OK


Vous avez une formation un peu inhabituelle : deux batteurs et un guitariste-chanteur. Comment est-ce que ça s’est mis en place ? Guillaume, tu as cherché des batteurs spécialement pour le projet, ou c’est plutôt né de votre rencontre… ?

Guillaume Magne : En fait j’avais des morceaux dans un coin, que j’ai commencé à monter sur un quatre-pistes à cassettes, et très vite ça m’a passionné de m’occuper beaucoup du rythme. Du coup, en live, j’avais envie de faire quelque chose de très rock n’roll, j’aime vraiment jouer de la guitare électrique très fort, et puis j’adore la batterie, c’est mon instrument préféré, avec la guitare électrique. Je connaissais Seb et Jérémie, et je trouvais ça cool de monter ce projet avec eux et d’essayer ce truc à deux batteries.

En tout cas je voulais des rythmiciens : Ni Seb ni Jérémie ne font que jouer de la batterie. Mais je voulais des gens qui soient vraiment très concernés par cette question-là.

Et ça a toujours tourné dans cette formation-là ?

Guillaume : J’ai commencé par faire des concerts tout seul à la guitare, comme c’était assez nouveau pour moi d’être chanteur-lead, je ne me voyais pas arriver direct avec tout le bordel qu’on a sur scène, sans être vraiment bien dans mon rôle de chanteur. Mais une fois qu’on a commencé le groupe, c’était directement sous cette forme là.

Et pour vous, Seb et Jerémie, comment ça se passe de jouer à deux batteries ? Vous faites des combats de pouce pour décider qui sera la batterie lead ce soir ?

Jérémie Piazza : On fait beaucoup de combats.

Seb Brun : Guillaume est arrivé avec des trucs vraiment carrés, en disant : « toi, tu fais ça, et toi, tu fais ça. » Il faut dire qu’on a tous les deux d’autres instruments en plus… Moi j’ai mes petits claviers, Jerem a une espèce d’instrument avec des cordes, il tape dessus…

C’est quoi cet instrument ?

Jérémie : En fait je me suis retrouvé une fois à jouer de la basse en même temps que de la batterie, avec une baguette. Mais je me suis aperçu que vite fait, la basse… (Il fait un bruit de craquement, ndlr.) Donc j’ai essayé de construire un truc pour pouvoir jouer avec des baguettes sur des cordes de basse, sans casser l’instrument au bout de trois-quarts d’heure.

Donc c’est toi qui l’as construit, cet instrument qu’on voit sur scène ?

Jérémie : Avec une basse, et avec l’aide d’un copain luthier, qui m’a fortement conseillé.

Et il a un nom, cet instrument inventé ?

Jérémie : Ca s’appelle un bâtare.

« Bâtare », c’est la contraction de « batterie » et « guitare » ?

Jérémie : De « basse » et « guitare » ! À la base, il devait y avoir un deuxième étage avec des cordes de guitare, mais ça ne s’est pas encore fait.

Et donc là, tu as combien de cordes ?

Jérémie : Deux. (rires) Souvent une, parce que ça casse, très vite. (rires)

Est-ce que le bâtare te permet aussi de combler le manque de basse ?

Jérémie : Oui, par exemple, mais il y a plein d’autres instruments qui font les basses.

Seb : On fait tous les basses.

Jérémie : Il y a les claviers, il y a la guitare avec des pédales spécifiques qui font les basses aussi. C’est juste un timbre. Mais bientôt il y aura de la cornemuse… (rires)

C’est sérieux, ça ? Qui souffle dedans ?

Guillaume : Avec la cornemuse, on va voir… (rires) J’imaginerais bien un morceau où Seb serait à la batterie uniquement, moi à la basse, et Jérem à la cornemuse… un truc comme ça, ça pourrait être cool…

Mais ça t’es venu d’où, cette histoire de cornemuse ?

Jérémie : C’est un vieux rêve. Et ça y est, j’ai décidé d’y aller.

Seb : Et t’as pas le bas de ton Kilt ? (Jérémie porte une chemise rouge écossaise, ndlr.) (rires)

Et tu sais en jouer ?

Jérémie : (rires) Ah non, il faut que j’apprenne ! C’est pour ça, c’est pas pour tout de suite.

Seb : Pour revenir sur la question des batteries, on a deux batteries au son super différent, du coup les places se trouvent aussi plus facilement.

Jérémie : Ca pouvait sembler un peu incongru, comme formation, mais dès les premières répets, on s’est aperçu que ça marchait super bien. Parce que les parties de batterie sont bien pensées.

Comment vous définissez votre genre de musique ? Ce sont des chansons assez folk à la base, avec une énergie rock, et une recherche très particulière sur le rythme… Vous avez votre terme à vous pour définir ce mélange ?

Guillaume : Le truc que j’avais vraiment envie de faire avec ce groupe, c’était de la pop music, c’est-à-dire des chansons. Je voulais que les chansons soient toujours au centre du débat, et qu’on ne perde jamais ce truc-là au profit d’une sonorité… Avoir deux batteurs, c’est mortel, mais c’est hyper important que les chansons soient bonnes. Ensuite, les batteries, c’est pour l’énergie, pour se replacer dans ce contexte rock qui m’est assez cher… et pour pouvoir développer ce côté poly-rythmique qui est aussi la marque du groupe.

Seb : Tu avais trouvé un terme qui était pas mal, c’était « drums pop symétrique ». Symétrique parce que Guillaume est au chant, et nous on est de chaque côté.

Guillaume : On a une config très symétrique, ouais. Avec de gauche à droite : un ampli / une batterie / un ampli basse au centre entre les deux grosses caisses /une batterie / un ampli. Ce qui fait un ensemble tout à fait symétrique et réparti dans la stéreo.

Comment s’est passé l’enregistrement ?

Guillaume : L’EP qu’on sort ce soir a cinq titres issus de deux sessions différentes. (L’interview a été faite juste avant la release party de l’EP#1 de OK, ndlr.) Une session initiale, juste après les deux premiers jours de répèt pour voir comment ça sonnait. C’était assez brut, certains arrangements n’étaient pas encore définitifs, donc j’ai retravaillé un peu la prod. On n’a pas encore fait de distinction studio/live. Pour l’instant, c’est la même formule. Pour le prochain EP, on verra…

Et justement, sur cette pochette, on voit une vache, qui est votre symbole.

Guillaume Alors la vache, ça va avec le nom du groupe : OK. Moi je trouvais que la vache, c’était un animal qui disait super bien : « OK ». J’ai demandé à Guérine Regnaut de dessiner cette vache. Elle a fait celle-là, nickel au premier jet.

Mais pourquoi tu trouves que la vache dit bien « OK » ?

Guillaume : Je ne sais pas, c’est un sentiment inexplicable…

On aimerait bien que tu nous expliques quand même !

Seb : Tu devrais leur raconter l’épisode.

Guillaume : Il y a eu un épisode cet été, mais qui contredisait ma théorie ! Je me suis retrouvé à bivouaquer dans un champ en montagne avec un troupeau de vaches qui est venu défoncer mon bivouac… Et là j’ai rigolé tout seul comme un con, en me disant : tout compte fait, c’est vraiment pas OK, comme bestiole…

Et toi, tu es OK ?

Guillaume : Non, je ne suis pas très OK comme gars, j’ai toujours des trucs à dire sur ceci, cela.. Et j’admire pas mal les gens qui arrivent à faire avec ce qui se passe, sans trouver à redire. A toujours faire en sorte que ça se passe bien… Ce n’est pas une question de passivité, mais plutôt d’acceptation de ce qui se passe, pour en faire quelque chose de cool. Donc je trouvais ça bien, un groupe qui s’appelle comme ça. Et puis c’est hyper neutre.

D’ailleurs c’est dur à googliser !

Guillaume : C’est hyper dur ! Si un jour on tape OK et qu’on tombe sur le groupe, ce sera vraiment dans longtemps…

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