Michael Wookey


Quelle est la première chanson que tu as écrite ?

Michael Wookey : Je pourrais te mentir, mais en fait c’est une chanson atroce qui s’appelle « She’s Left Home ». Je l’ai composée à la guitare. J’en ai sûrement composé d’autres avant, mais c’est la première dont je me souvienne. « She’s Left Home »… Il y a une chanson des Beatles du même nom. Il n’y a aucun lien, mais c’est pour te donner une idée du manque d’originalité ! Je l’ai écrite à propos de quelqu’un d’autre, ce que j’ai depuis appris à ne pas faire.

Ta première répétition ?

Michael : J’ai eu pas mal de groupes, mais la première répétition en groupe remonte à l’époque où j’étais en duo avec mon jeune ami Peter. En gros, ce qu’on faisait, c’est qu’on imitait la musique qu’on aimait en jouant notre propre musique.

Ton premier studio ?

Michael : C’était dans mon hangar, au bout de mon jardin. J’avais un vieux piano, quelques orgues, des micros pas terribles, un vieil enregistreur-cassette. C’était et ça reste toujours un endroit où je teste mes idées.

Et tu es passé à un vrai studio plus tard ?

Michael : Non, je suis passé à ma chambre ! Je n’ai jamais vraiment enregistré dans un studio. Tout est fait en home studio. J’ai besoin de beaucoup de temps pour écrire et je ne peux pas être limité par cette contrainte.

À l’université, tu as appris à composer de la musique de films, est-ce que tu as réitéré l’expérience par la suite ?

Michael : Oui. C’est très utile pour bien appréhender l’orchestration. C’est une autre manière de voir et d’interpréter la musique. Ca a été très utile. Ca m’a ouvert de nouvelles portes.

Tu te souviens de ton premier concert ?

Michael : Je devais avoir 15 ans et je jouais dans un groupe à l’école. On a joué un concert devant près de 2000 personnes. J’avais écrit les morceaux, mais ce n’était pas vraiment ma musique. En plus, on jouait habillés avec nos uniformes devant un parterre d’élèves et de parents. Le vrai premier concert en tant que Michael Wookey est arrivé plusieurs années après. Je devais assurer la première partie d’un mec de Londres. C’était bien, parce qu’on a joué mes chansons d’une manière assezrock.

Et comment gères-tu la scène ? Comment arranges-tu tes morceaux ?

Michael : Je les ré-arrange. Sur scène, je ne veux pas que ça ressemble à ce que je fais sur CD. Je n’aime pas le play back. Pour le public c’est ennuyeux, et pour moi aussi. Il y a des chansons que je joue parfois au piano et d’autres fois à la guitare. Il y a des choses qui ont un sens sur scène et beaucoup moins sur disque, donc j’essaie de bénéficier de ça, notamment parce que la scène apporte un aspect beaucoup plus émotionnel et visuel. J’arrive à mieux m’en sortir quand c’est assez basique — juste un petit piano et ma voix, par exemple. En plus, j’ai des instruments (comme un Optigan) que je ne peux pas transporter sur scène.

Est-ce que tu pourrais choisir un de tes morceaux et nous en raconter la genèse ?

Michael : Je vais prendre « Seal the Volcano ». Je me suis trompé quand j’ai écrit le nom des chansons pour l’album et donc en fait elle s’appelle maintenant « When You Are Gone ». C’est sur le deuxième album et ça m’a pris 5 ans à écrire. J’ai commencé à l’écrire dans mon hangar et je l’ai laissée de côté pendant un moment avant de me remettre dessus. J’ai emprunté une guitare à Peter et ça a déclenché le mouvement. À chaque fois que j’emprunte un instrument ou que j’en achète un, ça casse les habitudes. Les mains sont des créatures d’habitudes ; je crois que c’est Tom Waits qui a dit ça le premier. Avec cette guitare, j’ai instinctivement composé le refrain un an après avoir fait le premier couplet. Pour moi, le premier couplet existait déjà comme une entité à part. Je me disais que je pourrais même l’utiliser comme un interlude dans l’album. Et puis est venu le refrain que j’ai accolé au premier couplet. Ca a bien fonctionné… Ca aurait probablement été logique de réenregistrer le premier couplet dans le style du refrain, mais je ne l’ai pas fait, donc j’ai fait du couper/coller. J’ai continué sur cette dynamique pendant plusieurs années. Le solo devait être un solo de batterie. En fait, j’ai loué une chambre froide et on est allé là-bas avec des amis — on a tapé sur les murs, et c’est devenu le solo. J’ai également demandé à un pote de faire un solo de basse, mais je ne voulais que ça sonne comme de la basse. Donc je l’ai ré-enregistré en utilisant plein de vieilles cassettes pour que ça ne ressemble plus à une basse, en accélérant le tempo. Il y a aussi une section qui a été enregistrée sur une plage avec un dictaphone. Donc toute la chanson est découpée en sections.

De quoi parle la chanson ?

Michael : C’est l’histoire d’un de mes amis qui est mort. J’ai l’impression de le voir dans un bus, mais en fait, il n’est pas là. C’est assez bizarre, mais je ne réfléchis jamais vraiment au sens de mes chansons. Ce morceau parle en partie de cet ami, mais il y a d’autres éléments qui n’ont rien à voir. Si je cherche à écrire une composition sur un sujet particulier, ça me bloque.

Quand tu écris un morceau, tu commences par les paroles ou par la musique ?

Michael : Ca dépend, mais ces derniers temps, je commence plutôt par les paroles en écrivant juste une ligne avant que ça ne se déverse comme un flot. Les meilleures, je pense sont celles où j’écris les deux en même temps.

Et comment arrives-tu à retranscrire cette chanson sur scène ?

Michael : Je ne prends qu’un instrument, genre un banjo. Au bout du compte, le morceau est complètement épuré, on se focalise sur les paroles et cette ambiance fait davantage ressortir les émotions.

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