Minor Sailor


Pourrais-tu choisir un morceau de Minor Sailor et le décortiquer, de sa conception à sa réalisation ?

Jeremy : On va prendre « It Happened That Day ». La toute première ébauche de cette chanson a été enregistrée avec le micro intégré à l’ordinateur. Le morceau est venu assez naturellement d’une improvisation à la guitare et au chant. J’avais déjà la mélodie du chant. Du coup, j’ai enregistré la mélodie comme je le fais quasiment tous les jours. Mes autres idées restent dans la mémoire de l’ordinateur, mais elles ne sont pas forcement mises de côté.

Tu utilises toujours ton ordi pour enregistrer ?

Jeremy : Oui, je l’utilise comme un enregistreur multipistes. Au début, j’utilisais un dictaphone à cassettes histoire de noter les idées que j’avais. L’ordinateur permet d’avoir quelque chose de plus abouti, parce que tu peux rajouter d’autres instruments, ajouter des pistes… Tu peux rapidement reprendre une ébauche. C’est un peu comme un carnet de recherche, tu explores des arrangements, des sonorités… Et d’ailleurs j’en arrive à enregistrer une idée par jour, ça devient presque une sorte d’agenda.

MINORSAILOR05_LD« C’est un peu comme un carnet de recherche, tu explores des arrangements, des sonorités »

Quel est le rendu du morceau sur scène ?

Jeremy : Ces derniers temps, je n’utilisais sur scène que des pédales de boucles. Le morceau se construisait en fonction de ça, sur une progression à partir de guitares, voix, melodica, glockenspiel… Du coup, le son est un peu plus brut.

Le style de Minor Sailor pourrait permettre le live au laptop, non ?

Jeremy : C’est vrai, ça pourrait être bien même. Dans une approche encore plus expérimentale, plus planante, je pense à Fennesz par exemple… Mais ce n’est pas dans notre optique en ce moment : on cherche une approche plus directe, et sans laptop pour l’instant. Mais rien n’est définitif. À la longue, l’idée serait de faire intervenir d’autres personnes sur scène, d’avoir une vrai effervescence, une vrai dynamique…

Les sorties ?

Jeremy : Pour le moment, nous avons une démo en vente sur Internet et chez quelques disquaires, principalement dans des endroits où nous avons joué cet été comme la Médiathèque Associative à Toulouse.

Avec la signature sur un label, nous allons sortir un EP de 8 titres. On a pu choisir le format vinyle, qui sera édité à 500 exemplaires et distribué en Angleterre. Nous connaîtrons bientôt la date de sortie. En attendant, les morceaux restent en écoute sur le myspace et de nouvelles chansons seront progressivement mises en ligne.

Comment ça s’est fait avec le label ?

Jeremy : Le label nous a contacté via Myspace puis une discussion par mail c’est engagée à propos de la sortie de l’EP en vinyle.

C’est un tout nouveau label de Manchester qui s’appelle Soy Super Bien. Le mastering de l’EP se fera en Angleterre, ce qui permettra d’avoir quelque chose de plus propre.

Vous étiez dans une démarche active de recherche de label ?

Jeremy : Pas vraiment, on n’y croyait pas au départ. Cette proposition est venue assez rapidement et on a plus cru à une mauvaise blague. Parce qu’on vivait notre projet comme notre quotidien, on ne pensait pas du tout que Minor Sailor pourrait intéresser quelqu’un. On restait dans une petite bulle sans jamais penser avoir une opportunité, une proposition. C’est donc un réel plaisir de travailler avec quelqu’un qui apprécie notre univers.

MINORSAILOR19_LD « On n’y croyait pas au départ »

Comment en êtes-vous venus à faire des musiques de films ?

Jeremy : Comme pour le label, c’est d’abord parti d’une proposition. Le réalisateur avait écouté un morceau et il trouvait qu’il collait avec ses images. C’est avec plaisir qu’on a accepté cette collaboration. Puis un projet s’est monté avec une amie qui fait de la photographie, et qui a voulu se lancer sur un court métrage. L’idée était vraiment de s’inscrire dans la même démarche que Minor Sailor. Par la suite nous avons pu projeter le film lors du concert de Toulouse, c’était vraiment sympa. Et depuis peu, je travaille avec un réalisateur anglais dont nous aimons vraiment l’univers.

Finalement les musiques de films sont arrivées par de heureux hasards, et c’est tellement enrichissant de pouvoir penser mes morceaux en fonction d’images que l’on me propose. Cela dit, ces collaborations nous ont renforcé dans l’idée que nous voudrions commencer à explorer un peu plus le monde des images animées, en essayant de faire nous-mêmes un court-métrage.

Interview par Vivien Pertusot

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