paysage retourné, ou le soleil est à l’endroit et où les nuages semblent constituer une vaste prairie, ndlr]. Actuellement je suis en train de faire un collage qui parodie la pochette de On The Beach de Neil Young.

Comment as-tu été sélectionné sur les compil des Inrocks ?

C’est JD the DJ qui m’a contacté. Ils ont pour coutume de placer un titre expérimental et un peu différent à la fin des compil… Pour l’instant j’ai participé à deux compils, et c’est sans doute amené à se répéter. Ca me permet de mon côté de travailler l’aspect expérimental de ma musique, et ça me donne des dates-butoirs !

 Interview par Camille Hardouin et Nicolas Fait


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