OK


Sur le dos de votre pochette, il y a l’image du 4-pistes.. Vous avez un rapport particulier avec cette machine ?

Guillaume : Le 4-pistes, on a commencé les maquettes avec. Enfin, des maquettes… Je trouve que ce sont vraiment de chouettes enregistrements. C’est un son, et une manière de travailler, et puis c’est une machine qui ne pardonne rien, qui oblige vraiment à faire de la musique. Il y a quelque chose de très organique là-dedans. On a fait tous nos enregistrements avec le 4-pistes. J’ai eu l’idée de le mettre derrière la pochette, j’ai tout simplement repris la notice et remplacé les légendes par des crédits. Dans un délire un peu technique…

On peut parler de votre rencontre avec le label Carton ?

Seb : Le boss du label s’appelle Wladimir Kraft.

[Attention, les informations contenues dans cette réponse sont susceptibles d’être fausses, ndlr.]

Guillaume : Il est détaillant en poissonnerie.

Seb : On l’a rencontré à la journée de la truite à Grand-Couronne.

Jérémie : Moi je viens de Grand-Couronne.

Seb : On l’a rencontré autour d’un verre, on a bien sympathisé. Il voulait changer de vie. On lui a parlé du groupe, et puis il est venu à une répétition, avec des petites boites de sardines pour le goûter. Et il nous a dit : « OK ! Je monte un truc. »

Guillaume : Nous sur le coup, on ne l’avait pas cru.

Seb : Il nous a rappelé deux ou trois mois plus tard : il avait monté un truc. Un petit label.

Guillaume : Carton. Avec une idée simple.

Seb : Mais bon, il se la pète un peu, il a tout le temps des nœuds-pap…

Jérémie : Il se fait appeler Face de truite. En anglais. Trout Face.

Et comment ça lui est venu, cette idée de CDs qui ressemblent à des mini-vinyles ?

Seb : Je crois qu’il voulait quelque chose de simple, dans l’idée des disques à la maison. C’est surtout de l’habillage. On a réfléchi ensemble à quelque chose de visuel qui marche, qui soit facile à faire à la maison, pas trop cher…

Guillaume : Le principe, c’est : des disques en carton, des tampons, et de la bonne musique. Ce sont les trois ingrédients qui sont à la base de la philosophie du label.

Seb : Et un super slogan : « des disques en carton, une musique en béton. »

Je sais que vous avez tous des projets parallèles à OK : vous nous en parlez un peu ?

Jérémie : Moi j’ai un collectif à Rouen qui s’appelle Les Vibrants Défricheurs. C’est un collectif de musiciens, principalement, mais aussi de plasticiens et de danseurs. Il y a pas mal de formations qui en sont issues : Papanosh, Petite Vengeance, Syntax Error… On fait pas mal de créations : il y a beaucoup d’impros, de pluridisciplinarité. C’est une asso et on a un festival tous les ans à Rouen.

Seb : Moi je joue de la batterie dans un autre groupe qui s’appelle Linnake. C’est un trio rock, avec des chansons de Jeanne Added, qui écrit tout et qui chante incroyablement. Et puis avec le guitariste de Linnake, j’ai un troisième groupe qui s’appelle Irène.

Avec Julien Desprez ?

Seb : Avec Julien Desprez à la guitare. On joue avec un saxophoniste qui fait des bruits que je n’ai jamais entendus, un mec qui fait aussi de l’électronique. Jazz-expérimental-rock-électronique-jesaispastropquoi.

Bruitiste ?

Seb : Ouais, bruitiste. Tout un bordel.

Jérémie : (Il ponctue tout ce qu’il dit d’accords de mini-guitare.) Et moi je joue avec Little Bob, aussi.

Parle nous de Little Bob !

Jérémie : Little Bob, c’est un rocker français qui est sur les scènes depuis trente ou trente-cinq ans. Il a un nouveau groupe qui s’appelle Little Bob Blues Bastards, c’ets un nouveau projet qui est plus orienté vers le Blues. Un truc un peu plus accoustique, un peu plus tordu que ce qu’il fait d’habitude.

Vous jouez tous les deux de la batterie, dans les autres groupes ?

Seb : Oui.

Jérémie : Moi je fais de la guitare aussi, avec Petite Vengeance. Et du bâtare. Et plein de trucs.

Et toi, Guillaume, ton projet parallèle ?

Guillaume : Moi je joue dans un groupe qui s’appelle EliotE And The Ritournelles, que j’ai monté avec mes copains Thomas et Minnie. (C’est d’ailleurs Thomas qui a enregistré les trois premiers titres de OK.) C’est un groupe de folk acoustique, où on utilise ce qui nous tombe sous la main, le tout souvent articulé autour de guitares. J’y fais des choeurs. Et j’ai un autre groupe, c’est un peu en stand-by, mais on fait des trucs assez explosifs quand on s’y met. Ça s’appelle Intrasèche Électrique, c’est un power trio. On ne joue que dans des apparts. C’est pour ça aussi qu’on ne joue pas hyper souvent. On fait un set de vingt à trente minutes, intensif. Et puis j’accompagne aussi un chanteur qui s’appelle Gaspard Lanuit, avec qui je joue de la batterie et de la guitare.

Et vous arrivez à concilier tous ces projets ?

Seb : Non. (rires)

Guillaume : On n’est pas du tout un groupe qui répète une fois par semaine, ou avec une fréquence régulière. On fait des sessions autour des concerts. Quand c’est possible, j’essaie de monter des petites tournées, histoire qu’on ait deux, trois concerts de suite, et deux jours de répét’ avant. Histoire de réduire aussi un peu les frais, vu que Jérémie est à Rouen et Seb à Lyon. Ça se met en place, doucement.

Vous pourriez nous raconter l’histoire d’une chansons, de la première petite idée jusqu’à son arrivée sur scène ou sur le CD ?

Guillaume : Laquelle est-ce qu’on choisit ?

Jérémie : Une des dernières.

Seb : La dernière.

Guillaume : La dernière, c’est très bien : elle n’est enregistrée nulle part, vous ne pourrez pas l’entendre ! Elle s’appelle « To Know ». Alors moi je fonctionne quasiment systématiquement comme ça : j’écris les paroles, et ensuite je cherche la musique. J’ai donc écrit ces paroles qui parlent de l’utilisation des mots, du fait qu’on utilise des mots et des concepts pour organiser nos pensées. Ça nous paraît naturel, acquis, ça nous emmène dans des trucs de dingues… Bien sûr on ne s’en rend même plus compte.

Tu te souviens dans quel contexte tu l’as écrite ?

Guillaume : Non… J’ai un petit cahier où je note des trucs. Elle est venue d’un jet, mais… Ah, si, je me souviens ! Il y a un gars que j’aime bien, qui s’appelle Eric Baret. Je ne saurais pas trop vous expliquer ce qu’il fait. Il donne des conférences, c’est une sorte de gourou… mais ce n’en est pas vraiment un.

Tout le monde dit ça de son gourou !

Guillaume : Alors allons-y à fond ! C’est mon gourou ! Dans les conférences, les gens lui posent des questions, auxquelles il répond avec sa vision des choses. Je me souviens qu’il avait dit quelque chose en rapport avec l’utilisation des mots… J’ai dû y penser sans y penser pendant quelque temps et, un jour, j’ai écrit cette chanson. Après, dans un coin, j’avais un riff que j’avais enregistré bien plus tôt, un jour où j’étais en pyjama chez moi à Pantin.

Jérémie : Non en fait il était à l’hôtel, en train de boire du whisky…

[L’une de ces deux informations est susceptible d’être fausse, ndlr.]

Guillaume : Donc j’étais à l’hôtel en train de boire du whisky ! Et là, ce riff, telle l’inspiration venue du ciel… Je ne sais pas exactement comment ça s’est passé. De tout façon, c’est souvent comme ça : j’écris les paroles, ensuite j’écris même les parties de batterie, en gros, et on les voit ensemble, on teste, on voit ce qui marche et ce qui ne marche pas… Sur ce morceau-là, ça a collé assez vite.

Donc tu es batteur, toi aussi ?

Guillaume : Comme je vous le disais au début de l’interview, la batterie, c’est vraiment un instrument qui me passionne. Avec la guitare électrique. Voilà deux instruments que je trouve complètement chanmé ! Donc à force, je commence à avoir une bonne idée de la façon dont ça fonctionne, parce que ça m’intéresse vraiment beaucoup. Généralement, quand je dois jouer au débotté dans un groupe, le premier mec avec qui j’essaie d’avoir une bonne connexion, c’est le batteur. C’est ce qui me parle le plus : construire un truc rythmique assez fort.

Tu imagines les sons dans ta tête, ou tu as quelque chose pour les « tester »… ?

Guillaume : Non, je les imagine dans ma tête. Et puis au bout d’un moment, quand mes idées se précisent, je les écris. Souvent ça me permet de chercher les erreurs dans les polyrythmies que j’ai imaginées. Parce que parfois, il y a des alliages de timbres qui ne fonctionnent pas, et puis le fait d’écrire ces trucs un peu élaborés révèle des correspondances qui pourraient ne pas marcher.

Et vous, Seb et Jéremie, vous vous souvenez de l’arrivée de cette chanson, « To Know » ?

Seb : Je me souviens qu’au début, quand Guillaume arrivait avec les premiers morceaux, Jérémie et moi on se disait « ouh… ça va être compliqué ». Parce que jouer avec un autre batteur, on l’avait jamais fait. Les guitaristes jouent souvent ensemble, les batteurs pratiquement jamais… Du coup, les premiers titres sur lesquels on a travaillé, c’était pas évident. Mais quand Guillaume a amené ce morceau-là, « To Know », on a fait « trois, quatre… », et ça a marché. Tout de suite.

Interview par Camille Hardouin et Nicolas Fait


Voir la page de OK

Pages : 1 2

</