Michael Wookey


Tu as sorti trois albums, c’est ça ?

Michael Wookey : Le troisième va sortir, mais quand on dit « sortir », on a l’impression qu’il y a un public qui attend la sortie, donc on va plutôt dire que je les ai rendus disponibles !

As-tu fait des sorties physiques ou uniquement par Internet ?

Michael : Les deux. Les morceaux sont disponibles sur les plates-formes de téléchargement, et aussi pendant les concerts. Pour le dernier album, je préfère que les gens achètent la version physique, parce qu’il y a un booklet de 16 pages. Ce sont des photos de mon enfance et d’autres trucs comme ça. C’est un pote qui s’en occupé et je trouve qu’il a fait un super boulot.

Quand tu as sorti le premier album, as-tu cherché un label ?

Michael : Non, je le donnais ou vendais à mes amis, je le vendais aussi lors de concerts. C’est tout. Je n’ai aucune illusion, ce n’est absolument pas un album commercial.

Qu’en est-il des deux autres ?

Michael : Pour le deuxième album, j’ai un label qui m’a aidé dans la distribution, ce qui m’a permis de passer un peu à la radio. J’ai aussi un label en Angleterre qui s’occupe de la distribution en téléchargement. Pour le prochain album, je cherche un label. Je pense que des trois, c’est le plus poppy. Je pense que je peux trouver un label, et même que l’album pourrait marcher.

Penses-tu qu’il y ait matière pour un single ?

Michael : Oui, je pense. Il y a une chanson qui s’appelle « Songs About Snow ». Je ne l’ai pas finie à temps pour l’album, et je ne suis pas sûr que cela aurait fonctionné dessus, de toute manière. Après avoir fini ma version, il y a un mec en Angleterre qui m’a demandé l’autorisation de faire un remix de ma chanson. Il a fait tout le morceau avec sa Gameboy et je chante par-dessus. Je pense que ça pourrait être un single, parce que c’est vraiment énergique. Ca fait du bien de temps en temps de faire des collaborations avec d’autres groupes. Souvent, je suis seul et je commence à prendre conscience que tout ce que je trouve vraiment bien parmi ce que j’ai fait, je l’ai fait avec d’autres.

J’ai plusieurs amis qui sont sur de petits labels ; ils me disent si leur label est approprié pour ma musique, et si oui j’envoie mes morceaux. Récemment, Roy Music est entré en contact avec moi, mais ça n’a malheureusement pas fonctionné. Peut-être que je dis ça parce que je n’ai pas de label, mais à notre époque, ce n’est plus aussi important d’avoir un label, parce qu’on peut faire tant de choses de manière indépendante… La seule raison d’avoir un label est d’être entendu par plus de monde. Dans l’ensemble, je ne suis pas à fond dans la recherche. Je viens tout juste de finir l’album. D’ailleurs, j’enregistrais encore il y a peu.

Qu’en est-il de tes tournées ? Tu t’en occupes seul ?

Michael : Non, j’ai le soutien d’un label qui s’appelle MonsterK7. Ils m’ont trouvé des concerts vraiment sympas, ce sont d’ailleurs eux qui ont trouvé mon premier concert à Paris. Et ils m’ont trouvé des dates un peu partout en France. Parfois, on me propose d’ouvrir pour un plus gros groupe, mais en général, j’envoie des masses d’e-mails. J’ai eu un manager pendant quelques mois, mais je l’ai virée, parce qu’elle m’a volé tout mon argent.

Fais-tu partie d’un collectif ou d’une association ?

Michael : MonsterK7 fonctionne un peu comme un collectif. Ils font des cassettes de compilation qu’ils distribuent. En plus, on se connait tous, on joue des concerts ensemble.

Est-ce un avantage d’être Britannique à Paris ?

Michael : Oui. C’est plus facile de trouver des concerts, parce que tu as ce côté exotique, en quelque sorte. J’ai encore du mal avec la langue, j’apprends petit à petit. Mais en termes de musique, c’est vraiment avantageux. J’ai vécu grâce à ma musique la première année à Paris. Je ne mangeais que des pâtes, mais bon. En Angleterre, on est rarement payé pour les concerts et la concurrence est féroce. Il y en a aussi en France, mais comme je suis Britannique, ça crée une différence.

Si ce n’est pas trop indiscret, pourquoi es-tu venu sur Paris ?

Michael : Je suis venu faire un concert pour MonsterK7 et j’ai rencontré ma copine au concert. On est tombé amoureux presque instantanément et j’ai déménagé quelques mois plus tard.

Et donc tu n’as pas envie de repartir ?

Michael : Non, je veux rester en France.

On va maintenant passer au portrait chinois. Si Michael Wookey étais une note de musique ?

Michael : Ce serait le Fa dièse (ou Sol bémol). C’est la tonalité la plus difficile, la plus malaisée…

Si Michael Wookey était un son ?

Michael : Euh… est-ce que je dois donner une explication ?

Ce serait mieux !

Michael : Je ne sais pas… La première chose qui me vient à l’esprit, c’est un sous-marin. Mais je ne sais pas vraiment pourquoi ! C’est un joli son, c’est…. sous-marin. Et c’est l’objet de mes cauchemars !

Si Michael Wookey était une forme ?

Michael : Ce serait un cercle. C’est la forme la moins tranchante, la plus douce… Ca peut rouler. C’est sans doute la forme qui présente le moins de restriction. Ou peut-être le plus de restriction, je ne sais pas !

Si Michael Wookey était une couleur ?

Michael : Le bleu. Comme la mer.

Parce que tu as vécu près de la mer ?

Michael : Oui. Et puis je suis toujours blue. Je suis toujours triste.

Si Michael Wookey était une émotion ?

Michael : Je serais l’anxiété. Malheureusement.

Michael Wookey, en tant que musicien, ce serait l’anxiété ?

Michael : En tant que musicien, c’est peut-être différent… Mais de façon générale, je passe la plupart de mon temps à remettre ce que je dois faire à plus tard. Et en tant que musicien, je dirais l’anxiété, oui. Peut-être à cause de ce souci permanent, « est-ce que c’était bien ? »…

Si Michael Wookey était un jouet ?

Michael : Je serais un « Speak & Spell » ! (« La dictée magique ») ? J’en ai une. Tu sais, dans E.T. ?J’ai un « Speak & Maths », aussi… Quand j’étais plus jeune j’ai commencé à acheter des jouets… Et puis il y a trois ou quatre ans, j’ai commencé à les ouvrir, et à bricoler des parties à l’intérieur, à les modifier jusqu’à ce qu’ils produisent des sons nouveaux et un peu dingues…

C’était quel genre de jouet ?

Michael : Avec le « Speak & Spell », par exemple, ça marchait vraiment bien. Parce que tu prononces une lettre, et tu peux faire en sorte qu’il la répète de façon prolongée — tu sais, comme un ordinateur qui merde… Tu peux faire ça, changer la hauteur du son… Et puis j’ai touché à plein de claviers Casio. Pour créer de nouveaux rythmes, et des sons un peu violents.

Et tu les utilses sur scène ?

Michael : Oui, je les utilise sur scène. Par exemple, « Songs About Snow » a été faite avec un Casio ST1. Je l’ai un peu trafiqué à l’intérieur. Par exemple, quand on allume la SK1, il y a une petite mélodie, en trifouillant à l’intérieur tu peux obtenir un truc complètement naze ou un son bizarre que tu peux réutiliser comme boucle.

Si Michael Wookey était un livre ?

Michael : J’ai un bouquin sur moi … je ne suis pas chrétien, ni religieux, mais le sujet m’a toujours passionné. Il y a de super textes dans la Bible. C’est un extrait de la bible. « Ne crois jamais ce que tu ressens si ça contredit la parole de Dieu, demande toi : « est-ce que ce que je ressens peut être vrai, si la parole de Dieu est vraie ? » Et si les deux ne peuvent l’être, crois Dieu, et fais de ton cœur le menteur. » Et j’adore la fin, « make your own heart a liar« . Tu vois, ce texte a des milliers d’années et aujourd’hui, on pense le contraire, que c’est le coeur qui dit la vérité. Cette idée d’aller contre son coeur… J’aime vraiment beaucoup !

Si Michael Wookey était un film ?

Michael : The Straight Story. David Lynch. L’histoire d’un type qui traverse l’Iowa pour rendre visite à son frère. Ca a le potentiel d’un film bizarre, mais la majeure partie du film est plutôt « normale »… Peut-être ennuyeuse. J’aime ce qui est ennuyeux. Vraiment ! Je ne suis pas un intello ! Je regarde souvent des émissions nulles à la télé.

Si Michael Wookey était son contraire ?

Michael : Je serais le chanteur qui joue de la guitare acoustique à l’église, souriant, diffusant la parole de Jésus, sans aucune trace d’ironie.

Si Michael Wookey était un paysage ?

Michael : Je suis assez cyclotimique, d’humeur changeante… Des hauts des bas… donc la mer !

Si Michael Wookey était un animal ?

Michael : Si je pouvais, je serais un tigre… mais je n’en suis pas là ! Un requin. Mais pas dans le sens habituel de leader. Mais j’aime être seul. Parfois je suis méchant, désagréable.

Un requin solitaire ?

Michael : Oui, c’est exactement ça !

Si Michael Wookey était une peur ?

Michael : Celle d’être laissé seul par ceux que j’aime. Même si c’est contradictoire avec l’idée du requin solitaire ! J’aime les gens, mais j’aime être seul.

Si Michael Wookey était une obsession ?

Michael : Musicalement, j’aime obtenir des sons sales… Comme si je les avais trouvés dans un feu ! J’aime prendre les sons et les rendre sales, déchiquetés. Il y a un titre pour lequel j’ai enregistré un solo de basse, puis je l’ai amplifié et distordu plusieurs fois. Au final ça ne s’apparentait quasiment plus à la sonorité d’origine.

Si Michael Wookey était un instrument que tu n’utilises pas ?

Michael : La cornemuse. Voilà un instrument que je n’ai jamais utilisé, mais j’aimerais beaucoup le faire. Mais la cornemuse est un vrai mystère ! Pour moi ça reste un sac avec des petites flûtes et je n’ai pas la moindre idée de comment ça peut marcher !

Si Michael Wookey était une anecdote ?

Michael : Mes amis qui me connaissent bien utilisent l’expression « Wookey story » pour parler d’une histoire qui n’a pas vraiment de chute. Elles ne sont jamais très longues… Par exemple, au milieu d’une conversation, il peut m’arriver de faire « hey, l’autre jour je suis allé faire des courses, et j’ai acheté un énorme steak de boeuf. C’était vraiment super, super bon. Normalement je n’achète pas de steak parce que c’est vraiment cher, mais j’ai juste décidé de me faire plaisir. » Et, voilà, l’histoire est finie ! (rires) Et vraiment, je ne sais pas pourquoi je fais ça sans arrêt, je ne peux pas m’en empêcher. Il faut vraiment que j’arrête de faire ça !

Une « Wookey story » !

Michael : Oui ! Sans intérêt, sans chute, sans milieu, rien !

Interview par Vivien Pertusot


Voir la page de Michael Wookey

Pages : 1 2 3

</